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EAN : 9782356450081
550 pages
Alexis Brun Productions (15/04/2009)
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4.3/5   5 notes
Résumé :
Qui ne connait Lovecraft ? Cet auteur hors du commun, père de la littérature fantastique moderne, aura fasciné des générations entières de lecteurs tant par ses écrits que par sa personnalité contradictoire. Ses idées, ses pensées, sa vision du monde et de l'homme... tout chez lui est sujet à polémique. Difficile d'accorder les lecteurs de l'opuscule de Michel Houellebecq, « Lovecraft contre le monde, contre la vie » avec ceux du très volumineux et richement documen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Combien de livres, essais et thèses de tous genres on été écrits pour nous éclairer sur la vie de cet étrange oiseau de Providence, le père de "Cthulhu", H.P. Lovecraft ?
Parmi les plus connus, j'ai envie de citer au moins la biographie de S.T. Joshi - un volume exhaustif de 700 pages, qui nous fait voir jusqu'à dans l'assiette du Maître, l'opuscule assez réussi de M. Houellebecq, dont j'ai déjà parlé ailleurs, et la biographie de L. Sprague de Camp - très complète, mais en même temps assez "désagréable" - faite de reproches constantes sur le manque de "professionnalisme" de Lovecraft, sur le fait qu'il "devrait écrire moins de lettres et plus de fiction", et surtout l'omniprésent "...MOI, à sa place, j'aurais fait ça et ça..."
Mais, après tout, c'est encore cette correspondance volumineuse qui permet de se forger un avis personnel sans l'influence d'un tiers.

Ces lettres datent de 1929, Lovecraft avait alors 39 ans, divorcé et réinstallé dans sa chère campagne après une expérience traumatisante de la courte période de sa vie new-yorkaise.
Dieu, qu'est ce qu'il déteste la ville, la crasse, les "machines", la vitesse et la production à la chaîne ! Il était, avant tout, un GENTLEMAN, malgré sa vie simple et ses faibles moyens financiers.
A travers ces missives à C.A. Smith, A. Derleth, à une certaine Miss Toldridge (tiens !) ou J.F. Morton, on découvre ce misanthrope autoproclamé sous un tout nouvel angle.

"Un gars démocratique" (Sic ! Ses propres mots !) extrêmement cultivé en ce qui concerne le "savoir classique", le monde littéraire et les dernières découvertes scientifiques. Un certain humour et beaucoup de dérision, voire l'autodérision. Un attachement presque douloureux à la campagne verte et encore intacte de la Nouvelle Angleterre, et aux "vraies" valeurs d'antan.
On peut le voir (à juste titre !) comme un réactionnaire - mais il avait vraiment une peur bleue qu'un jour l'industrie envahisse et enlaidisse la campagne, la quantité remplace la qualité, et les gens perdent le sens d'apprécier la beauté des choses simples.
A sa façon, il était un visionnaire....
On peut aussi se demander pourquoi ses biographes font si peu de cas de son racisme et son antisémitisme - les pages de ses lettres sont remplies d'énormités sidérantes ! Mais tout ça sont des spéculations purement théoriques, qui lui servent d'appuyer telle-quelle réflexion sur la suprématie de la vie d'autrefois. C'est vrai que "ça en jette" - mais il ne faut pas oublier que sa femme et la moitié des amis de sa "bande" autour de "Weird Tales" étaient Juifs... était il à ce point contradictoire ?
Possible; en tout cas, tant qu'on ne touche pas à ses "valeurs" et à sa "chère campagne", tout va bien...
Il est poli, il est modeste, il est conciliant - mais dès qu'il n'est pas d'accord avec quelque chose... J'ai adoré avec quelle verve (et quelle pertinence !) il démolit la remarque anodine de son ami, que Shakespeare était un "intellectuel" ! J'ai beaucoup aimé son long discours (purement théorique et très scientifique !) sur "l'érotisme chez la femme". Ses réflexions sur le mariage, qui pouvaient être choquantes à l'époque, mais qui sont, encore une fois, plutôt visionnaires. Ses descriptions lyriques de la nature, si contrastantes avec les paysages menaçants des "Montagnes Hallucinées".
Sa phrase est longue, érudite, mais jamais embrouillée.

