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sur 240 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ça commence comme un joli conte pour enfants…et ce n'est pas ça du tout…Voilà une expérience de lecture à la fois fascinante et ardue, jubilatoire et complexe. Vertigineux dans tous les sens du terme. Un conte philosophique, poétique et spatial, tout ça à la fois. Un conte sombre qui contient en germes plein d'autres livres possibles, un ensemble de possibles condensé dans une forme assez courte. Un métaroman en quelque sorte.

« Quand elle aperçut le faune, la fillette lisait. Bien assise sur son siège préféré, un vieux tronc couché, patiné par les ans, lustré et verdi par la mousse opiniâtre, elle ne l'avait pas vu s'approcher, puis s'installer à côté. Elle ne se rendit compte de sa présence qu'après un certain temps, et du coin de l'oeil. Aussi continua-t-elle son activité sans lui manifester la moindre attention. Voilà qui apprendrait à l'importun qu'on ne se mettait pas n'importe où sans demander la permission ».

Vertigineux car nous voyageons, nous partons de la terre vers l'infiniment loin afin de contempler le Cosmos, de plonger dans les horreurs glaçantes galactiques. Vertigineux quant aux réflexions philosophiques offertes, riches et profondes. Vertigineux quant aux concepts scientifiques manipulés, quant aux possibles offerts par la science, concepts qui m'ont laissé de nombreuses fois sur le bord de la route. D'où mon 4 étoiles. Certes. Mais, vertigineux de poésie aussi. Lorsque je ne comprenais pas, je me laissais porter par la poésie. Vertigineux car ce roman contient tant qu'il est difficile d'en parler, de résumer…

C'est la grande force de ce livre, cet entrelacement de la science et de la poésie qui n'est pas sans me rappeler la Horde du Contrevent d'Alain Damasio. Elle permet de nous maintenir en éveil même lorsque les concepts scientifiques deviennent ardus (pour moi dès le milieu du livre avec la théorie des cordes). Une poétisation de la science voilà ce que nous propose Romain Lucazeau, la science utilisée pour faire de la poésie, de la poésie germée en fleurs vénéneuses dans les failles de la science. Quelle double lecture originale ! C'est une poésie mélancolique, nostalgique qui peut rappeler les chroniques martiennes de Bradbury, la poésie de la contemplation des fins de civilisations.

« Lassés, ils se réfugièrent dans la chevelure d'une comète, entre les débris de glace et les poussières ionisées par le vent de l'étoile centrale, petite et pâle ».

Bon, d'accord, et l'histoire alors ? Au sommet d'une montagne vit une petite fille, Astrée, dans un cocon préservé du reste du monde, cocon géré par une énorme machine d'intelligence artificielle. Un jour Astrée voit l'arrivée d'un faune qui a fait un long voyage périlleux pour arriver jusqu'à elle. le faune s'aperçoit que sous les dehors d'une petite fille Astrée est en réalité une très (très très) ancienne personne. Immortelle, elle a vu et vécu beaucoup de choses. le faune va se voir attribuer le nom de Polémas par Astrée. Ce faune est venu dans un but précis : il vient la voir pour comprendre, trouver des réponses, acquérir la connaissance afin de changer l'existence de sa race encore balbutiante. Première leçon au gout amer pour Polémas : la connaissance amène le malheur. Nous touchons dès le début du livre le thème connu de la malédiction de la connaissance, thème abordé par la Bible, ce qu'on connait rend la vie insupportable - « heureux les simples d'esprit » - ou encore par la philosophie Nietzschéenne.

« La véritable connaissance, répondit-elle, est incompatible avec un tel projet. Celui qui sait ne fait surtout rien. La vérité du monde demeure cachée à la plupart, car elle est insupportable à la vie. -- Ses paroles restèrent en suspens, flottèrent en l'air, cendre, flétrissure, et défraîchirent, un instant, les jolies teintes pastel de la salle de jeux aux meubles mignards, aux caisses de jouets entrouvertes, dans l'entrebâillement desquelles les poupées entassées prirent des poses mortuaires. Les rayons du soleil, l'instant d'avant pinceaux chaleureux teignant le monde, perdirent leur volupté, se réduisirent à de simples faisceaux de lumière, glacés, dénués de mystère et de chatoiement ».

