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Françoise Brun (Traducteur)
EAN : 9782743600990
209 pages
Payot et Rivages (02/08/1996)
3.26/5   35 notes
Résumé :
Madame Arnitz avait imaginé des " destins " pour ses filles, mais Isabella est partie très jeune se marier à Rome et Margot vit encore dans la grande maison de famille, dans les montagnes suisses. La vie amoureuse agitée et compliquée de cette grande bourgeoise catholique, aujourd'hui grand-mère, a laissé de nombreuses traces insidieuses et conflictuelles chez ses enfants naturels ou adoptifs. La Seconde Guerre mondiale et l'arrivée d'Arturo, jeune intellectuel juif... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Jouant sur les intermittences du coeur et les scories de la mémoire.. .à moins que ce ne soit le contraire, Rosetta Loy tisse fort habilement une jolie toile où se piègent les passions.

Comme une araignée patiente, elle tend ses fils de soie, en avant, en arrière, au centre, sur les bords: les temps se mêlent, les non-dits, les pas -compris et les pas -vu-pas-pris dérobent la vérité dans un incessant jeu de cache-cache.

Les points de vue varient: tantôt celui d' une petite fille qui sent plus qu'elle ne comprend, celui d'une vieille dame injuste, égoïste et lucide qui juge plus qu'elle ne comprend , celui d'un adolescent complexé et jaloux qui se jette imprudemment dans le jeu des autres, celui d'une jeune femme que la vie a d'abord trop gâtée puis qu'elle accable sans pitié.

Le chocolat, lui, se fait attendre: on le dégustera à petites gorgées quand, la toile tissée, se mettra en place le dernier fil.

Et que se découvre l'ensemble de cette tapisserie au petit point...

Ne comptez pas sur moi pour vous raconter l'histoire: tout le charme de ce récit patiemment composé, comme les patchworks de nos grands-mères, en serait rompu...

C'est joli, subtil, bien écrit.

Cruel aussi.

La toile n'est pas seulement celle, habile, de la structure romanesque. C'est aussi la grande toile d'araignée de l'Histoire, celle d'une Italie soumise aux lois raciales. Les Juifs sont traqués - exclus, pourchassés et indésirables jusque dans cette Suisse limitrophe, proprette et ripolinée, avec ses chalets faussement rustiques où les grandes bourgeoises revêtent pulls à torsades ou dirndl pour faire couleur locale...un piège à elle toute seule, la Suisse, avec ses faux airs d'abri intangible, de sanctuaire pour bergers au coeur pur!

Tendre et cruel...oui, ce livre italien a un petit air fitzgeraldien avec ses amours passionnées et pas toujours partagées, marquées du sceau du scandale, et même du meurtre. .. ou masquées par des foulards de soie et des rideaux de larmes.

Ou noyées avec distinction dans un chocolat chaud, bu du bout des lèvres, chez Hanselmann..
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Que celles et ceux qui, par le titre alléchés, salivent déjà, je suis au regret de leur dire qu'hélas ils ne friseront pas l'indigestion chocolatée en dégustant ce roman.

L'intrigue se déroule près de la frontière italienne, dans une Suisse à peine éclaboussée par les soubresauts de la Seconde Guerre mondiale, plus exactement à Chesa Silviscina, petit paradis entouré de lacs et de montagnes, où vit Madame Arnitz. Autour d'elle gravite toute une jeunesse insouciante dont elle aime à s'entourer, parmi laquelle ses filles Isabella et Margot ainsi que leurs amis.
L'équilibre doré se brise le jour où Isabella introduit Arturo, jeune professeur juif venu ici incognito, se mettre à l'abri des lois antisémites italiennes. Margot et Arturo vont s'amouracher l'un de l'autre ce qui provoquera un drame et précipitera leur fuite.
Des années plus tard, la fille d'Isabella va tenter de reconstituer cet épisode auquel sa mère, aujourd'hui disparue, a pris part.

Chassés croisés amoureux, dévoilements familiaux distillés au compte-gouttes, dédale de témoignages entrecroisés à diverses époques jusqu'aux dernières pages où, tel un nom de code, le chocolat chez Hanselmann tant attendu livre un ultime éclairage.
Ce roman est à l'image de la Suisse, à savoir une intrigue calfeutrée narrée sur un ton presque bénin mais lourd de sous-entendus et qui ne se révèle pas facilement.