Alors, est-ce que j'en sais plus sur Lovecraft ?
Peut-être pas, mais je le vois autrement.
Et j'aimerais bien recevoir un jour une lettre de 70 pages qui parle avec entrain d'une dizaine de sujets différents, comme ce chanceux Woodburn Harris. Signé - "Vive le Roi ! Respectueusement vôtre, pour la civilisation et le conservatisme, Theobaldus ".
Je crois vraiment qu'en ce qui concerne ce que les AUTRES pensent de lui, Lovecraft était un "je-m'en-foutiste cosmique" !

Et pour finir en beauté, une petite à trois accords - de quoi tirer une larme autour d'un feu de camp entre les fans d'HPL...
https://www.youtube.com/watch?v=XxScTbIUvoA
....les fans de "Delilah", veuillez pardonner !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Autre chose... je hais ces Français jacasseurs, avec leurs petites manières affectées & leur attitude mielleuse, & je défendrais la culture & la tradition anglaises jusqu'à la dernière goutte de mon sang. Mais de la même façon, je peux clairement voir que les Français ont une culture plus riche que la nôtre... que leur perspective intellectuelle est infiniment plus claire que la nôtre, & que leurs goûts sont infiniment plus éloignées de la simplicité animale. Quel Anglo-Saxon aurait pu écrire "La comédie humaine" de Balzac ou les "Fleurs du mal" de Baudelaire ? Ce n'est que dans le domaine des sentiments POETIQUES généraux que nous pouvons surpasser les Français, si bien qu'en termes de civilisation, il n'y a que des figures comme Shakespeare, Milton & Coleridge, Byron, Shelley & Keats que nous pouvons honnêtement placer au-dessus d'eux. Ils sont les Grecs du monde occidental moderne, de la même façon que nous en sommes les Romains.

(à Woodburn Harris, novembre 1929)
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En d'autres mots, nous ne mesurons plus les hommes comme les êtres humains, mais comme les pièces efficaces d'une vaste machine mathématique sans autre but ni raison que l'accroissement de la précision et de la rentabilité de ses propres mouvements inutiles et stériles. Voilà pourquoi l'avènement inévitable de la nouvelle aristocratie de l'âge de la machine, composée de dirigeants mentalement supérieurs, ne me donne aucun espoir d'une civilisation renouvelée. Cette future aristocratie - dont les pionniers sont déjà parmi nous, personnalisés comme ils le sont par les industriels comme Ford, Firestone, Rockefeller, Stinnes, Lever, etc., etc. - sera uniquement celle de la richesse, de la splendeur, du pouvoir, de la vitesse, de la quantité et des responsabilités; car ayant été fondée sur l'acquisition et l'industrie, elle tirera naturellement tous ses courants affectifs de cet idéal vide de sens constitué par la taille, la mesure, le précision et l'activité pour l'activité... l'idéal grossier du FAIRE, par opposition à l'idéal civilisé de l'ÊTRE.

(à James Ferdinand Morton, 1929)
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Il y a un vieil épigramme qui définit un gentleman comme "un homme qui se fiche comme d'une guigne d'être ou non un gentleman"... et je voudrais développer ce principe à d'autres arts que celui de vivre, en déclarant qu'un artiste est celui qui se fiche pas mal de savoir s'il crée ou non de l'art, mais qui réussit en n'essayant pas de réussir, et dont le but est simplement de s'exprimer, et qui, sans faire exprès, se retrouve en train de créer une beauté authentique.

(à mademoiselle Elizabeth Toldridge, septembre 1929)
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...Mais je vous envie VRAIMENT cette virée en aéroplane... car le petit avant-goût dont j'ai fait l'expérience à Onset, en août, pour 3,50 $, m'a vraiment fait découvrir les joies de l'envol super-nubien; un plaisir auquel je n'ai pas encore eu l'opportunité de m'adonner à nouveau. J'aurais horreur qu'on fasse un usage commercial des aéroplanes, car il ne font qu'accroître cette foutue accélération inutile d'une vie qui va déjà bien trop vite; mais comme appareils pour divertir un gentleman, ils sont O.K. !

(à J.F. Morton, novembre 1929)
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