Jadis, il y avait une belle prière "Ab furoris Normandorum libera nos, Domine" ou : de la fureur des Normands délivrez nous, Seigneur !
Les Normands dont il est question ici étaient les Vikings, du scandinave, les "Hommes du Nord" et étymologiquement signifiant : "les hommes qui pratiquent la piraterie".
Un peuple qui a non seulement réussi à défier les chroniques de 800 à 1050 en maraudant et pillants nos côtes et poussé leurs expéditions aussi loin que Constantinople, la Perse et, 500 ans avant
Christophe Colomb, l'Amérique du Nord. Des voyageurs et conquérants intrépides, qui ne craignaient rien pour l'amour de leur peuple. S'ils vous restent des doutes, consultez "Astérix et les Vikings" de
Claude Carré d'après
Uderzo et Goscinny : Goudurix, amoureux de la belle Abba, pourra vous confirmer que ce n'est point "la peur qui donne des ailes", comme le prétend Cryptograf, mais ... l'amour !
Les Vikings par leurs prouesses ont également défié l'imagination des jeunes et adolescents. Ainsi, je me souviens d'avoir lu avec beaucoup d'attention un livre de l'archéologue danois, Johannes Brönsted, "Vikingerne" en traduction "Ainsi vivaient les Vikings" il y a plus d'un demi-siècle.
Et la saga d' Erik Thorvald, surnommé le Rouge (pas à cause du sang, mais de la couleur de sa barbe et cheveux), qui au XIe siècle fonda une colonie au Groenland. Comme il y a tellement longtemps, je ne suis même pas sûr que ce soit l'histoire racontée par
Maurice Gravier, mais je me rappelle que Mme Thorvald est devenue une bonne chrétienne !
Avec ces antécédents, j'étais curieux de prendre connaissance du roman de
Cathie Louvet : "
De glace et de feu" de 2015, pour voir si j'étais toujours autant sous l'emprise de ces rudes, mais courageux gaillards nordiques. Sur Babelio, il y avait bel et bien le livre, mais aucune explication et sans photo de l'auteure. Comme les Vikings, je me suis mis à explorer ...mais sans péril, sur le net. Et Eurêka ! J'ai, à ma grande surprise, découvert que l'auteure est une des nôtres, une babeliote qui opère sous le pseudo de "polacrit" (dérivé je présume de critique de polars). Un article du quotidien "Ouest-France", m'a appris que
Cathie Louvet nous vient de Combourg en Bretagne, le berceau du romantisme français, grâce à son illustre voisin
François-René de Chateaubriand. Comme l'article est illustré d'une belle photo de l'auteure, son livre fièrement en main, je l'ai vite copié et transféré à notre site. Et comme elle est apparemment une bien (trop) modeste personne, j'y ai rajouté la 4ème page de couverture.
Pendant que le protagoniste Thorkell Sveinsson est en train de se "couvrir de gloire, d'honneurs et d'or", sa belle jeune femme, Eryndr, met au monde un superbe fils, Harald.
Nous sommes en l'an 793 du Seigneur et sur la France et une bonne partie des peuples d'Europe (minus slaves et scandinaves) règne l'empereur Charlemagne (747-814). Au Danemark, règne Godfred (?- 810) qui, conforme à l'adage que la meilleure défense est l'attaque, décide de monter une opération d'envergure contre le roi des Francs, avec qui ils craignent de perdre leur liberté, pendant que ses troupes livrent bataille en Espagne. Ainsi, en 804, une flotte de 150 navires prend la direction du Sud et atteint les rives saxonnes : village après village est pillé, ravagé et incendié. Thorkell, convaincu que son destin est de servir son roi, a quitté femme et enfant, pour se joindre à cette expédition. Pendant tout un temps aucune véritable résistance n'est organisée et nos Vikings naviguent de victoire en victoire, de butin à butin, mais se croyant apparemment invincibles, un jour en Frise, c'est la catastrophe : ce sont les assaillants qui se font massacrer par des défenseurs hardis. Notre héros Thorkell y trouve la mort et le roi des Danois met vite cap plein nord.
Quelle sera la réaction de Charlemagne, entre temps couronné empereur par le pape et proclamé "défenseur de la chrétienté", et comment le roi Godfred espère-t-il s'en sortir, je vous invite à découvrir en lisant cet ouvrage. Tout comme le rôle du jeune Harald et le sort de sa mère, la veuve déplorée Eryndr, assailli par l'horrible Ragnarr Olafrsson, chef d'un clan hostile, qui veut la "conquérir".
Comment
Cathie Louvet a réussi à se familiariser avec une culture et un monde fort différents, mérite toute notre admiration. Pour ce premier volume d'une trilogie elle s'est plus que solidement documentée. Elle n'a, en effet, pas eu peur de se pencher sur des termes "barbares" en vieux scandinave pour nous présenter une société à part. Pas une société théorique ou purement imagée, mais réelle. Elle nous apprend ce que ces Vikings mangeaient, comment ils s'habillaient, quelles étaient leurs armes, comment ils concipiaient et construisaient leurs différents types de bateaux, qui ont assuré leurs succès, etc. En fait, autant que l'ouvrage précité de Johannes Brönsted. Il y a de nombreuses explications très précises en bas de page, qui ne nuisent ainsi pas le moins du monde à la trame et le rythme de son roman, bien au contraire....
Bref, un dépaysement fascinant dans le temps et l'espace garanti !
Bien des années plus tard, Dieu exauça la prière du départ en laissant les Américains débarquer à Omaha Beach pour y chasser une autre espèce de pilleurs, mais ça, bien entendu, est une histoire totalement différente....pourtant toujours en Normandie !