Le faune ne comprend pas ce que le savoir peut avoir de si terrifiant, et pour l'en convaincre, Astrée lui propose de partir en voyage. Un voyage au sens métaphorique, un voyage métaphysique car leurs enveloppes charnelles restent sagement endormies, c'est une copie d'eux-mêmes, faite en neutrinos, qui part en voyage. Un voyage dans lequel le temps passe, en un clin d'oeil, par millions d'années.

Montée de l'âme pour nous approcher d'une connaissance juste du monde, nous voyons avec Polémas …Nous voyons la naissance et la mort des civilisations suivant le cycle du carbone, nous voyons différents destins galactiques possibles, depuis des tentatives vaines de conquête de l'espace, en passant par des peuples d'esclave, par des fous enfermés dans un astéroïde en éternelle errance, jusqu'aux planètes où les machines ont pris le contrôle…Chaque chapitre est un tableau différent et pourrait faire lui-même l'objet d'un livre.

Au final je ressors perturbée par cette lecture. C'est indéniablement un beau livre, une expérience de lecture déroutante, savamment orchestrée mais dans laquelle je n'ai pas compris énormément de choses, tant la science se fait hard, mais une expérience inoubliable tout de même car j'ai vraiment eu l'impression de voyager dans le Cosmos. C'est dommage que la science se fasse aussi compliquée, cela donne un côté un peu magistral pour ne pas dire hautain, heureusement compensé par la poésie qui est toujours présente.

Quelle nuit pour notre faune et nous même, il est bon après cela juste de regarder le ciel même si toute cette expérience a finalement un goût amer…« Un ciel d'une couleur indéfinissable, irisé et changeant, se déploya, où filèrent bientôt des déchirures de nuages, voiles à peine visibles, sous un insensible vent ».
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Rompant avec la taille et le ton de Latium, Romain Lucazeau s'offre un voyage à travers l'espace et le temps, un conte philosophique spatio-temporel, avec La nuit du faune, rencontre du sauvage et du civilisé. Une plongée vertigineuse aux confins de notre univers, à la découverte d'autres peuples, d'autres civilisations, d'autres façons de penser, de comprendre le monde. À la découverte de nous, enfin.

Pour cette chronique, je vais partir de mes attentes en découvrant le livre. de ce qu'il éveillait en moi avant la lecture proprement dite. Voyant le titre pour la première fois, j'ai aussitôt pensé à cette pièce de Claude Debussy, le Prélude à l'après-midi d'un faune, composée entre 1892 et 1894 selon Wikipédia. Dans ce court poème musical inspiré de Mallarmé, un faune, fatigué de poursuivre les nymphes « s'abandonne à un sommeil voluptueux qu'anime le rêve d'un désir enfin réalisé : la possession complète de la nature entière » (a écrit Claude Debussy). Nous allons voir que cela entre en résonance avec le roman.
Mais avant, la couverture, magnifique et originale (sur le site d'Albin Michel, on parle de ce sensationnel travail d'Anouck Faure : https://www.albin-michel-imaginaire.fr/la-nuit-du-faune-de-romain-lucazeau-naissance-dune-couverture/), peut aller dans le sens de cette pièce musicale, toute en sensualité et en courbes gracieuses. Cependant, la couverture apporte également une note inquiétante, proche du chaos, avec cet arbre déraciné, ces ondulations et ces montagnes acérées.
L'auteur, de son côté, dès le début, a comme approuvé cette référence à Debussy avec cette réplique de la jeune fille qui accueille le faune en question : « Vous venez pour l'après-midi ? » (page 17).
Mais le faune, autre piste de réflexion, c'est aussi l'être sauvage par opposition à l'être civilisé, le dieu Pan face à Apollon dans la mythologie grecque. L'être poilu et frustre, qui apprécie la musique brute de la flûte qui porte son nom, par opposition à l'imberbe Apollon, auréolé d'or et de lumière, qui joue de la lyre, aux sonorités jugées plus douces. Et le fait que la jeune fille vive au sommet d'une montagne, comme les dieux au sommet de l'Olympe, appuie sur le côté mythologique de cette histoire.
Tout cela pour dire, qu'avant même d'entamer réellement la lecture de ce récit, j'avais des a priori, des images dans mon esprit. Et cela, sans parler des chroniques lues sur les différents blogs. Et alors ? Quel bilan après la lecture ?

