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EAN : 9782845636613
236 pages
XO Editions (04/09/2014)
3.98/5   24 notes
Résumé :
Les mots, c’est toute l’histoire de Gérard Louviot. Chaque semaine, dans la région de Morlaix, cet homme de 46 ans, père de quatre enfants, rejoint une association qui accompagne les illettrés. Il est devenu « fou de mots », dévore le dictionnaire, écrit des poèmes… Gérard n’a pas grandi avec ses parents. Enfant, il a été placé dans une famille d’accueil et s’est retrouvé dans une école spécialisée où, incapable de retenir une leçon, tétanisé par la difficulté, il a... >Voir plus
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Avant même de commencer, je tiens à remercier Babelio et XO Editions pour ce livre, que j'ai reçu lors de la dernière opération Masse Critique. Je suis heureuse parce que c'est LE livre que je désirais recevoir.

L'histoire est celle de Gérard Louviot. Il se confie dans ce livre, pour faire avancer les choses, pour que les autres osent parler de ce qu'il a caché, tant bien que mal, durant 35 longues années. Son secret ? Gérard Louviot ne sait ni lire, ni écrire.

Lorsque j'ai vu ce livre dans la sélection de la Masse Critique, j'ai eu le coup de coeur. Je l'ai noté directement. C'est celui que je voulais. Pourquoi ? Tout simplement parce que j'aime bien apprendre, j'aime bien comprendre et c'est un sujet qui me touche et sur lequel je n'avais jamais lu. C'était donc temps d'y remédier !

Avant la lecture de ce témoignage, je n'avais pas conscience du handicap que cela pouvait représenter de ne savoir ni lire ni écrire. Effectivement, c'est difficile de se l'imaginer parce que l'on n'est pas touché. Mais la lecture, on s'en sert tous les jours ! L'écriture, c'est pareil. Comment peut-on aller travailler si l'on ne sait pas lire les panneaux ? Comment peut-on aller faire ses courses si l'on ne sait pas lire les étiquettes ? Comment peut-on aller acheter son pain si l'on n'est pas capable de compter la monnaie ? Comment peut-on remplir un formulaire administratif si l'on ne sait pas écrire ? Tout cela, ces choses qui sont pour nous, notre quotidien, est un cauchemar pour Gérard Louviot. C'est pourquoi, 35 ans après, il décide de parler, de sortir de son silence et de cette honte qui l'enferme dans un monde bien à lui.

Il nous raconte son combat, son combat pour apprendre, lui qui a du mal à saisir le sens des mots, lui qui écrit phonétiquement. Et au fond, il n'a pas tort, la langue française est compliquée… Mais Gérard Louviot ne veut pas baisser les bras, jamais, c'est un battant ! Et au fil des pages, il nous contamine avec son combat !

Personnellement, en lisant son histoire, jamais je n'ai ressenti de la pitié pour cet homme, et pourtant, il n'a pas eu une enfance facile, une scolarité plus que difficile, mais malgré tout, il dégage une force et un amour pour les mots qui me scotche, tout simplement. Il mérite plus que n'importe qui d'en être arrivé là, comme quoi, même quand on pense que tout est perdu, on peut rebondir, grâce à de l'amour, de la joie, de la volonté, de la force, du courage, de l'envie… Voici tout ce que dégage cet homme qu'est Gérard Louviot !

Je suis heureuse d'avoir lu ce livre, et je pense qu'il mérite d'être lu, pour que tout le monde sache, notamment par les personnes qui sont dans l'Education Nationale, parce qu'à mes yeux, ils ne sont pas assez formés à ce genre d'élève qui se retrouve démunis, tout simplement pour qu'on arrête de fermer les yeux …
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J'avais repéré ce livre dans la liste des titres proposés lors de la dernière Masse Critique.
C'est le témoignage d'un homme qui a souffert jusqu'à l'âge adulte de ne pas avoir réussi à apprendre à lire et écrire à l'école primaire et a donc décroché rapidement ne comprenant pas et ne pouvant pas suivre le reste de ses études, peinant à trouver sa place parmi les jeunes de son âge.
Il a néanmoins réussi, tout en cachant ce handicap, plusieurs fomations professionnelles qualifiantes qui lui ont permis d'entrer dans la vie active en tant que boulanger tout d'abord puis couvreur et enfin soudeur, accédant à une socialisation difficile jusque là.
Ce témoignage est réellement précieux car il fait passer toute la souffrance traversée par Gérard Louviot au fil de ses premières années où il se savait marginalisé et où il devait faire preuve d'astuce face à la vie quotidienne devant laquelle il était démuni. Et il fait connaître aussi la force et la volonté de cet homme qui a dû attendre la trentaine pour rencontrer les « bonnes personnes » qui ont su l'orienter et l'aider et par le biais d'une formation pour adulte à finalement accéder à la lecture, au monde des mots qui débloque tout.
Le récit à la première personne, expose les étapes que l'auteur a traversées jusqu'à l'écriture de ce livre. J'ai par ailleurs découvert ce qu'était la dysphasie qui lui a été tardivement détectée et qui embrouille les situations d'apprentissage.
J'ai été émue et admirative du courage de cet « orphelin des mots » qui m'a aussi rappelé les témoignages publiés aux éditions ATD-Quart Monde dans un autre domaine.
Chapeau bas Monsieur Louviot et longue vie à vous !
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Il était une fois quelque part en France un illettré des temps modernes

un mal aimé de l'école,

un laissé pour compte de la société, ou je ne sais quel autre substantif.

