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Critique de philippemarlin


Les Montagnes Hallucinées (ou Montagnes de la Folie) (1931, At the Mountains of Madness, 1936 in Astounding Stories) est un texte long, un véritable mini-roman et certainement l'un des chefs d'oeuvre de Lovecraft dont la plume fantastique prend toute sa puissance. Il s'agit du récit de la mission d'exploration en Antarctique (1930-1931) du Pr William Dyer, enseignant en géologie à l'Université de Miskatonic, assisté de Franck H. Pabodie, responsable du département ingénierie et concepteur d'un appareil de forage exceptionnel. Les moyens mis à la disposition par la Fondation Nataniel Derby Pickman sont très importants, deux navires (le Miskatonic et l'Arkham), quatre avions, deux autres universitaires (Lake du département de biologie et Atwood, physicien et météorologue) plus 16 assistants (étudiants et mécaniciens). le reportage sera assuré par radio au bénéfice de l'Arkham Advertiser et de l'Associated Press. Il sera au départ très technique, l'auteur maîtrisant parfaitement les bases de la géologie et de la géographie du Pôle Sud.
Les premières descriptions font allusion aux tableaux de Nicolas Roerich, au plateau de Leng évoqué dans le Necronomicon, mais aussi aux Aventures d'Arthur Gordon Pym de Poe et à la première mission de l'Amiral Byrd. Quant aux forages, ils permettent de mettre à jour d'étranges ardoises mystérieusement striées par un organisme massif inconnu. La mission se scinde en deux groupes, celui de Lake partant explorer une région d'immenses montagnes. Les rapports de ce dernier sont de plus en plus extraordinaires : découverte de grottes, d'ossements, d'un immense réseau souterrain, toujours des ardoises avec leurs griffures. Fowler fait une découverte de la plus haute importance dans les fragments de grès et de calcaire venant des minages. Plusieurs empreintes triangulaires striées, distinctes, comme celles de l'ardoise archéenne, prouvent que l'origine en a sur- vécu plus de six cents millions d'années jusqu'à l'époque comanchienne sans plus de changements que des modifications morphologiques peu importantes et une certaine réduction de la taille moyenne. Les empreintes comanchiennes sont apparemment plus primitives, ou décadentes peut-être, que les plus anciennes.
Et la moisson continue de s'enrichir (fragments de stéatite verte en forme d'étoile à 5 branches) et met à jour un énorme fossile en forme de tonneau. Orrendorf et Watkins, travaillant en profondeur à la lumière, ont trouvé à 21 h 45 fossile monstrueux en forme de tonneau, de nature totale- ment inconnue ; probablement végétale sinon spécimen géant d'un radiolaire marin inconnu. Tissu évidemment conservé par les sels minéraux. Dur comme du cuir mais étonnante souplesse par endroits. Marques de cassures aux extrémités et sur les côtés. Six pieds d'un bout à l'autre, trois pieds et demi de diamètre au milieu, s'effilant jusqu'à un pied à chaque extrémité. Rappelle un tonneau avec cinq arêtes en saillie comme des douves. Séparations latérales comme des tiges assez fines, à l'équateur, au milieu de ces saillies. Excroissances bizarres dans les sillons entre les arêtes. Crêtes ou ailes qui se replient ou se déplient comme des éventails. Tous très abîmés sauf un dont l'aile étendue a presque sept pieds d'envergure. L'aspect rappelle certains monstres du mythe primitif, spécialement les fabuleux Anciens dans le Necronomicon.
D'autres spécimens seront trouvés et rapporté au camp de Lake pour étude. Les spécimens complets offrent une ressemblance si troublante avec certains êtres du mythe primitif que l'idée de leur existence très ancienne hors de l'Antarctique devient inévitable. Dyer et Pabodie ont lu le Necronomicon et vu les peintures cauchemardesques de Clark Ashton Smith inspirées du texte ; ils comprendront quand je parle de ces Anciens qui passent pour avoir créé toute vie sur terre par plaisanterie ou par erreur. Les érudits ont toujours pensé que cette idée était née d'interprétations imaginaires morbides de très anciens radiolaires tropicaux. Et aussi de créatures du folklore préhistorique dont parlait Wilmarth – prolongements du culte de Cthulhu, etc.
Et puis c'est le drame. le contact radio est coupé avec la mission Lake, amenant la première, celle de Dyer, de se porter à son secours. Et le constat sera terrifiant : le camp est dévasté, les membres sont affreusement déchiquetés, sauf l'un des étudiants qui a disparu. Quant aux « cadavres des tonneaux », huit se sont volatilisés les autres ayant été enterrés debout.
Dyer, accompagné de Danford, partent en avion pour une mission de reconnaissance afin de tenter de percer le mystère. Ils découvriront, derrière les montagnes, une cité cyclopéenne à priori désertée (Leng, Kaddath ?) qu'ils entreprendront de visiter. Et là, à la lecture de nombreuses peintures murales, les éléments du puzzle vont progressivement s'assembler et Lovecraft nous offrira une grandiose vision de synthèse du « Mythe ». Les Anciens sont venus, dans un passé immémorial, des étoiles. Ils ont colonisé la terre, aidés par des créatures de synthèse qu'ils ont mises au point, les shoggoths. Ils ont du combattre d'autres créatures stellaires malfaisantes, les Grands Anciens, comme Cthulhu, et les ont cantonnés sous les mers ou dans l'espace. Ils ont dû aussi faire face à une révolte des shoggoths, un peu sur le thème de la révolte des robots ! Mais les bouleversements géologiques les ont contraints de se replier en Antarctique, puis au centre de la terre où ils survivent encore.
Cette présentation est d'autant plus intéressante qu'elle met un terme à toute idée de divinité chez les créatures de Lovecraft :
Ils n'avaient pas même été sauvages – car qu'avaient-ils fait en vérité ? Cet affreux réveil dans le froid d'une époque inconnue – peut-être l'attaque de quadrupèdes velus aboyant follement et la défense abasourdie contre eux et des simiens blancs tout aussi frénétiques, avec leurs bizarres enveloppes et leur attirail... Pauvre Lake, pauvre Gedney... et pauvres Anciens ! Scientifiques jusqu'au bout – qu'ont-ils fait que nous n'aurions fait à leur place ? Dieu, quelle intelligence et quelle ténacité ! Quel affrontement de l'incroyable, tout comme ces frères et ancêtres sculptés avaient affronté des choses à peine moins croyables ! Radiolaires, végétaux, monstres, frai d'étoiles – quoi qu'ils aient été, c'étaient des hommes !