Un faune, après une ascension périlleuse, parvient au sommet d'une montagne. Et il n'y trouve pas ce qu'il attendait. Il découvre une propriété avec tout le confort, occupé par une petite fille, Astrée. Elle vit seule, entourée de machines. Mais, on le devine rapidement, ce n'est pas une petite fille ordinaire. Plutôt, une survivante, d'une ancienne race, qui a vécu voilà très longtemps. Or, le faune s'interroge sur le devenir de son propre peuple. Il veut revenir parmi les siens en héros qui a triomphé de l'obstacle et rapporte des réponses. Alors, par ennui, Astrée va offrir au faune un voyage intersidéral en guise de réponse. Un voyage aux confins du système solaire, un voyage jusqu'au centre de notre univers, à la rencontre d'êtres fantastiques, de civilisations aux antipodes de la nôtre. Un voyage au pays de la connaissance.

Comme pas mal de lecteurs, j'ai eu du mal à entrer dans ce récit. D'ailleurs, j'ai préféré le laisser de côté quelques jours afin de lui offrir une vraie chance. Et j'ai bien fait. Car, pour profiter de la Nuit du faune, je ne pouvais pas me contenter de rapides plages de lecture entre deux tâches. Il m'a fallu lui accorder du temps plus long et un esprit à lui totalement dévoué. Et je me suis rappelé ma lecture De Voltaire et de ses contes philosophiques (car oui, j'ai lu Micromégas et Candide : merci le collège !). Je me suis rappelé que cela ne correspondait pas à mes habitudes et qu'il me fallait faire un léger effort pour me tourner vers une autre façon d'écrire. Et là, c'est un peu pareil, même si la distance n'est pas temporelle. Si, en lisant ce récit, l'on se laisse aller à penser à autre chose, la magie disparaît. C'est donc un ouvrage exigeant. Non pas à cause de son vocabulaire ou de ses notions qui, à quelques exceptions près, restent très abordables (et si certains mots restent obscurs, où est le problème ? Combien de fois, lors de mes lectures, ai-je glissé sur une notion que je ne maîtrisais qu'imparfaitement sans que le plaisir de l'histoire soit d'une quelconque manière entaché). Mais à cause de cette nécessité d'être tourné entièrement vers lui. Ce n'est pas le seul, mais, dans nos domaines littéraires (et dans les autres aussi, après tout), combien de romans n'ont pas besoin de tout notre cerveau disponible, tellement l'histoire est classique et les personnages attendus.
Donc, une fois cette mise en condition effectuée, j'ai pu profiter pleinement de ce voyage. Et je me suis régalé. Car Romain Lucazeau nous propose un panorama, sinon complet, du moins d'une grande richesse, d'autres façons de vivre le monde. le monde tel que nous le connaissons sur la Terre, mais aussi d'autres mondes, aux conditions totalement différentes. Et donc, aux points de vue radicalement différents également. D'où un regard extérieur bienvenu pour s'interroger sur les autres et aussi sur soi. Si l'on repense aux philosophes du siècle des lumières, certains d'entre eux imaginaient des êtres venus d'autres mondes, ou des habitants de pays éloignés, visitant la France et faisant des remarques fort pertinents sur les étrangetés de ce pays. Vu de l'extérieur, tout apparaît sous un jour différent et certaines évidences sautent aux yeux. Ici, Romain Lucazeau propose plutôt des visions autres, des échelles autres. Et cela permet de rêver d'abord, car la magie de l'évocation est grande, et de s'interroger ensuite sur notre avenir en tant que civilisation. Nos buts, notre longévité, nos choix...

Lire La nuit du faune a donc été pour moi une expérience, en ce sens que ce roman m'a forcé à sortir de ma positions confortable et ronronnante de lecteur. Il m'a fallu m'adapter (un peu) et cela, je ne le regrette aucunement. J'ai totalement adhéré, ensuite, aux choix de l'auteur et me suis laissé emporter par son talent de conteur et sa prose riche et précise. À ce que j'ai compris, Romain Lucazeau souhaite, pour son prochain ouvrage, explorer un autre genre encore, ne se reposant pas sur ses lauriers. Je serai, à coup sûr, de l'aventure.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Dans les interstices de la science, certains décèlent des complots, d'autres imaginent du Merveilleux.

Voilà qui commence mal avec ce livre, dès le titre, je tique : ne serait-ce pas plutôt la nuit de la faune ?
Je dégaine mon dico et non, un faune est bon, c'est un être mythologique. (Après semiosis, étiage, gnomon et hiérophante, l'éditeur s'est-il donné comme but secret de me rendre moins inculte ?)