Il s'appelle Gérard et dans son livre, Orphelin des mots il raconte sa vie et son combat pour apprendre à lire à 35 ans. Son histoire familiale est compliquée. Très tôt il est retiré à ses parents qui ne peuvent l'élever et placé dans une famille d'accueil avec son frère aîné. Ce n'est pas le grand amour chez les Coquil qui font bien la différence avec leurs enfants et eux. Mais le pire est à venir avec l'entrée à l'école. Dés le CP il va connaître la honte ineffaçable, la maîtresse le coiffe du bonnet d'âne! il est trop lent, il ne connaît pas les lettres, il est un ignorant.

L'injustice commence là et elle va durer des années. Il va revivre dans sa tête ce moment affreux qui reste à jamais son fardeau secret. Il est un illettré, un rebut de la société.

Donc on retrouve le schéma classique: Tout d'abord c'est l'humiliation, puis la honte, la culpabilité et la souffrance. Il lui a fallu beaucoup de courage,de volonté pour continuer, pour se construire. Un jour où l'humiliation a été plus forte que les autres jours il a voulu mourir.

Puis est venu le temps de l'amour, la réussite et la fierté.

Comme une bouteille jetée à la mer il a écrit ce livre pour mettre des mots sur la honte qui l'a accompagné de longues années. Mais pourtant je ne sens pas de colère chez cet homme alors qu'il est victime de la faillite d'un système qui n'a pas rempli sa mission .

Moi, j'ai beaucoup de colère en lisant ce livre car je vois qu' aujourd'hui rien n'a changé. On continue d'envoyer au casse pipe des enfants.

Gérard est parti en IME (institut médico éducatif) et il écrit c'étaient les plus belles années de mon enfance. Sauf qu'il n'a rien appris, ils lui ont menti, mais personne n'était là pour s'en inquiéter!

Pour moi à ce moment précis,de la lecture, je suis à la moitié du livre il y a un gros manquement. Gérard n'est pas seulement un illettré, il n'a pas accès suffisamment au langage. le problème est ailleurs. Son trouble sévère évoque fortement une dysphasie. Pourtant il ne parle d'aucune prise en charge médicale et para médicale.

Ils l'ont rendu illettré!

Fermez la porte, la messe est dite. On l'a laissé au bord de la route, sans avenir. Pas grave, l'agriculture a besoin de bras, l'armée,de bons petits soldats; les patrons, d'ouvriers dociles et ignorants, faciles à exploiter.(sauf que même là pour un emploi subalterne il est jugé inapte)

Sois bête, tais-toi et travaille...comme un âne!!!

Quand enfin il trouve un job, Il doit travailler deux fois plus que les autres pour montrer à ses employeurs qu'il est un ouvrier capable .

Dans ce récit témoignage, il y a des mots lourds de souffrance et parfois il n'y a pas de mots. Seulement la souffrance, qui reste muette. D'ailleurs mots et maux sont deux homonymes. L'absence des premiers est la cause des seconds.

Vous qui lisez, écrivez avec envie, plaisir pouvez vous comprendre la douleur que représente cette "maladie honteuse"? Pouvez vous comprendre à quel point c'est handicapant de ne pas savoir lire.. La honte ne devrait pas être pour celui qui en est atteint mais pour la société qui permet que ce fléau existe. Qui est responsable? Pas Gérard!!

Cet homme c'est construit dans la honte. L'illettrisme a été son lourd fardeau, le grand secret, la peur qui coupe les ailes. C'est son monstre intérieur!!!

Il était sujet à toutes les blagues stupides car il n'a pas accès à l'implicite du langage. J'enrage de lire ces blagues douteuses, infâmes.

Il a appris à se faire tout petit, à se faire oublier, à supporter les humiliations, à se taire.

Je souffre en lisant ce livre et je ne peux m'empêcher de penser à ma fille qui sans notre amour, notre volonté, aurait suivi le même parcours que Gérard. Nous nous sommes substitués à l'école. Mais j'en ai déjà parlé (ici). Gérard n'a pas eu cette chance.

Cependant c'est un homme courageux, intelligent, sensible, il a "à la force des poignets", et avec une volonté d'airain appris un métier. Bâtit une famille.

Aujourd'hui auprès de la femme qu'il aime, de ses enfants il a trouvé un coin de ciel bleu.

Dans ce billet je veux lui dire: Bravo vous devez être fier, votre témoignage est bouleversant et porteur d'espoir pour tous les exclus du bonheur d'apprendre.