° Les livres

Je percevais aussi le retour d'un malaise devant les ressemblances avec les mythes archéens, et des correspondances troublantes entre ce royaume fatal et le tristement célèbre plateau de Leng dans les écrits primordiaux. Les mythologues ont situé Leng en Asie centrale ; mais la mémoire de la race humaine – ou de ses prédécesseurs – est longue et il est bien possible que certains récits soient is- sus de contrées, de montagnes et de temples d'une horreur plus ancienne que l'Asie et qu'aucun monde humain connu. Quelques occultistes audacieux ont soupçonné une origine prépleistocène des Manuscrits pnakotiques fragmentaires et suggéré que les zélateurs de Tsathoggua étaient aussi étrangers à l'humanité que Tsathoggua lui-même. Leng, où qu'il ait pu nicher dans l'espace et le temps, n'était pas un lieu qui m'attirait, de près ou de loin ; pas plus que je ne goûtais le voisinage d'un monde qui avait nourri les monstres ambigus archéens dont Lake avait parlé. Sur le moment, je regrettai d'avoir lu le détestable Necronomicon, et d'avoir tant discuté à l'université avec Wilmarth, le folkloriste si fâcheusement érudit.


° Les Aventures d'Arthur Gordon Pym (The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket) est l'unique roman achevé par Edgar Allan Poe. Il est publié en 1838 aux Etats-Unis et en Angleterre. Charles Baudelaire en donne une première traduction française en 1858.
Présenté par ses éditeurs comme le récit d'un authentique voyage de découverte aux confins inexplorés de l'océan Antarctique, l'ouvrage a été éreinté par la critique anglo-américaine lors de sa parution et quasiment renié plus tard par son auteur. Baudelairelui-même exprima initialement des réserves face à ce roman d'aventures exubérant, non dénué d'invraisemblances et de défauts de construction, qui par la suite impressionna profondément des lecteurs tels que Jorge Luis Borges, Jules Verne, Howard Phillips Lovecraft ou encore Gaston Bachelard.
L'odyssée énigmatique d'Arthur G. Pym, le mystère qui plane autour de sa disparition au large du pôle sud, ainsi que la nature de la « silhouette voilée » qui clôt le récit ont par ailleurs donné lieu aux interprétations les plus diverses et les plus contradictoires.

