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EAN : 9782226046031
Albin Michel (20/10/1924)
3.68/5   41 notes
Résumé :
Bilitis, « jeune Grecque de Turquie vivant au VIe siècle avant notre ère » n'a existé que dans l'imagination de son créateur Pierre Louÿs, avant de devenir un des personnages les plus célèbres de la littérature de la Belle Époque.

Préface de l'auteur:
« Dans une société où les maris sont la nuit si occupés par le vin et les danseuses, les femmes devaient fatalement se rapprocher et trouver entre elles la consolation de leur solitude. De là vin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Les Chansons de Bilitis sont-elles plus passionnantes pour leurs conditions de création que pour leur contenu ? Se poser la question est déjà de mauvais augure. En fait, nous avons donc la réponse. Pierre Louys veut taquiner les frigides intellectuels ; il publie une fausse traduction d'un faux recueil de poèmes qui auraient été écrits par une poétesse grecque antique ; il révèle ensuite que c'était une blague, qu'est-ce qu'on a ri.


Mais la supercherie a duré le juste temps qu'il fallait pour que les critiques en fassent leur pâture pendant dix jours. Entre toutes les critiques peu inspirées, je retiens surtout celle d'Henri de Régnier qui, profondément transmuté par le texte, décida de s'exprimer à son tour à travers la voix d'une femme : « La lecture de Bilitis m'a jeté dans des transports érotiques que je vais satisfaire aux dépens de l'honneur de mon mari ordinaire ». Nous, femmes, pouvons ainsi ricaner de lire ce que les hommes s'imaginent de la sexualité des femmes. Bande de cons, en gros, il faudra toujours décidemment leur faire un dessin. Résumons donc l'itinéraire tracé par ces poèmes : Bilitis, d'abord induite par coutume dans les voies ordinaires de l'hétérosexualité, vira ensuite lesbienne jusqu'à un genre de panthéisme sexuel qui laissa de belles épitaphes sur son tombeau, c'est toujours ça.


Le cul, ça sert aussi. Pierre Louys n'aimerait pas passer seulement pour pervers et il veille surtout à faire croire à ses lecteurs que Bilitis était bien réelle. Ainsi ses poèmes se rapprochent-ils du mieux que possible des us et coutumes de la Grèce antique, ce qui permettra aux plus chauds de faire la pompette du cerveau et la branlette de la tige –mais point d'éjaculat sauf à être particulièrement affamé. Pour tout dire, c'est peut-être l'Appendice du livre qui contient une des parties les plus intéressantes : il s'agit des « 14 Images » qui furent écrites en 1913, au cours d'une période de profonde mésentente entre Pierre et sa femme. Malheur des uns, presque joie des autres. Crève la dalle, rêvant à de belles mantes religieuses aux pattes puissantes, aux bouches avides, et aux sexes douillets, il écrit des trucs pas trop médiocres. Enfin, la partie des Notes et variantes contient elle aussi de jolis morceaux d'anti-bravoure (étant donné que Pierre Louys les écrivit sans oser les publier). Indiquons, à titre d'exemple, cette variante du « Vieillard et les nymphes » : « Leurs vulves avaient triples lèvres et n'étaient velues que par-dedans, mais à longs poils pressés et doux. Et leurs clitoris jaillissaient d'une couronne de cils écrasés ». Finalement, Pierre Louys n'eut pas assez de couilles pour publier le texte en l'état et il nous réserva un adoucissement plutôt insignifiant, que je n'ai d'ailleurs même pas pris la peine de recopier.
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Je me souviens avoir lu ce récit sur ma tablette Ipad en voyage. Premier livre que je lisais de cette façon. le récit s'y prêtait assez bien, car composé de petites scénettes ou poèmes assez courts. J'en ai gardé le souvenir d'une ambiance plutôt légère, voire même papillonnante, butinante, d'un poème à l'autre. Délicieusement érotisant, sans jamais tomber dans le vulgaire, comme on savait le faire au tournant du XIXe siècle. le Saphisme devait fortement développer l'imaginaire de Pierre Louïs, car cette jolie Bilitis ne se prive d'aucun de ses plaisirs. On peut ne pas aimer. Moi, je me suis laissé attendrir par ces récits. J'ai d'ailleurs retrouvé ce même plaisir dans 'album "Opération Aphrodite" où Gérard Manset reprend des vers de Pierre Louïs tirés de "Aphrodite - moeurs antiques".