Vous, les amoureux des mots, des belles histoires, vous êtes concernés par ce récit Orphelin des mots. Et si vous êtes enseignants, éducateurs, orthophonistes... vous ne devez pas passer à côté. C'est un récit douloureux, mais au bout surgit la lumière

A lire.
Lien : http://secretelouise.eklablo..
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Gérard Louviot a grandi avec son frère dans une famille d'accueil. Enfant, en raison de ses difficultés scolaires importantes, il se fait moquer de lui puis est envoyé dans une CLISS qui ne lui permettra malheureusement pas d'apprendre les bases de la langue et de savoir lire et écrire correctement. Pendant de nombreuses années, il va cacher qu'il est illettré, jusque dans le monde du travail qui ne lui fait pas de cadeaux. A 35 ans il décide de lever le voile, de dévoiler la vérité à son employeur et d'apprendre à lire et à écrire. Il fera plusieurs formations pour se mettre à niveau et accéder à la langue et réalisera quelle chance c'est de savoir lire et combien les portes sont ouvertes quand on maîtrise l'essentiel.
Ce témoignage sur l'illettrisme m'a beaucoup touchée. J'avais lu le résumé de ce livre sur une sélection de Masse Critique et j'avais envie de lire ce témoignage. Il est vraiment très émouvant, G. Louviot nous parle à coeur ouvert de ce qu'a été sa vie avec et surtout sans les bases de la langue et nous fait comprendre la chance d'avoir une éducation solide. Nous voyons aussi que c'est grâce à l'amour de sa femme que G. Louviot a pu s'en sortir et devenir l'homme qu'il est aujourd'hui, soucieux d'aider les autres et de leur transmettre son expérience. La chanson aussi avec Renaud, l'a beaucoup aidé et l'a tiré vers le haut.
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J'ai lu ce témoignage avec beaucoup d'attention et d'admiration. Ce qu'à accomplit l'auteur est tout à fait bouleversant et incroyable, apprendre à lire et écrire à 35 ans c'est , à mon sens , extraordinaire. Il témoigne avec une joie de vivre déconcertante et à aucun moment ne cherche à tirer la larme au lecteur, il raconte simplement son histoire comme il l'a vécue.

Je crois qu'on ne mesure pas à quel point cela peut être handicapant de ne savoir ni lire ni écrire, à quel point il faut ruser, s'arranger avec des petites astuces et combien d'humiliations il faut affronter. Ca nous paraît tellement naturel que l'on oublie que même en 2015, il y a encore beaucoup d'illettrés en France à peu près 3 millions , c'est énorme.

J'ai aimé le courage, la détermination et la volonté de Gérard qui s'est accroché et qui s'est trouvé une passion pour les mots et s'est découvert un amour pour la poésie. Il a souffert dans sa jeunesse de cet illettrisme mais n'a rien perdu de sa gentillesse , sa bienveillance là où d'autres aurait baissé les bras. C'est un homme avec de grandes qualités humaines et une simplicité qu'on ne trouve plus guère et qui m'ont touchée, m'ont émue.

On peut toutefois, se poser la question du rôle de l'Education Nationale et du gouvernement pour qui cet handicap n'est visiblement pas une priorité. Est-il normal de laisser « sur le bord de la route » 3 millions de personnes sous prétexte qu'elles n'arrivent pas à apprendre au même rythme ? N'y a t-il rien à faire pour elles ? Je ne le crois pas et c'est de la colère et de la honte que je ressens quand je me dis qu'en 2015 en France c'est encore possible .

Il y a beaucoup de pudeur dans les propos de l'auteur , c'est quelqu'un qui a dû travailler deux fois plus que les autres pour y arriver, pour combler son manque.

Un livre essentiel et émouvant.

VERDICT

Un très beau témoignage porteur d'espoir et qu'il faut lire pour mieux comprendre et pour informer. Coup de coeur
Lien : https://lilacgrace.wordpress..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Mes problèmes sont liés : lire et comprendre, enregistrer des informations et m'en servir, écouter et retenir, chaque chose dépend d'une autre. Une ignorance en entraine ne autre, sauf que je ne vois meme pas ça parce que l'angoisse m'empèche de réfléchir. Cette peur me remplit en permanence.
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Longtemps je me suis servi de la chanson pour exprimer mon désarroi. C'était comme peindre sur les murs d'un préau, une mouette, un phare, un sentiment. Ecrire sur les murs sans avoir de mots...
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Témoigner c'est essayer de raconter un chemin. Il y en a des milliers de différents. Des millions peut-être, autant que les hommes et les femmes qui marchent en se croyant seuls. Et puis on rencontre des personnes capables d'entendre, des relais. Grâce à elles, on fait le premier pas et tout devient possible. (p.233)
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Les mots portent des idées, des sentiments qui sont plus forts quand ils sont chantés : la révolte, la misère ou l'amour, ça vous rentre dans le coeur et pas besoin de dictionnaire ! On apprend à entendre, derrière les mots, des choses aussi invisibles que le vent qui souffle. (p.177)
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Tu fais quoi, toi ? Je fais pimpant, c'est comme pompier mais en moins bien. (p.191)
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