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4,11

sur 577 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans ce recueil de nouvelles, le maître de Providence nous emmène une fois de plus au plus près des horreurs cosmiques et de leurs adorateurs inhumains.

Six textes, d'un intérêt pas tout à fait égal, constituent cette édition.

1) le cauchemar d'Innsmouth

Un jeune homme en quête d'informations généalogiques veut consulter les registre d'Arkham. Mais, en chemin, il entendra parler d'Innsmouth et sera piqué de curiosité... Ce qu'il y rencontrera sera encore en deçà de ce qu'il découvrira...

Cette longue nouvelle de plus de 70 pages donne son titre au recueil.
Dans l'univers de Lovecraft, le toponyme Innsmouth revient régulièrement, et il se peut que le lecteur l'ait déjà rencontré avant même la lecture de ce récit long à démarrer et paraissant "banal" au premier abord (j'entends par là qu'on retrouve les mécanismes bien rodés employés par HP Lovecraft : un narrateur que l'on peut croire ou considérer comme fou, une xénophobie exacerbée qui pourrait être à l'origine d'une forme de paranoïa, des horreurs indicibles ou hallucinées, etc.). Mais là où on pourrait voir un coup d'essai mêlant difficilement réalité et fiction, le lecteur trouvera en fin de compte une conclusion magistrale et inattendue qui fait tout l'intérêt de cette nouvelle par rapport aux autres, et qui la classe au rang de pilier de l'univers lovecraftien. le ressort employé par l'auteur est génial et vient parfaitement conclure l'histoire (ou en débuter une nouvelle...).

2) La maison de la sorcière

Un jeune homme s'intéresse de près à l'histoire d'une sorcière de Salem condamnée au bucher mais échappée comme par magie de sa cellule. Certain que les pouvoirs de cette vieille folle lui venaient de son habitation, il va louer la chambre maudite...

Ce récit est intéressant à plusieurs niveaux. Il montre l'intérêt combiné de l'auteur pour les sciences et le folklore, car c'est par les angles incongrus que l'on accède à la quatrième dimension. Mais l'horreur n'est pas loin et celui qui cherche à communiquer avec l'au delà pourrait bien être le récepteur plutôt que l'émetteur... Rajoutez à cela une ambiance huis clos, sabbat et course contre la montre, des manifestations inexplicables et des rats étonnement malins, et vous obtiendrez une nouvelles intense et perturbante.

3) Celui qui hantait les ténèbres

Robert Blake a été retrouvé mort derrière sa fenêtre, figé dans une expression horrifiée. Les enquêteurs ont conclu à un choc nerveux dû aux éclairs d'orage d'une nuit d'août particulièrement agitée. Une nuit sans lune où la foudre avait fait basculer la ville dans le noir et coupé toute alimentation électrique, et donc toute source de lumière...

Cette nouvelle est également très bonne mais pose plus de questions qu'elle ne donne de solutions. C'est à la fois dommage et agréable car sa brièveté en fait un récit intense et perturbant. A relire avec plaisir !

4) Air froid

Le narrateur nous explique son étrange phobie du froid, survenue depuis un jour d'été particulièrement chaud...

Cousu de fil blanc, ce récit est tout de même constitué d'éléments plutôt rares chez Lovecraft (la force de la volonté et l'absence de toute référence au mythe de Cthulhu) en faisant un texte à part. Pas d'horreur cosmique, pas de cultistes fous, pas de narrateur suicidé. Digne successeur d'Herbert West (en plus court et en plus percutant), on apprécie différemment.

5) L'indicible

Deux jeunes gens débattent quant à la nature sensorielle ou indicible des horreurs cosmiques, du chaos et des créatures maléfiques. Prêts à tout pour se convaincre, ils vont finir par tomber d'accord...

Une nouvelle à côté de laquelle je suis passé sans l'apprécier. Les récits enchassés et ce narrateur romancier au discours tarabiscoté m'ont perdu. Temps, lieu et personnages se mêlent et sont difficilement identifiables. Dommage. À relire, peut-être.