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A la fin du XIXeme siécle, Pierre Louys jeune auteur français d'une vingtaine d'année publie un curieux ouvraege qui fait sensation : un recueil de poésie de la Grèce antique composée par une mystérieuse Bilitis, poétesse contemporaine de la légendaire Sappho, dont l'archéologue allemand M. G. Heim aurait récemment retrouvé les fragments dans un tombeau. le succès est imminent, les critiques sont conquis tout comme les chercheurs et savants de l'Antiquité ravis de la redécouverte d'une nouvelle voix du passé refaire surface au présent... l'histoire était trop belle pour être vrai car effectivement Bilitis n'a jamais existé. Eh oui, ce farceur de Pierre Louys a inventé le personnage et ses écrits qui en sont d'autres que sa propre main ! Ce canular est réussi puisqu'il faudra attendre longtemps avant qu'on ne met à jour la supercherie mais entre-temps l'auteur devient célèbre et se paye avec moquerie de la tête de ses contemporains qui sont tombés dans le piège. D'ailleurs les germanistes vont me remarquer que même le nom du l'archéologue convoqué trahisse toute la machinerie puisque Geheim veut dire en allemand secret... Quand bien même qu'aujourd'hui on est au courant de la fausseté, le recueil vaut toujours le détour pour sa qualité littéraire tout comme l'érudition qui y transpire dans les vers.
En effet, aussi fictif que soit la vie de Bilitis, cette jeune fille de Pamphylie (la Turquie moderne) qui quitte son village et son quotidien de paysanne bucolique pour y mener une vie insouciante à Lesbos avant de terminer en riche courtisane à Chypre, ses vers sont d'une poésie riche, délicate et merveilleuse et qui imitent à merveille tout en lui rendant hommage aux poètes de la Grèce Antique comme Méléagre (traduit d'ailleurs par monsieur Louys durant la même période que la supercherie), Archiloque, Rufin, et bien d'autres... et évidemment surtout à la plus éminente d'entre tous, la belle Sappho dont l'esprit y imprègne le recueil, Sappho qui apparait d'ailleurs dans le poème 'Psappha" ou Bilitis se réveille après avoir partagé sa couche...
Car l'amour est le thème majeur du roman. L'amour entre les hommes et les femmes bien sûr, qu'il soit sincère, violent, passionnel ou simplement monnayé, mais surtout l'amour entre femmes que ce soit sa romance éperdue avec Mnasidika dont elle consacre une dizaine de poèmes ou les soirées qu'elle passe avec ses consoeurs quand elle ne dort pas avec un client dans sa vie d'hétaire, les sentiments lesbiens, la tendresse d'une caresse de l'amante généreuse, tout cela est exprimé d'un érotisme sensuel mais jamais explicite et parfois discret. Bien entendu, c'est sous la plume d'un homme avec les fantasmes émoustillants de son époque (le XIXeme siécle était fascinée par le saphisme suite à la redécouverte des poèmes de notre poétesse de Lesbos, qu'on pense déjà aux versets des Fleurs du mal consacré aux femmes lesbiennes par Baudelaire qui lui valut des soucis) mais il évite la crudité et la vulgarité et loin de traiter cela comme une déviance (bien qu'il la place sous l'argument du " c'était une autre époque" pour laisser ses penchants fantasmatiques ouverts...) il en exprime avec splendeur et douceur.