Une histoire plutôt bien écrite même si le montage est complexe (je me suis plus d'une fois égarée dans les époques) pour, au final, une révélation qui n'en est pas vraiment une et n'a rien de fracassant.
L'atout de ce livre réside dans cette atmosphère particulière, un brin surannée, qui fait le fameux charme discret de la bourgeoisie et qui contraste avec le contexte dramatique de l'époque.

Je suis donc restée un peu sur ma faim tout en appréciant l'arrière-fond historique.


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Cioccolara da Hanselmann paru en 1985,
est le deuxième roman de Rosette Loy après le grand succès de "La parola ebreo" .
Ici, le temps et l'espace sont très importants. Les nombreux passages entre présent et passé brisent le rythme de la narration qui n'a rien de linéaire.
L'histoire se développe autour des personnages féminins : la description de leurs sentiments et de leurs émotions. Les hommes sont présents, sans être approfondis.
Je ne parle pas des femmes, elles sont sur la quatrième de couverture !

Ce sont les années trente, les lois raciales, les persécutions. Pour illustrer son propos, l'auteur introduit un jeune et séduisant scientifique juif qui refuse d'être un "pourchassé" et tient à conserver sa dignité.
Il sera à Rome, chez l'aînée, en Suisse, chez la seconde.
Malheureusement, la sérénité de la tranquille demeure, près de Saint-Moritz, ne peut faire oublier les horreurs de la guerre.

J'ai aimé ce roman, son atmosphère, l'empathie de l'auteur pour les persécutés de ces années noires.
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Un chocolat chez Hanselmann, paru en 1995, est le second roman de Rosetta Loy. Ce récit met en scène une famille italienne qui a fuit le fascisme pour se réfugier en Suisse. Dans ce milieu de la haute aristocratie, on se préoccupe essentiellement de mondanités, de ski et de musique en oubliant la seconde guerre mondiale. Dans les montagnes suisses, Mme Arnitz, aujourd'hui grand-mère, avait imaginé des "destins" pour ses filles mais Isabella, sa fille aînée, est partie très jeune se marier à Rome et Margot vit encore dans la grande maison de famille. La vie amoureuse agitée et compliquée de cette grande bourgeoise catholique ont laissé des traces incidieuses et conflictuelles chez ses enfants naturels ou adoptifs, et l'arrivée du Docteur Cohen, réfugié juif, ami d'Isabella, transformera les non-dits en guerre de religion à l'échelle privée.
Un chocolat chez Hanselmann n'est pas à proprement parlé un récit historique. C'est avant tout une histoire de famille sur fond de Seconde Guerre Mondiale et de persécutions juives. Les différents points de vue narratifs donnent du relief et de la dynamique au récit. Ils amènent peu à peu la lumière sur les mystères qui planent; démêlant au fur et à mesure les secrets de la famille de Mme Arnitz. Les non-dits et les sous-entendus pèsent sur le lecteur qui ressent l'ambiance à la fois feutrée et pesante du roman. le flou entretenu autour des relations entre les personnages nous maintient dans l'attente du dénouement. Très beau livre.
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C'est un livre qui se déguste , par petites touches .L'auteure se plait à nous promener du présent au passé tout en nous délivrant au compte gouttes des épisodes de la vie des personnages . C'est seulement à la fin du livre qu'on comprends toute l'histoire et que toutes les pièces du puzzle s'emboitent . Ce livre m'a été prêté par une amie et j'envisage de l'acheter pour pouvoir le relire car je suis sûre que j'ai encore des choses à y découvrir maintenant que je l'ai terminé .
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
C'est faux: rien ni dans les lieux ni dans les souvenirs n'est à l'abri de ce rongeur qu'on appelle mémoire. Seuls peut-être en réchappent ces insectes invisibles qui survivent aux cataclysmes cachés dans les replis de la terre ( un sofa jaune, un bol en bois, un vieux dirndl ).
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En première lecture, je me suis perdu dans ce livre vu ses sauts et retours dans le temps, ces nombreux personnages (un petit arbre généalogique m'a aidé), de plus je l'ai lu en version originale, et j'avoue qu'il m'ennuyait un peu. Tout est construit comme un puzzle, dont les parties s'imbriquent l'une â l'autre jusqu'à ce qu'à l'ajout de la dernière pièce, tout prenne son sens. J'ai voulu le relire immédiatement après et là, la langue n'étant plus en seconde lecture un handicap, le livre m'a enchanté. Les personnages sont intéressants, les relations entre eux (dont celle liant deux demi-sœurs amoureuses du même homme), le contexte - les années peu avant, pendant et peu après la seconde guerre mondiale, les persécutions contre les juifs, la description d'une bourgeoisie suisse qui continue à vivre sans être vraiment touchée par la situation de guerre chez ses voisins, tous ces éléments sont décrits avec justesse.
La construction du roman est originale.
Un beau livre.
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Après ce soir-là les petites s’étaient encore penchées en tirant le cou par-dessus le parapet du balcon dans l’espoir de le voir arriver avec sa démarche balancée et sa veste déboutonnée sur son pull vert chou : puis papa avait dit ça ne sert à rien. Arturo est parti.