6) le monstre sur le seuil

Depuis qu'Edward Derby a rencontré Asenath, Dan ne le reconnait plus. Lui qui avait l'air d'un enfant prend des airs d'homme sûr de lui. Lui qui ne s'affirmait pas et n'osait rien entreprendre devient ferme et téméraire. Oh, et sa femme vient d'une famille d'Innsmouth...

Tout est dit dans ce dernier terme... Innsmouth, comme on se retrouve ! Une récit génial qui commence par ces mots "Il est vrai que j'ai logé six balles dans la tête de mon meilleur ami, et pourtant j'espère montrer par le présent récit que je ne suis pas son meurtrier."
Je vous laisse vous en délecter. La relecture en est encore meilleure. Iä ! Iä !
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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on va parler d'un recueil, le cauchemar d'Innsmouth et autres nouvelles, de ce cher Howard Phillips Lovecraft.

Or donc, un jeune homme féru d'architecture voyage en Nouvelle-Angleterre et décide de faire un crochet par Innsmouth, une ville ruinée.

-Et ?

-Bah il n'aurait pas dû.

-Waaaah, on peut dire que tu sais ménager tes effets…

-Oui, hein ?

Alors, la première chose qui m'a surprise, c'est la première page. Quelle baffe !

-La première page ?

-Oui ! La première page t'explique ce qui s'est produit après le voyage du narrateur à Innsmouth. J'en ai frémi jusqu'au tréfonds de mes moelles. J'avais complètement oublié ce passage, occulté par l'épouvante qui occupe le centre de l'intrigue, et par la conclusion.

-Et… pourquoi tant d'émotion ?

-Pour une raison simple intitulée Providence, l'intégrale, d'Alan Moore. Cette première page y est dessinée. Il y est même fait plusieurs fois allusion dans la BD, mais je pensais naïvement qu'il s'agissait de… mmmh… l'effet de l'histoire avec un H. Et c'est le cas, l'allusion est évidente, mais il ne s'agit pas seulement d'un chapitre sinistre du milieu du XXe siècle, il s'agit également du texte original.

-Tu veux dire que Lovecraft avait prévu ce qui arriverait ?

-Non, pas du tout. Je dis qu'il a imaginé un fait plausible et qu'Alan Moore non seulement l'a repris, mais lui a donné une autre résonnance aussi. En fait, Moore a considérablement enrichi des textes qui déjà recelaient une grande profondeur.

-Haha, « profondeur… »

-Je regrette de ne pas être plus précise, mais je tiens à ne spoiler personne. Relire Lovecraft après Providence vous donne un autre regard sur ces deux oeuvres.

-Moi, j'aime pas la description des trajets qu'il prend, je ne trouve pas ces passages-là visualisables, et la carte demeure parfaitement illisible ! Et je trouve la fin artificielle, quand même.

-Moi pas. Qu'est-ce qui fait de nous des humains à part entière ? Comment ne pas céder à la tentation de devenir plus fort, plus puissant ?

-Les histoires ne sont pas toutes égales, hein… L'indicible est confus et trop bavard, trop dans la démonstration rhétorique. Ca fait pas peur. Et puis, certaines ficelles sont trop grosses !

-A quoi penses-tu ?

-A l'étudiant en maths dans La maison de la sorcière. « Oh, je ne me sens pas bien, il faut que je consulte… » et il ne le fait jamais alors qu'il ne va pas bien, c'est une évidence !

-Pas si évident que ça quand tu es dans ta peau. Il peut très bien penser qu'après tout ce n'est pas si grave et qu'il est trop occupé pour faire autre chose. T'as envoyé ces mails qui traînent depuis un mois, toi ?

-Non, je suis trop occupée, mais ce n'est pas pareil, madame, je ne risque pas l'enfer, Moua.