Cependant, le recueil est avant tout un hommage à l'anthologie grecque, une anthologie des poèmes antiques allant du VIeme siécle avant notre ère jusqu'à la fin de l'empire romain, dont Louys était un fin connaisseur et amateur et qu'il imite avec brio : par les rondes de Pamphylie "Les danses au clair de lune", les activités pastoraux des villageoises "Chant Pastoral", la vénération aux esprits de la nature "Les Fleurs" et les badineries de bergers et autres joueurs agrestes de flûte "La Flute de Pan", c'est les bucoliques de Théocrite qui est reproduit dans sa délicatesse : par les danseuses de Mytilène " La danse de Glottis et Kysé" , la séduction de Mnasidika "Les Trois Beautés de Mnasidika" ainsi que les ballades sur la blanche plage "Promenade au bord de la mer" c'est la solennité quoique légère par moment des élégies de Callimaque : et par les plaisirs de Chypre " le Triomphe de Bilitis" couplé de la mélancolie de la courtisane face aux amours perdus" le Souvenir de Mnasidika" c'est les épigrammes enjouées d'Anacréon qui sont ressuscités. Les sentiments de la Grèce Antique, sa piété aux forces de la nature, ses joies et peines amoureuses, la truculence des rencontres entre clients et prostituées ou ces dernières se moquent d'eux, tout nous est restitué dans la prose poétique de l'imaginaire et fantasque Bilitis. Certains poèmes peuvent parfois choquer comme "La Petite Marchande de rose" ou une petite fille vend son corps à des garçons ou "Le Sommeil interrompu" et "La Violence" qui est sur un viol mais la majorité des poèmes ne sont pas scandaleux et immoraux et témoignent de la vision de l'amour et de la sensualité par les anciens qui est loin d'être archaïque et qu'on partage encore . On frémit, on pleure et on sourit avec Bilitis, on se lamente avec elle lors de ses chagrins et de son constat sur son corps qui dépérit, on exulte avec elle sur le triomphe de ses charmes et le bonheur avec Mnasidika, on prie avec elle quand elle est fait acte de piété à Astarté ou à Aphrodite, elle n'a jamais existé certes mais quand on lit ces vers elle le devient avec nous le temps de la lecture et on la quitte avec regret lorsqu'elle est au tombeau.
Car j'aurais aimé qu'il y ait plus de poèmes sur elle, enfin écrit par Bilitis. Il y a certes l'existence des chansons secrètes de Bilitis que Louys ne publia que longtemps après car elles appuient davantage sur le coté érotique que le recueil mais ce sont des nouvelles versions de poèmes existants. Je peux dire aussi que je regrette notamment qu'on explore guère le coté maternel de Bilitis, qui n'es dédié qu'à un ou deux poèmes, quand on sait qu'elle mène une vie riche, on aurait bien aimé voir plus sur les sentiments maternels.
C'est une très belle découverte littéraire d'un auteur réputé pour décrire avec brio la sensualité dans toute sa grâce et un joli pastiche qui honore la poésie antique à lire auprès d'un soleil couchant à lire. Puissiez-vous vivre les bonheurs et malheurs de Bilitis et ainsi ressentir un instant l'âme d'une civilisation.
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Voici un livre qui, lorsqu'il fut publié en 1894, fit naturellement scandale, et ce, à plusieurs titres. Pierre Louÿs, jeune (il a alors 24 ans !) érudit et bibliophile, mais surtout grand amoureux à la vie sentimentalement tumultueuse, présente ce court texte comme la traduction d'écrits d'une poétesse née au début du VIème siècle avant Jésus-Christ, gravés sur les parois de son tombeau retrouvé à Palaeo-Limesso. Il place cette découverte sous l'égide d'un savant allemand, G. Heim ….et fournit toute une bibliographie savante qui fera un certain temps illusion jusqu'à ce que soit découvert le pot aux roses …. C'est bien le cas de le dire. Toute cette belle histoire étant une mystification littéraire (qui aura noté que le mot Geheim, en allemand, signifie « secret » ?) car le véritable auteur de ces vers délicieux n'est autre que Pierre Louÿs lui-même.
Ainsi a-t-il créé de toutes pièces la vie et l'oeuvre de Bilitis, belle fille née en Pamphylie, d'un père grec et d'une mère phénicienne. On la suit plus tard à Mytilène puis à Chypre. Elle rencontre Sapho à Lesbos et chante ses amours avec de jolies jeunes femmes, puis, l'âge avançant, finit en courtisane.
Lire aujourd'hui ces doux poèmes en prose, tendres et légers, rythmés et imagés, nous semble anodin. Il faut néanmoins se replacer dans l'atmosphère guindée de ce début de l'autre siècle pour en mesurer le caractère licencieux . On se donne tout de même bien du plaisir à parcourir ces phrases claires, pleine de séduction et de simplicité, empreintes d'un symbolisme hellénisant de bon aloi, plus tard mis en musique par Debussy.