Romain Lucazeau est normalien, agrégé de philo, auteur d'un livre de notes de bas de page inspiré du théâtre antique, et surtout un vendu à la solde militariste. de quoi cocher pas mal de cases de mon a priori négatif... Les 4B (Apophis, Feyd Rautha, Gromovar et Nicolas Winter) l'ont encensé, mais ce sont des gens intelligents, qui aiment malmener leurs neurones. Moi j'ai une relation bienveillante avec elles.
Bref, pas pour moi. C'était cependant sans compter Nicolas Martin et son émission estivale Infiniment qui m'a chamboulé et décidé à le lire.

Le pitch est simple : une petite fille rencontre un monstre gentil, mais c'est la fille qui va faire peur au monstre !
Mais ce roman n'est pas du tout cela. Si vous avez été un tant soit peu attentif durant vos cours de sciences, vous savez un certain nombre de trucs autour de la création de la Terre, la Lune qui tourne autour, la gravité. Avec un tant soit peu d'attention supplémentaire, vous avez même entendu parler du système solaire, des galaxies, voir des amas et super amas de galaxies, des trous noirs, de la théorie des cordes et de certaines particules très particulières.
Des notions parfois complexes auxquelles Romain Lucazeau va s'amuser en inventant dans les interstices des choses que la science n'a pas su encore expliquer. Il comble les trous et nous conte l'espace connu et inconnu. L'auteur parle de "poétisation de la science" et je suis d'accord avec lui. À force de trainer ses guêtres à La méthode scientifique, il nous fait un spin off : La méthode littéraire.
Ajouter à cela une écriture très musicale, une poésie basée sur la science et un côté assez sombre, le compte est bon.

Las, il y a un hic pour moi, c'est que ce n'est pas ce que j'appelle un roman, avec une histoire, des personnages. Il s'agit plus d'une expérience de pensée, de philosophie : la connaissance est elle une malédiction ? Les civilisations portent elles en elle les germes de la destruction ?... D'une expérience littéraire aussi, l'impression que l'auteur ne s'amuse pas à écrire un roman sur le cosmos, mais veut apporter sa pierre à l'édifice de la littérature. Il le dit lui-même dans La méthode scientifique : "Faire entrer la science-fiction dans la littérature."

Alors c'est beau, le traitement est original et foutrement bien fichu, mais impossible pour moi d'adhérer aux pérégrinations mythiques des personnages. J'ai adoré sa vulgarisation littéraire de l'espace, une très belle idée et réalisation, par contre j'ai détesté le côté prétentieux et hautain de la démonstration.

La nuit Du Faune est-elle pour toi ? Tout dépend de ce que tu attends d'un roman...
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La nuit Du Faune, quel roman mirifique ! Une odyssée cosmologique empreinte d'un destin initiatique qui nous met au pied de l'immensité de l'univers.


Si vous aimez les épopées et que vous êtes curieux d'astrophysique, d'astronomie, de physique quantique et de tout ce qui touche à l'infiniment vaste qui nous dépassent, ce roman est fait pour vous. Car, oui, l'auteur va vous emmener dans un périple grandiose, au côté d'Astrée et Polemas, en se basant sur ce que nous connaissons de ces notions scientifiques, puis en les extrapolant dans de la science-fiction qui guidera votre imagination vers des propositions cyclopéenne.

Ce voyage se fera donc, aux côtés d'Astrée une créature biologique à l'apparence de petite fille indolente et de Polemas un fier guerrier faune. Un faune pourrait être imaginé avec l'apparence d'un loup-garou, bipède à fourrure aux griffes et crocs acérés.

Pourquoi et comment un faune décide de s'allier à une petite fille pour partir ensemble en voyage interstellaire ? Parce que notre Faune, qu'Astrée nommera Polemas, vit sur terre à une époque indéterminée au sein d'un peuple/tribu primitif, et de là où il vit, il peut voir un éclat sur la montagne au loin ; cet éclat est l'endroit ou vit Astrée. du point de vue de Polemas et de ses congénères, seulement un dieu ou une déesse peut vivre à cet endroit et que de générations en générations, ils ont toujours connus cet éclat sur la montagne. Il se décidera donc à aller à la rencontre de ce lieu pour rentrer en contact avec le dieu y vivant, afin d'en recevoir son savoir et d'en faire profiter son peuple pour l'aider à prospérer et le rendre pérenne.