-On verra ce qu'en pensent les chefs la semaine prochaine... Bref, j'ai également beaucoup apprécié le monstre sur le seuil. Voilà de la bonne horreur, mais pas trop crade, bien épouvantable ! J'aime beaucoup l'oscillation entre les faits et leur interprétation erronée par le narrateur qui comprendra tard, très tard, les malheurs de son ami. Et là encore, Moore a ajouté des aspects… mmmhhh… que Lovecraft n'a pas exploités, faute de malséance. Une fois que j'ai relu ce conte, je me suis posé des questions sur le couple…

-Mouais. Moi, je regrette un peu les motifs qui se répètent trop souvent. Dans les nouvelles, rien ne permet d'affronter les monstres, et n'importe quelle vieille baraque abandonnée devient le palais de l'impiété et de la hideur… c'est lassant, cet univers qui regorge de créatures malfaisantes et inconnues.

-Moi, j'aime bien, justement ! Ce que l'on connaît se change en inconnu et les histoires de Lovecraft explorent les choix que nous faisons face aux mystères et aux puissances que nous ne maîtrisons pas, et nous prenons les mauvaises décisions, comme fuir ses parents, emménager au mauvais endroit, jouer au oui-ja ou regarder une vidéo maudite…

Sans mauvaises décisions, sans cécité sur nous-mêmes, point de bonnes et effrayantes histoires. »
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Il est toujours agréable de lire du Lovecraft. Son style atypique, ainsi que l'époque d'écriture, parviennent toujours rapidement à me plonger dans ce passé sombre et lugubre. C'est ce côté ancien qui participe rapidement et efficacement à construire cette ambiance horrifique que l'on trouve dans chacune de ses nouvelles (du moins pour celles que j'ai lues).

Par contre, bien que cet ouvrage se lise extrêmement bien, j'ai trouvé que l'intrigue n'était que trop faiblement exploitée. En effet, l'auteur pose d'excellentes bases à son histoire, le tout intelligemment complété par les divagations de l'alcoolique local.

Mais au moment où on se sent vraiment pris par le récit, et où on partage la peur grandissante du principal protagoniste, Lovecraft nous innonde de tout un descriptif du trajet à travers les rues en mode Mappy ou Google Maps. Alors à moins, qu'on ait soi-même déjà vécu dans cette ville côtière imaginaire, il est très difficile de visualiser le parcours emprunté dans le livre.
De plus, j'aurai aimé, qu'au delà de l'énumération des noms de rues et de places, le passage de la poursuite soit plus étoffé avec davantage d'actions et de surprises.... Ou comment transformer une nouvelle en roman ?

Pour conclure et résumer, cette nouvelle de Lovecraft demeure appréciable et agréable de lecture, mais je trouve qu'elle ne détronne pas mon ouvrage préféré de cet auteur, à savoir : L'affaire Charles Dexter Ward.
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Un village que tout le monde évite, marqué par de sombres légendes, une 4e dimension ?, des maisons et églises que l'on dit hantées, un docteur qui vit dans le froid du fait d'une mystérieuse maladie..., et des nouvelles qui se font écho entre elles, tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce recueil un très bon recueil de nouvelles fantastiques.
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Un vrai plaisir. Je l'avoue, cette chronique est loin, très loin d'être impartiale. Je n'en suis pas à ma première découverte des écrits du reclus de Providence, je connais son style, ses tournures, son vocabulaire si caractéristiques, mais il sait vous prendre par la main et vous amener vers l'horreur. Je me suis donc régalé à la lecture de ce recueil, souhaitant néanmoins mettre en avant deux nouvelles : "Air froid", nouvelle triplement originale par sa localisation (New-York) l'absence des mythologies lovecraftiennes (Necronomicon, Cuthlu, etc...) et une dose d'humour sous-jacente, et, "Le monstre sur le seuil", du pur Lovecraft, un condensé du maître en feu d'artifice !
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J'ai beaucoup lu les recueils de nouvelles de Howard Phillips Lovecraft quand j'étais beaucoup plus jeune… Je ne me souviens pas précisément de tous ses récits, mais parfois, des détails me reviennent en mémoire, notamment à l'occasion de podcasts de France Culture

Un petit Lovecraft avant de s'endormir… Personnellement, j'aime assez ; cela me détend… Ainsi j'ai écouté hier soir un épisode de Fictions / Samedis noirs, une émission de France Culture que j'apprécie particulièrement, consacré à une adaptation du Cauchemar d'Innsmouth…