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Les chansons de Bilitis /Pierre Louÿs
Née au sixième siècle avant notre ère dans un village de montagne de l'est de la Pamphylie (sud de la Turquie d'aujourd'hui), Bilitis était la fille d'un Grec et d'une Phénicienne. Vivant avec sa mère te ses soeurs, elle menait une vie pastorale entre la ferme et le gynécée où elle filait sa quenouille de laine. Vénérant les Nymphes, elle connut l'amour, eut un enfant qu'elle abandonna et quitta la région.
On la retrouve à Mytilène, principale ville de l'île de Lesbos, une cité alors plus lumineuse et riche qu'Athènes et plus corrompue que Sardes. Elle a seize ans. À Lesbos le soir, les hommes boivent et vont voir les danseuses. Alors les femmes se rapprochent et se consolent entre elles de leur solitude pour vivre des amours délicates qui entretiennent plus de passion vraie que de vicieuse recherche. Bilitis connut ainsi Sapphô appelée aussi Psappha. Et puis Mnasidika.
Puis elle repartit vers Chypre pour commencer une nouvelle vie, une île où les courtisanes sortaient vêtues de cyclas transparentes à travers lesquelles paraissaient tous les détails de leur corps. Peuple admirable devant qui la beauté pouvait paraître nue sans exciter le rire ni la fausse honte ! Bilitis fut courtisane et pieuse pratiquante au temple d'Aphrodite. Devenue vieille elle rassembla ses souvenirs dans des chansons qu'elle se plut à chanter pour se rappeler sa lointaine enfance.
« Je ne suis qu'une enfant ; les jeunes hommes ne me regardent pas. Quand aurai-je comme toi des seins de jeune fille qui gonflent la robe et tentent le baiser ?... »
« Bergeronnette, oiseau de Kypris, chante avec nos premiers désirs ! …Nous comparons ensemble nos beautés si différentes, nos jeunes seins encore petits, nos pubertés rondes comme des cailles et blotties sous la plume naissante… »
« Moi je ne saurais vivre que nue. Mon amant, prends moi comme je suis : sans robe ni bijoux ni sandales, voici Bilitis toute seule… »
« Elle entra et passionnément, les yeux fermés à demi, elle unit ses lèvres aux miennes et nos langues se connurent…Elle était debout contre moi, toute en amour et consentante. Un de mes genoux, peu à peu, montait entre ses cuisses chaudes qui cédaient comme pour un amant…De ses yeux en délire elle désignait le lit, mais nous n'avions pas le droit d'aimer avant la cérémonie de noces… »
Ce beau recueil de textes brefs tels de petits poèmes délicatement érotiques empreints d'un symbolisme hellénisant de bon goût, évoque le passé dans un style somptueux et raffiné. Hamadryades aux bras levés et autres Naïades, Aegipans menaçants, Nymphes et autres Ménades nues, et même Lamprosathès le satyre impudique, accompagnent Bilitis avant qu'elle ne se dévoile devant l'homme qu'elle a choisi, beau comme Adonis pour connaître l'amour, ou quand elle rejoint la couche de Mélissa ou de Sélénis pour laisser le sommeil à la porte et s'offrir de douces caresses, le miel des caresses de la femme, pour des jeux pas toujours innocents. Souvenirs de Lesbos ! C'est Glôttis qu'elle préfère, mais elle ne peut répudier Kysé ! Que deviendrait-elle toute seule ?
Alors avec soin, nous confie Bilitis, « Mnasidika ouvrit d'une main sa tunique et me tendit ses seins tièdes et doux, ainsi qu'on offre à la déesse une paire de tourterelles vivantes…Et mon corps tout entier s'est livré à ses lèvres infatigables… Astarté bouillonnait dans mes reins… » Puis il y eut toi, Gyrinnô : « Je t'ai mangée comme une figue mûre, je t'ai bue comme une eau ardente, je me suis amusée de ton corps, les seins en pointe sur ton corps maigre et les mamelons noirs comme deux petites dattes… »
« La Phrygienne me baigne, me coiffe et m'épile. Elle dort le matin dans ma chambre et pendant trois nuits, chaque mois, elle me remplace près de mes amants… » Autres temps autres moeurs ! Avec les siècles l'impudicité a bien régressé !