Astrée bien que d'apparence une petite fille, est bien plus que ça. Elle l'unique survivante de son espèce ; une espèce biologique au même titre qu'un humain. Mais elle est sur terre depuis des éons, bien qu'il soit difficile de dater ou de situer sur une échelle de temps, car nous ne disposons pas de ces informations dans le roman. Quoiqu'il en soit elle va refroidir les ardeurs de Polemas sur l'avenir de son peuple ; rien ne vit éternellement. Astrée est un être qui à tout vu, ou tout du moins le pense-t-elle et afin d'appuyer ses assertions sur la fin de toute chose, va proposer et consentir à emmener Polemas dans un voyage aux confins de notre galaxie pour qu'il constate de lui-même ce qu'elle avance.

Je n'en dirais pas plus sur le contenu du voyage, car il doit être découvert avec avidité et les yeux gros comme des soucoupes, car rencontrer des vestiges de civilisations, des méta-civilisations, des entités quasi-divine, des conflits aux dimensions qui se compte en année-lumière, des formes de vies de toute sortes(que ce soit biologique, mécanique ou même plus) puis se rendre aux portes du bulbe de notre galaxie et s'en voir livré l'origine, fait de ce livre une expérience qui vous fait sentir petit dans votre fauteuil de lecture.

Cet ouvrage à un penchant philosophique, il pousse à la réflexion et vous noie dans quelque chose de colossal vous faisant tomber dans la mélancolie que ressentira Polemas, parce qu'à quelques milliers d'années près notre point de vue n'est que peu éloignée de celle du faune.

Attention cependant, cette lecture requiert, je pense, un minimum de prérequis dans les domaines que je citais plus haut (astrophysique, physique quantique ect..) pour une compréhension plus aisée.

Car c'est la ou je trouve le seul côté négatif du livre (un bien grand mot), rappelez-vous ce voyage à pour but d'initier un Faune, qui est encore aux stades des croyances tribales à la chasse/pêche, se voit expliquer le fonctionnement du cosmos à coup de « Baryons, quasars, disque d'accrétion » et autres termes du genre, j'imagine qu'en réalité il devrait être complètement perdu, mais il s'en sort bien devant la quantité de notions jusque la inconnues ou même imaginées.

Ce livre repose aussi sur quelques notions mythologiques. Prenez Astrée, dans la mythologie grecque cela veut « fille-étoile » mais est aussi la constellation de la vierge, sans avoir lu le livre cela ne vous évoque rien, mais à posteriori de votre lecture ces notions prendront sens. Tout comme Polemas qui mythologiquement est un guerrier (voir une représentation divine).

Rien n'est anodin, ce voyage sera une visite guidée du cosmos, romancé et fantasmé. Mais que veut dire Cosmos en grecque ? Bon, le grecque est piégeur, chaque mot peut avoir plusieurs sens plus ou moins proche ; ici, je pense que le sens à retenir, une fois de plus a posteriori de la lecture est « l'ordre de l'univers » on pourrait même étendre à « l'ordre de toute chose ». Et une fois de plus, cette notion prendra sens quand vous refermerez ces 320 pages d'immensité, car tout recommence, inlassablement, mais sur des périodes incommensurables comme une infinie répétition de cycle ou toute chose à sa place.
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Qu'il est difficile d'exprimer ce que j'ai pensé de ce roman, aux allures de conte philosophique - il y a en effet un petit quelque chose de Micromégas dans sa structure, ses réflexions -, totalement envoûtant, que j'ai lu en apnée.

L'on se sent tout petit lorsque l'on part avec le faune, qui choisit d'aller à la rencontre d'Astrée, une petite fille seule survivante de sa civilisation, qui s'ennuie sur sa montagne terrestre, ce parce qu'il veut connaître le destin de sa propre civilisation, et que les deux voyagent pour ce faire dans les confins du temps, de l'espace, de l'Humanité, en une extraordinaire plongée dans le destin des civilisations, tributaire des choix qu'elles auraient fait au fil d'années, de siècles, de millénaires, pour vivre, survivre, s'adapter.

