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Citations sur Voyages dans le Reich : Des écrivains visitent l'Allema.. (7)

page 60 Georges Simenon :"Je l'ai vu, le Messie, dix jours avant les élections, qui rentrait dans son appartement du Kaiserhof. J'habitais dans le même hôtel,à cent mètres de la maison d'Hindenburg. Il neigeait. Il faisait gris. On lisait dans les journaux étrangers des reportages qui s'intitulaient :"la misère en Allemagne"!
Et, en effet, tous les cent mètres, un homme très bien mis, très discret, vous demandait un mark, ou moins, ou plus, en retirant son chapeau.
Quelque part je rencontrai un enterrement suivi par des milliers d'hommes en chemise brune. Et par-ci, par-là, il y avait une auto de police avec des mitrailleuses prêtes à entrer en action.
Il s'agissait de l'enterrement d'un hitlérien tué par les communistes.
Dans le plus grand journal de Paris, j'ai lu le lendemain : "la terreur en Allemagne".
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Cela ne peut se comprendre que par une sorte particulière de frisson et de battement de coeur — cependant que l’esprit demeure lucide. Ce que j’éprouve maintenant, c’est cela qu’on doit appeler “l’horreur sacrée“. Je me croyais à un meeting de masses, à quelques manifestations politiques. Mais c’est leur culte qu’ils célèbrent (Denys de Rougemont)
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Mais voici une rumeur de marée, des trompettes au dehors. Les lampes à arc s'éteignent dans la salle, tandis que des flèches lumineuses s'allument sur la voûte, pointant vers une porte à la hauteur des premières galeries. Un coup de projecteur fait apparaître sur le seuil un petit homme en brun, tête nue, au sourire extatique. Quarante mille bras, quarante mille hommes, se sont levés d'un seul coup. L'homme s'avance très lentement, saluant d'un geste lent, épiscopal, dans un tonnerre assourdissant de Heil rythmés. (Je n'entends bientôt plus que les cris rauques de mes voisins sur un fond de tempête et de battements sourds.) Pas à pas il s'avance, il accueille l'hommage, le long de la passerelle qui mène à la tribune. Pendant six minutes, c'est très long. Personne ne peut remarquer que j'ai les mains dans les poches : ils sont dressés, immobiles et hurlant en mesure, les yeux fixés sur ce point lumineux, sur ce visage au sourire extasié, et des larmes coulent sur les faces, dans l'ombre.
Et soudain, tout s'apaise. (Mais la marée de nouveau enfle au-dehors.) Il a étendu le bras énergiquement - les yeux au ciel – et le Horst Wessel Lied monte sourdement du parterre. « Les camarades que le Front rouge et la Réaction tuèrent marchent en esprit dans nos rangs. »
J'ai compris.
Cela ne peut se comprendre que par une sorte particulière de frisson et de battement de cœur – cependant que l'esprit demeure lucide. Ce que j'éprouve maintenant, c'est cela que l'on doit appeler l'horreur sacrée.
Je me croyais à un meeting de masses, à quelque manifestation politique. Mais c'est leur culte qu'ils célèbrent ! Et c'est une liturgie qui se déroule, la grande cérémonie sacrale d'une religion dont je ne suis pas, et qui m'écrase et me repousse avec bien plus de puissance, même physique, que tous ces corps horriblement tendus.
Je suis seul et ils sont tous ensemble.

Denis de Rougemont
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Tous les soirs, je vais m'installer dans un grand café d'artistes à moitié vide, près de l'église du Souvenir. Des juifs et des intellectuels de gauche y rapprochent leurs têtes au-dessus des tables de marbre, s'entretenant à voix basse, angoissée. Beaucoup d'entre eux s'attendent à être arrêtés, aujourd'hui, demain ou la semaine prochaine (Christofer Isherwood)
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Je passe la première soirée dans le parc du château de Stuttgart, où se dressent, immenses, d'innombrables platanes ; leurs cimes séculaires, qui touchent le ciel, sont encore nues ; les pelouses généreuses s'étendent alentour, surprenant ça et là avec leurs crocus en fleur. De ces petites fleurs isolées, à l'air enfantin et timide, Rilke disait qu'elle se dressaient pour dire : « bleu ». A l'arrière-plan, on reconnaît les contours de ce joli château ancien, qui n'a pas encore été reconstruit après l'incendie, et qui baigne en ce moment dans la lumière dorée du soir, derrière un filet de branches bourgeonnantes. En face de mon banc, un étang vert foncé où nagent les cygnes, leur cou se reflétant dans l'eau calme comme de longues bougies, droites et blanches.

Max Frisch
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Des gens se rassemblaient au soleil...plutôt sur commande, comme pour le sport à l’école. Bannières tendues dans les hauteurs en travers de la rue “le juif est notre ennemi“ “Il n’y a pas de place pour les juifs“ Nous avons donc filé à toute vitesse, jusqu’à ce que nous soyons hors de portée de la foule docile dans son hystérie.(V Woolf)
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Des envoyés spéciaux écrivaient sans rire Il est impossible que le parti de la violence l’emporte
Il ne faut pas leur en vouloir, c’était la première fois qu’ils mettaient les pieds en Allemagne et ces milliers de chemises brunes, ces autos avec des mitrailleuses, les impressionnaient vraiment.(G Simenon)
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