Bilitis, jeune grecque vivant au VIe siècle avant notre ère est née de l'imagination de Pierre Louÿs pour devenir une personnage célèbre de la littérature érotique de la Belle Époque. Publié en 1894, ce recueil fit scandale alors pour paraît-il son caractère licencieux.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation

CONSEILS À UN AMANT
Si tu veux être aimé d'une femme, ô jeune
ami, quelle qu'elle soit, ne lui dis pas que
tu la veux, mais fais qu'elle te voie tous les
jours, puis disparais, pour revenir.

Si elle t'adresse la parole, sois amoureux
sans empressement. Elle viendra d'elle-même
à toi. Sache alors la prendre de force, le
jour où elle entend se donner.

Quand tu la recevras dans ton lit, néglige
ton propre plaisir. Les mains d'une femme
amoureuse sont tremblantes et sans caresses.
Dispense-les d'être zélées.

Mais toi, ne prends pas de repos. Prolonge
les baisers à perte d'haleine. Ne la laisse
pas dormir, même si elle t'en prie. Baise
toujours la partie de son corps vers laquelle
elle tourne les yeux.
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Enfant, ne passe pas sans m’avoir aimée. Je suis encore belle, dans la nuit ; tu verras combien mon automne est plus chaud que le printemps d’une autre.
Ne cherche pas l’amour des vierges. L’amour est un art difficile où les jeunes filles sont peu versées. Je l’ai appris toute ma vie pour le donner à mon dernier amant.
Mon dernier amant, ce sera toi, je le sais. Voici ma bouche, pour laquelle un peuple a pâli de désir. Voici mes cheveux, les mêmes cheveux que Psappha la Grande a chantés.
Je recueillerai en ta faveur tout ce qu’il m’est resté de ma jeunesse perdue. Je brûlerai les souvenirs eux-mêmes. Je te donnerai la flûte de Lykas, la ceinture de Mnasidika.
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Oui ; ta femme travaille à l’étable. On dit même qu’elle a mille tendresses pour le plus jeune de tes ânes. Ah ! Ha ! c’est un bel animal ! Il a une touffe noire sur les yeux.
On dit qu’elle joue entre ses pattes, sous son ventre gris et doux… Mais ceux qui disent cela sont des médisants. Si ton âne lui plaît, Agorakritès, c’est que son regard sans doute lui rappelle le tien.
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PAROLES MATERNELLES

Ma mère me baigne dans l'obscurité,
elle m'habille au grand soleil et me coiffe dans
la lumière ; mais si je sors au clair de lune,
elle serre ma ceinture et fait un double noeud.
Elle me dit : « Joue avec les vierges, danse
avec les petits enfants ; ne regarde pas par
la fenêtre ; fuis la parole des jeunes hommes
et redoute le conseil des veuves.
« Un soir, quelqu'un, comme pour toutes,
te viendra prendre sur le seuil au milieu d'un
grand cortège de tympanons sonores
et de flûtes amoureuses.
« Ce soir-là, quand tu t'en iras, Bilitô,
tu me laisseras trois gourdes de fiel :
une pour le matin, une pour le midi, et la troisième,
la plus amère, la troisième pour les jours de fête. »
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D’abord je n’ai pas répondu, et j’avais la honte sur les joues, et les battements de mon cœur faisaient mal à mes seins.
Puis j’ai résisté, j’ai dit : « Non. Non. » J’ai tourné la tête en arrière et le baiser n’a pas franchi mes lèvres, ni l’amour mes genoux serrés.
Alors il m’a demandé pardon, il m’a embrassé les cheveux, j’ai senti son haleine brûlante, et il est parti… Maintenant je suis seule.
Je regarde la place vide, le bois désert, la terre foulée. Et je mords mes poings jusqu’au sang et j’étouffe mes cris dans l’herbe.
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Vidéo de Pierre Louÿs
Pierre LOUŸS – Le prince irrésolu : Relecture de l'œuvre poétique (France Culture, 1978) L'émission "Relecture", par Hubert Juin, diffusée le 3 février 1978 sur France Culture. Présence : Robert Fleury, Paul Dumont, Alain Kahn Sriber et Jean Louis Meunier.
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