Alors qu'il visite la Nouvelle-Angleterre et qu'il souhaite se rendre à Arkham, au nord de Boston, le jeune narrateur, qui n'a pas les moyens de payer un billet de train, est obligé de prendre un autobus et de faire halte à Innsmouth, une cité lugubre dont les habitants ont mauvaise réputation.
Sur place, il est tout d'abord frappé par l'odeur de poisson qui y règne et par la vétusté des habitations ; il se rend compte aussi que la plupart des habitants ont un visage déformé et une démarche étrange et trainante. Les confidences d'un marginal alcoolique achèvent de semer le doute et la crainte dans son esprit. Obligé de rester pour une nuit dans l'unique hôtel de la ville, il comprend que quelque chose d'anormal se trame et qu'il est en danger…

Ce que j'aime chez Lovecraft, c'est son style réaliste et crédible.
Ses personnages, même confrontés à des situations surréalistes, ont des comportements et des réactions qui pourraient être les nôtres… Personne ne prend le vieil autobus qui passe par Innsmouth, un ancien port de pêche, on raconte même de drôles de choses sur les habitants, mais le narrateur garde l'esprit ouvert et en profite pour visiter la ville et en apprendre plus sur son histoire… Il s'enferme dans sa chambre d'hôtel et fait preuve, malgré sa contrariété devant la panne de l'autobus, de capacités d'adaptation…
Je n'en dirais pas plus pour ne pas divulgâcher le dénouement mais disons simplement que ce funeste détour par Innsmouth n'était sans doute pas le seul fait du hasard.

Il est toujours bon de réviser ses classiques et je trouve excellentes les nombreuses adaptations radiophoniques de France Culture des récits fantastiques et horrifiques de Lovecraft.

Lien vers "Des ombres sur Innsmouth" de Howard Phillips Lovecraft Sur France Culture
https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-samedi-noir/des-ombres-sur-innsmouth-de-howard-phillips-lovecraft

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Suite de mes aventures lovecraftiennes (pour ceux qui découvrent, Lovecraft est mon auteur de l'année 2022, je consacre mes week-end à la lecture de ses oeuvres - je commence par ses nouvelles du mythe de Cthulhu).

Beaucoup aimé cette nouvelle, assez conséquente. On retrouve toujours certains ingrédients typiques, comme le savant dosage du suspense, la mise en condition du lecteur, l'ambiance, l'écriture tout en hyperboles, prétéritions et superlatifs, le narrateur pas très détaillé, et la structure très découpée du texte.

Ici, 5 parties :
- l'avant Innsmouth, dans laquelle le narrateur va écouter des témoignages, entendre des récits, qui vont le mettre en condition (le lecteur avec). Pratique, parce que ça permet déjà de dresser un panorama flippant de la ville dans laquelle on n'a encore jamais mis les pieds.
- la découverte de la ville, qui se dévoile en plongée, depuis le bus. le trajet est comme un travelling à l'écran, c'est dynamique, et peu à peu, on s'en rapproche... L'ambiance est alors mouvante. le parcours dans la ville est placé sous le signe de la curiosité architecturale, mais évidemment, avec tous les a priori offerts dans la 1ère partie, c'est fichu.
- le contre-temps : il y a toujours un contre-temps. du coup, voilà notre narrateur coincé dans cette ville puante et glauque à souhait toute la nuit. Péripéties à l'hôtel, baston contre des forces non identifiées.
- la fuite et l'évanouissement (toujours)
- l'après événements.


Qu'est ce qui m'a plu ?

La peinture d'Innsmouth et des environs. C'est incroyable comment Lovecraft parvient à nous filer la chair de poule alors qu'il ne se passe rien : la ville est juste une ruine à ciel ouvert, peuplée de pauvres malheureux à l'image de leur ville pourrie - comble de malheur elle pue le poisson. Et l'on retrouve alors un univers sensoriel à tous les niveaux. Sensoriel et mouvant (comme les bestioles); voir le paysage changer au fur et à mesure j'adore.