° Nicolas Roerich. (1874, 1947). Ce peintre est cité à 6 reprises par l'auteur.
(wiki) Né en Russie, il voyage autour du monde jusqu'à sa mort à Naggar, dans la vallée de Koulou de l'Himachal Pradesh, en Inde. Après des études de droit, il s'intéresse à la littérature, à la philosophie, à l'archéologie et tout spécialement à l'art. Il se forme à Paris auprès de Fernand Cormon, où il rencontre de nombreux artistes, français, russes ou étrangers. Il participe également au début de l'aventure des Ballets russes. Il créa les costumes et les décors pour le Sacre du printemps de Stravinsky.
Il visite pour la première fois New York en 1920. Après avoir visité les Etats-Unis, sa femme et lui s'établissent dans cette ville, fondant le Master Institute of the United Arts. Ils rejoignent différentes sociétés théosophiques et cercles rosicruciens, tels que l'AMORC, et leurs activités dans ces groupes dominent leurs vies.
Après avoir quitté New York, les Roerich – avec leur fils Georges et six amis – partent pour une expédition de cinq ans en Asie. Pour reprendre les termes mêmes de Roerich, « partant du Sikkim, l'expédition est passée par le Pendjab, le Cachemire, le Ladakh, les Montagnes de Karakoram, Khotan, Kashgar, Qara Shar, Urumchi, Irtysh, les Montagnes de l'Altaï, la région d'Oryot de Mongolie, le Gobi central, Kansu, Tsaidam, et le Tibet » avec un détour à travers la Sibérie jusqu'à Moscou en 1926. Entre l'été 1927 et juin 1928, l'expédition semble perdue, car tout contact a cessé depuis un an. Ils ont été attaqués au Tibet et seule « la supériorité de [leurs] armes à feu a empêché l'effusion de sang. ... Malgré [leurs] passeports mentionnant le Tibet, l'expédition a été arrêtée de force par les autorités tibétaines ». L'expédition est retenue par le gouvernement pendant cinq mois et ses membres sont forcés d'habiter dans des tentes à des températures en dessous de zéro et de subsister avec de maigres rations. Cinq hommes de l'expédition meurent à ce moment-là. Au mois de mars de 1928, ils sont autorisés à partir du Tibet et continuent vers le sud pour s'établir en Inde, où ils fondent un centre de recherche archéologique, l'Institut de recherche himalayen (The Himalayan Research Institute).
En 1929, Nicolas Roerich est nommé pour le Prix Nobel de la paix par l'Université de Paris (il recevra une seconde nomination en 1935). Son intérêt pour la paix l'amène à la création de la Pax Cultura, la « Croix-Rouge » de l'art et de la culture. Son oeuvre dans ce domaine amène les Etats-Unis et les vingt autres membres de l'Union pan-américaine à signer le Pacte Roerich, le 15 avril 1935. le Pacte Roerich est un instrument international présenté comme protégeant la propriété culturelle.

° La Mission de l'Amiral Byrd en Antarctique (1939-1941) : Lovecraft évoque la première mission ; c'est pourtant la seconde qui va donner lieu à la naissance de la légende rejoignant les visions de l'auteur. D'après le blog « Actualité de l'Histoire » : mais il y a tout de même un fait intéressant à signaler. C'est le témoignage des deux pilotes, Kreitzer et Reinbolt. Ils ont volé vers le sud et ont soudainement découvert « une série de cristal de montagnes de glace, lumineusement bleu dans le ciel noir, haute de plus de deux miles ». Ils volèrent près des sommets de ces montagnes, et suivirent la chaîne montagneuse sur près de cent miles avant de rebrousser chemin. L'un d'eux dira plus tard à Byrd, « C'était comme un paysage sur une autre planète ».
Est-ce à cause de ce rapport de vol, que Byrd décida de voler loin au Pôle-Sud. Toujours est-il qu'il effectua bien un vol jusqu'à un endroit inconnu, mais qui ne pouvait pas « se trouver dans notre monde », du fait de la distance parcourue, en volant toujours au sud. Il dira avoir rencontré une civilisation, des hommes du centre de la Terre. Qui possédaient des engins volants en forme de soucoupes et qui parlaient avec l'accent Allemand. Ils lui remirent un message pour les dirigeants de la Terre, et ajoutèrent qu'ils n'hésiteraient pas à intervenir, et qu'ils ne les laisseraient pas la détruire. (2)
Le rapport de Byrd au sujet de cette rencontre devant les autorités de la Marine, resta secret. Nous connaissons l'aventure de Byrd, par son carnet de vols, dans lequel il relate ce qu'il a vécu au Pôle-Sud. La seule information qui ait filtré à l'époque, fût sa déclaration au journal Chilien « El Mercurio » : « En cas de guerre, il faudra s'attendre à des avions capables de voler d'un pôle à l'autre.

° Jeu de Rôle (Chaosium, Sans Détour 2010)
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