C'est le désir, le fait de se languir du Bien-aimé qui va transformer le disciple, et non le fait de le posséder. Comprendre ce principe est fondamental. (...)
Après avoir réalisé que l'on est déjà éveillé car, en fait, il n'y a jamais ni séparation de Dieu, ni non-éveil, on peut accéder à la dévotion. Si l'on assume avec intégrité la conscience de l'éveil et ce qu'elle implique, le corps ira spontanément, tout naturellement, vers un état dans lequel la dévotion jaillira d'elle-même en général sans qu'on l'ait désiré et de manière inattendue.
Prendre conscience de son propre éveil, c'est s'établir dans ce que j'appelle "l'esprit qui ne qualifie pas". Quand cela se produit, on ne se pose pas la question de savoir qui adore et qui est adoré. On éprouve de la dévotion, voilà tout, on sait et on suit son instinct. En même temps, on reconnait que l'on est retourné à la dualité tout en demeurant dans le contexte de la non-dualité. Alors, il n'y a pas seulement réalisation de la vérité mais expression concrète de la vérité dans le monde.
Dans la tradition Baûl, au Bengale, on parle du Bien-aimé comme étant "l'homme du coeur", en bengali "manar manush". Ils considèrent que le Bien-aimé ne se trouve pas à l'extérieur de soi mais se tient dans le coeur humain, attendant le moment où il pourra libérer ce coeur et le plonger dans l'extase. C'est de cette tradition que je me sens le plus proche.