Evidemment, j'ai beaucoup aimé l'arrivée des créatures terrrrrribles ! Voilà 60 pages que je les attendais, que j'espérais, que je redoutais, ce qui allait arriver ! Ce que j'aime beaucoup, après avoir lu une dizaine de nouvelles, c'est que c'est le lecteur qui se crée son imaginaire terrifiant tout seul. Lovecraft met quelques mots par ici, utilise les mêmes recettes qui fonctionnent, et hop on fait le reste. Car quand on met bout à bout les événements qui se déroulent effectivement et qui sont terrifiants, ça tient en deux lignes.

J'aime aussi le fil du fantastique, toujours très fin, et voir le narrateur tout faire pour ne pas le dépasser. J'aime beaucoup voir la raison se battre avec l'irrationnel dans l'esprit du narrateur, et voir l'écriture accompagner ce basculement - points de suspension, tirets, répétitions, phrases hachées...

Dans cette nouvelle, j'ai particulièrement aimé la fin. Plongeon dans les abysses, accueillies à bras ouverts. Il me semble que je n'avais pas encore lu de final comme ça dans les nouvelles précédentes. Là, ça file des sueurs froides dans le dos. J'ai trouvé ça inattendu, et bien joué. Ca termine de manière magistrale la nouvelle, et ça couronne l'horreur.

Je me rends compte aussi que Lovecraft nous fait visiter l'Amérique profonde; imaginaire, certes. Mais on parcourt des paysages, des villes et des campagnes, qui témoignent d'une situation économique, industrielle, sociale, d'une époque donnée. Il offre aussi une vue sur les idées de l'époque (sur le colonialisme par exemple, ou encore le statut de la femme - quasi toujours absente, ce qui est révélateur aussi...).

Bref, je boucle avec cette nouvelle mon premier round du mythe de Cthulhu, rdv la semaine prochaine pour le second round !
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Ce texte assez court instille le malaise dès le départ, qui commence par le récit d'un Narrateur expliquant connaître seul la vérité sur des événements troublants. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé ce début, très politique dans la réflexion, sur les silences du gouvernement, les dissimulations, voire les fake-news. Les autorités cachent la vérité, au nom de la sécurité et de la salubrité publique. Ce sont des réflexions très actuelles, jusqu'où l'Etat doit-il, ou peut-il, mentir aux citoyens ?
Ensuite, c'est la description d'une ville où personne ne veut aller, de son paysage de marais et rochers du Diable, de ses habitants différents physiquement qui mettent mal à l'aise, de ses légendes obscures et cruelles. Des hommes sales, mal habillés, au regard vide et aux marmonnements incompréhensibles traînent dans les rues, un alcoolique raconte de vieilles histoires délirantes, de nombreuses maisons sont murées, le pasteur de l'église locale est curieusement habillé... Et, surtout, une odeur de poisson imprègne toute l'atmosphère. le Narrateur se sent de plus en plus perturbé, puis inquiet, puis terrorisé à mesure que le texte bascule dans le fantastique et l'horreur. Il devient ensuite une course-poursuite haletante, même si on sait que tout va bien finir, puisque le Narrateur est justement là pour écrire plus tard son récit, puisque nous, lecteurs, le lisons. Et c'est là un nouveau tour de force à la toute fin avec une dernière révélation, qui prolonge le malaise.
Une lecture qui met mal à l'aise, certes, mais pour moi, j'aurais aimé que l'aspect politique soit plus creusé, c'est ce qui m'inquiétais finalement plus que ces créatures venues des abysses, car cela rejoint notre monde actuel.
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Le cauchemar d'Innsmouth est sans conteste la nouvelle que j'ai préféré de l'auteur. Très courte, j'ai été complètement happée par cette aventure obscure que vit le protagoniste. Innsmouth est une petite ville portuaire désertée par ses habitants et qui semble être l'objet de plusieurs malédictions. Les villages aux alentours ont peur d'Innsmouth et de ses habitants au faciès très particulier. Notre protagoniste va se retrouver à devoir passer la nuit malgré lui au sein de la ville.