Maman avait replacé le feutre sur les touches du piano, d’autres collègues de papa venaient quelquefois à la maison et maman restait assise avec eux quelques instants sans bouger puis trouvait un prétexte pour se lever et commencer à faire autre chose.
Les autres, les collègues d’Enrico, la suivaient du regard, la robe d laine qui enserrait ses hanches arrondies et ces jambes longues, pleines au mollet, fines et nerveuses à la cheville.
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Il était plus jeune que Papa et ne portait pas de cravate, ses pull-overs avaient des couleurs extravagantes, rouge, vert chou, jaune. Qui sait où il se les achète, disait Maman, et papa était un peu jaloux parce qu’elle était plus gaie quand Arturo était là.
Quelquefois ils sortaient ensemble tous les trois et les petites les voyaient par la fenêtre monter dans le tram ou marcher bras dessous, bras dessus, maman au milieu, en direction de la piazza del Popolo.
« dommage que tu aies épousé Enrico, avait-il dit un jour, tu aurais été une sacrée allumeuse. » Maman était devenue rouge, et une expression de défi était apparue sur son visage, mais quand les petites avaient demandé ce que ça voulait dire allumeuse, elle avait répondu très vite : « qui allume les coeurs ». « Beaucoup plus que les coeurs » avait protesté Arturo ; il riait et ses dents irrégulières, grandes, lui donnaient une expression d’adolescent désinvolte. Le rouge était monté alors violemment aux tempes de maman.
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Il était plus jeune que Papa et ne portait pas de cravate, ses pull-overs avaient des couleurs extravagantes, rouge, vert chou, jaune. Qui sait où il se les achète, disait Maman, et papa était un peu jaloux parce qu’elle était plus gaie quand Arturo était là.
Quelquefois ils sortaient ensemble tous les trois et les petites les voyaient par la fenêtre monter dans le tram ou marcher bras dessous, bras dessus, maman au milieu, en direction de la piazza del Popolo.
« dommage que tu aies épousé Enrico, avait-il dit un jour, tu aurais été une sacrée allumeuse. » Maman était devenue rouge, et une expression de défi était apparue sur son visage, mais quand les petites avaient demandé ce que ça voulait dire allumeuse, elle avait répondu très vite : « qui allume les coeurs ». « Beaucoup plus que les coeurs » avait protesté Arturo ; il riait et ses dents irrégulières, grandes, lui donnaient une expression d’adolescent désinvolte. Le rouge était monté alors violemment aux tempes de maman.
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Videos de Rosetta Loy (5) Voir plusAjouter une vidéo
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Samedi 19 septembre 2020 / 9 h
Florence Seyvos et Anne Alvaro nous font parcourir l'univers de Sisyphe est une femme, l'essai de Geneviève Brisac, à travers l'évocation d'Alice Munro, Marguerite Duras, Rosetta Loy...
Florence Seyvos est écrivaine et scénariste. Les Apparitions, Prix Goncourt du premier roman 1995 et le prix France Télévisions 1995. L'Abandon, 2002, le Garçon incassable, 2013 (prix Renaudot poche). Elle a également publié à l'École des loisirs une dizaine de livres pour la jeunesse et coécrit avec la réalisatrice Noémie Lvovsky les scénarios de ses films, comme La vie ne me fait pas peur (prix Jean-Vigo), Les Sentiments (prix Louis-Delluc 2003) ou Camille redouble. Elle publie en septembre 2020 Une bête aux aguets, aux éditions de l'Olivier.
Anne Alvaro est actrice de théâtre et de cinéma. Elle a joué dans des pièces mises en scène par Georges Lavaudant, Claude Guerre ou Hubert Colas. Au cinéma dans le film Danton d'Andrzej Wajda en 1981, et dans quatre films de Raoul Ruiz. En 1999, elle reçoit le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour son rôle dans le film d'Agnès Jaoui, le Goût des autres et une seconde fois en 2010 pour le personnage de Louisa dans le Bruit des glaçons de Bertrand Blier.
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