Un roman brillant, pertinent, qui incite à de nombreux questionnements sur l'univers qui nous entoure, et nous permet de vivre.
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Découvert avec Latium, j'ai eu grand plaisir à retrouver la plume poétique et philosophique de Romain Lucazeau dans le roman SF de la rentrée : La Nuit du Faune, titre qui semble su réveiller la plume des blogueurs qui n'en finissent plus d'en chanter les louanges. J'ai pour ma part vécu une vraie expérience en lisant la prose de l'auteur mais ce fut fort singulier.

Saluons tout d'abord la superbe couverture d'Anouck Faure, qui de suite en dit long sur le titre. Elle nous plonge entre SF et Merveilleux avec des teintes froides rappelant le métal du premier et un paysage onirique au coeur de racines étranges. C'est une couverture qui donne vraiment matière à réfléchir, tout comme le texte qu'elle illustre.

En effet, avec La Nuit du Faune, l'auteur nous fait le plaisir de se faire plaisir en utilisant une langue très riche et poétique, avec parfois de vrais jeux de phrasé, de rythme et de consonances. Fascinant. Cela faisait longtemps que je n'avais pas dû 1/ prendre un dictionnaire pour y chercher des termes soutenus, 2/que j'avais à ce point senti chanter une langue dans un texte de SFFF. Un vrai bonheur !

Pour l'histoire, ce fut la même chose. J'ai pris énormément de plaisir à plonger dans l'aventure complexe mais enchanteresse proposée par l'auteur, cependant elle fut parfois rudement dure à suivre, notamment dans l'ultime ligne droite où je ne suis pas sûre d'avoir tout saisi...

L'histoire se présente au début comme une sorte de dialogue entre fantastique, merveilleux et SF. Cela fleure bon l'enfance et les récits pour enfants, lorsqu'un faune va à la rencontre d'une étrange enfant qui porte en elle des millénaires de connaissances et de vies. Tout me rappelait les textes de Lewis Carroll ou encore de la Comtesse de Ségur au début avant que l'auteur vienne subtilement glisser quelques mots de SF pour faire glisser son récit. C'est particulièrement singulier, dépaysant, un peu obscur et déstabilisant mais fascinant.

Puis tout s'éclaircit une fois que l'on saisit ou croit saisir le but de la rencontre entre cette enfant, Astrée et ce faune, Polémas. Un beau voyage initiatique nous est alors proposé à travers le temps et l'espace, faisant entrer en jeu énormément de références culturelles, littéraires, philosophiques et scientifiques. C'est un récit à la fois étrange et très dense que l'auteur nous propose avec son héroïne qui entre dans la lignée de ces enfants génies mystiques comme Enée dans Hypérion et Alia dans Dune. J'ai toujours adoré ce genre de figure et de postulat, alors forcément ses aventures m'ont fascinée.

Astrée et Polémas partent à la découverte du temps, de l'espace, des différentes civilisations existantes ou pouvant exister, afin d'en tirer des leçons. Mais ce n'est pas quelque chose de rationnel, c'est plutôt quelque chose de mystique et de philosophique qui les attend. J'ai eu l'impression de me retrouver dans un texte De Voltaire en les suivant, ou de Swift et de son Gulliver ou encore de Collodi et son Pinocchio. C'était ainsi à la fois dépaysant et familier sans que je parvienne à vraiment poser le doigt dessus faute de connaissances précises de ma part. Car le texte invite vraiment à faire des liens, des ponts avec une culture philosophique et littéraire que je ne fais qu'effleurer du bout du doigt.

Cependant, j'ai pris plaisir à les voir visiter ces mondes, faire ces rencontres, nouer des liens parfois, avoir surtout souvent un regard critique sur ce qui se joue. L'auteur interroge beaucoup sur notre rapport à l'écoulement du temps, des cycles permanents, de cet éternel recommencement. Il met en avant des thèmes aussi vastes que la Terre, la Nature, la Technologie, L Histoire, le système solaire, ou la guerre. Il interroge beaucoup sur le sens de la vie mais également la peur, l'angoisse de l'extinction mais aussi de l'éternité en face, et de l'usure du temps.

Le voyage avait un je ne sais quoi qui m'a rappelé celui de Jodie Foster dans Contact (un de mes films cultes en SF). On a l'impression d'être dans un long rêve qui n'en finit pas et peut-être que j'extrapole mais avec un titre pareil, j'ai de suite pensé à la musique de Debussy et au poème de Mallarmé mettant en scène un Faune. C'était vraiment un voyage à la fois intérieur et interstellaire où la rencontre d'autre types, organismes de vie leur donnait un air de précis de civilisation et ainsi de modèles à suivre ou pas. C'était particulièrement onirique et plein de réflexion sur ce qu'on veut possiblement (ou pas) pour notre futur.