Lovecraft arrive encore une fois a instaurer un sentiment de malaise profond et d'oppression au coeur de son histoire. La ville d'Innsmouth nous donne des frissons, nous épouvante mais en même temps nous fascine par son histoire mythologique mettant en scène un peuple de la mer immortel. Il est d'ailleurs beaucoup plus intéressant de lire cette nouvelle après avoir lu celle du mythe de Cthulhu car les deux récits sont très liés l'un à l'autre. Quant à la chute finale, je l'ai trouvé excellente et bien sombre !

Pour les fans courageux, je vous conseille d'essayer le vieux jeu vidéo d'horreur « Call of Cthulhu : Dark corner to the earth » qui reprend vraiment fidèlement la nouvelle de Lovecraft et nous immerge totalement dans l'ambiance de la ville. A condition de ne pas être frustré par un gameplay un peu trop vieux jeux.

Une très bonne lecture pour cette courte nouvelle faisant partie des incontournables de l'horreur !
Lien : https://repairedeslivres.wor..
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Ce recueil, qui comprend 6 nouvelles, est très certainement inégal sans pour autant être mauvais. Disons qu'en ouvrant sur une excellente nouvelle et une seconde très intéressante, les suivantes paraissent nettement moins biens. Cependant, aucune n'est vraiment mauvaise. La critique se rapporte donc à l'ensemble du recueil mais détaille uniquement, sans spoiler, la nouvelle dont est issu le titre du livre.

L'on peut dire que le voyage, de quelques jours à peine, effectué par Robert Olmstead au cœur de l'inquiétante ville côtière d'Innsmouth est plutôt terrifiant. Franchement, après lecture, qui aimerait être à sa place ?

Par un concours de circonstances, Olmstead va se rendre dans la ville d'Innsmouth, alors qu'il comptait se rendre à Arkahm. Intrigué par ce que les remarques, les ragots et le sentiment de dégoût des habitants de Newburyport au sujet de l'étrange et mystérieuse Innsmouth, notre héros va saisir l'occasion de s'y rendre afin d'en apprendre un peu plus. En effet, un bus, faisant de temps en temps le trajet vers la ville côtière, est en partance et le chauffeur indique qu'il refera le même trajet dans trois jours. Voilà qui semble parfait, pourtant… Olmstead va très vite déchanter.

La ville se révèle lugubre, inquiétante, sinistre, et peu accueillante. Aussi il y règne partout une abominable odeur de poisson. Les habitants, excepté l'épicier, ont un faciès tout aussi étrange que leur comportement. Olmstead semble apercevoir des silhouettes qui se dissimulent dans les coins et recoins, mais aussi entendre des voix qui murmures, des bruits de grincements et autres chose qui vont l'inquiéter. Il se retrouvera confronté à un ancien culte païen, l'Ordre ésotérique de Dagon.

S'en suit alors une sorte d'investigation de la part d'Olmstead pour étancher sa soif de curiosité. Il va rencontrer un épicier, apparemment le seul homme "normal" d'Innsmouth, mais aussi d'autres personnage, eux, à l'allure et aux habitudes dérangeantes. Il s'enfoncera dans la sombre noirceur des mystères de cette ville… Ou sombrera dans les hallucination démentielles et paranoïaques de son esprit…
Les nuits passé à Innsmouth seront désagréable pour Olmstead qui va tout faire pour quitter cette ville étrange en un seul morceau.

Il y a toujours chez Lovecraft, cette peur omniprésente et impalpable, quasi irréelle, mais pourtant bien présente. Il y a une sorte de paranoïa qui s'emparent de ses héros, une ambiance de cauchemars comme ceux auxquels l'auteur lui même était souvent en proie. Dans les description de l'horreur, sont souvent imbriqués des mots tel que cauchemardesque, nauséabonde, infernal, gargantuesque, effroyable, innommable, corrompu, purulent, fétide, hideux, immoral, cyclopéen, ténébreux, inquiétant...
Pour moi, ces mots participent à poser cette ambiance glauque, et cela fonctionne parfaitement.
En tout cas c'est vraiment dégueulasse, mais ça me plaît ! Et vous Paul ?
Lovecraft fait partie de mon top dix des auteurs que j'aime le plus lire, et honnêtement, bien qu'étant l'un de mes premières lecture de l'auteur, la nouvelle éponyme est une de mes préférés.
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