Malheureusement, j'ai été rattrapé sur la fin par quelques concepts de Hard Science que je ne suis pas sûre d'avoir parfaitement saisis malgré mais quelques recherches. En effet, la théorie des supercordes ou encore de l'intrication quantique n'ont rien de simple. Cependant le portrait général que nous en fait l'auteur nous permet tout de même de suivre l'histoire, c'est juste que j'aime tout tout comprendre >< Ce n'est donc pas que ça qui m'a gênée dans les dernières pages, mais également l'arrivée de nouveaux personnages (le Prophète, L Observateur et l'Ennemi) qui ont rendu la fin un peu nébuleuse et rapide pour moi sur le thème des cycles de vie et de l'extinction. Il me faudra donc reprendre tout ça un jour.

Je ne sais pas si ça ressort bien de ma chronique, mais je considère La Nuit du Faune comme un très beau roman, au-delà même de la notion de roman de science-fiction, car Romain Lucazeau y fait vraiment oeuvre d'auteur et ne prend pas ses lecteurs pour des enfants. Il nous pousse au contraire, comme lui, à nous dépasser et à réfléchir sur notre vie, le tout à l'aide d'une plume magique qui est capable de littéralement nous mettre en apesanteur. Ce roman est donc à lire plusieurs fois à différents moments de sa vie pour en saisir toutes les nuances, c'est un vrai ouvrage compagnon, qui nous permettra d'affuter notre pensée et notre compréhension de tout ce qu'il a à raconter. Puissant et singulier.
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Voilà un roman de science-fiction assez différent du tout-venant, peut-être pas très facile à lire, mais qui dépasse le cadre étroit du genre pour rivaliser avec de bons textes de littérature générale. D'autres chroniqueurs ont résumé l'histoire qui est racontée, ce voyage aux confins du temps et de la galaxie, nécessairement initiatique, d'un faune, créature primitive en quête d'héroïsme, et d'une (fausse) petite fille, en fait un être très ancien, contemporain de la chute et de la mort de multiples civilisations, et qui poursuit - de manière complexe - plusieurs buts successifs. Elle veut à la fois désabuser son ami faune, se distraire, revoir des connaissances, mais aussi, et surtout je crois, elle est en quête de raisons d'espérer en l'avenir.

C'est là, me semble-t-il, une des grandes forces du roman, qui tombe à pic dans nos années 2020. le lecteur, comme Astrée, se demande s'il a encore des raisons d'espérer en l'avenir, s'il existe une bonne raison de continuer à vivre, s'il reste une place pour de beaux et nobles projets, au-delà de la seule perpétuation animale et mécanique de l'existence. Comme Astrée, qui représente une fin de race et une fin de civilisation, beaucoup en Occident se demandent si l'avenir propose autre chose que la pure extinction, l'entropie. La Nuit du Faune nous fournit donc autre chose et plus que le seul divertissement para-littéraire : Romain Lucazeau écrit un vrai conte moral à l'usage de notre temps.
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La nuit du faune de Romain Lucazeau est le roman de la rentrée chez Albin Michel Imaginaire. C'est le second roman de l'auteur après Latium publié en 2016 chez Denoël dans la collection Lunes d'encre, qui était à l'époque dirigée par Gilles Dumay (à la tête d'Albin Michel Imaginaire, pour les derniers au fond qui n'auraient pas suivi). Latium est un space-opera a obtenu le grand prix de l'Imaginaire dans la catégorie roman francophone. La couverture de la nuit du faune est signée Anouck Faure, son travail est assez hallucinant.
La nuit du faune est un roman assez déroutant dans la mesure où il ne ressemble pas à d'autres livres, et il est difficile à classer. L'auteur a voulu mélanger poésie et science et obtenir une poétisation de la science. Pour cela, il nous propose un voyage pour le moins intense, un voyage fantastique au travers des mythes et de la science-fiction, un voyage sous la forme d'un conte. Ce qui a de quoi attiser la curiosité mais aussi faire un peu peur tant le roman est riche en thématiques, en connaissances à la fois scientifiques et littéraires.

Quelque part sur sa montagne vit Astrée. Qui est Astrée? En apparence une petite fille mais en fait une créature très ancienne qui a choisi de vivre éloignée du monde en gardant l'apparence d'une petite fille. Un jour, elle a la surprise de recevoir la visite de Polémas, un faune vivant sur Terre. le voyage a été périlleux pour Polémas mais il est animé par une volonté de connaissances, de comprendre afin d'aider son peuple. Astrée décide de l'aider en entreprenant avec lui un voyage vers les étoiles afin de connaitre les destinées des grandes civilisations ainsi que ce qui se cache dans l'univers.

Tout un programme! Un voyage au sein de notre univers dressé comme une série de tableaux en 12 chapitres, où l'on s'éloigne peu à peu de la Terre, où chaque chapitre est une rencontre particulière portant des réflexions, des connaissances que Astrée veut faire partager à Polémas. Car ce pauvre faune a bien du mal à voir où veut en venir Astrée et à comprendre ce qu'elle lui raconte par moment. Un peu comme moi, pauvre lectrice qui a eu le sentiment de nager dans cet océan de connaissances, de termes parfois peu évidents, de phrases un peu longues. Quand le faune questionnait ou déprimait un peu, je me disais à chaque fois que Polémas c'était moi (les poils, les cornes et les pieds fourchus en moins hein)! Astrée serait à l'image de Romain Lucazeau (si si en cherchant vraiment bien hein) essayant de m'expliquer les atomes, l'univers, les civilisations, le fait que l'univers existe sans véritable raison. Et il le fait formidablement bien, avec les bons termes, les bonnes images. Mais tout ce qu'il met en jeu est colossal, plein de merveilleux, de sense of wonder terrifiant tellement il est vertigineux, que je me sens toute petite comme Polémas. La lecture a ainsi été magnifique par certains côtés, offrant du rêve, de l'émerveillement incessant, de la réflexion mais aussi difficile surtout dans la dernière partie qui est résolument beaucoup plus tournée vers la hard-sf.

La plume de l'auteur est belle, très recherchée et travaillée. Il y a clairement une volonté poétique ce qui est aussi assez déroutant au premier abord. Elle arrive toutefois à faire ressortir toute la beauté du cosmos, à nous fournir des images plein la tête, à expliquer ce qui se passe, à parler de thématiques ardues. J'ai plus été dérangée par le fait que le roman est une succession de rencontres, de réflexions sans véritablement d'intrigue à laquelle me raccrocher. La structure du roman avec ces chapitres correspondant à des rencontres particulières et s'éloignant au fur et à mesure de la Terre convient très bien avec les thèmes du roman, volant montrer l'insignifiance de la terre et des espèces y vivant face à l'univers, l'inéluctabilité du néant, le renouvellement perpétuel. Elle donne toutefois un peu l'impression d'une suite de nouvelles mises bout à bout.

Les questionnements proposés dans le roman sont passionnants, c'est terriblement beau, les références sont très nombreuses mais je garde le sentiment un peu frustrant de ne pas avoir vraiment profité du voyage. La nuit du faune est pour moi un livre qu'il est difficile de conseiller quand on ne connait pas la personne à qui on en parle. En effet, chacun y trouvera quelque chose qui lui est propre, qui lui offrira des étoiles plein les yeux, que ce soit pour l'aspect philosophique, pour le voyage dans l'univers, ou pour la science. C'est un livre d'une richesse folle, mais exigeant également, et qui offre un voyage personnel au sein des mythes et de la science.
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Cette chronique-ci est particulièrement difficile à écrire pour moi. Vous devez tout d'abord savoir que Romain Lucazeau propose aux lecteurs un roman exigeant. 250 pages d'un récit aux frontières de la compréhension humaine où l'auteur nous guide à la suite de personnages hétéroclites à travers la galaxie et plus encore. Et pour ce récit, l'auteur choisit de mélanger poésie, hard SF et conte philosophique. On est loin du page turner mais on est prêt d'un roman classique, autant dire un roman comme on en voit rarement.

Astrée est une enfant vivant seule dans un refuge sur la montagne. Entourée de machines , elle observe. Un après-midi alors qu'elle lit près de l'étang, un faune la rejoint dans son domaine avec un voeu : le savoir, la connaissance.

Une demande qui va être le précurseur d'un voyage. Astrée étant plus que son apparence ne laisse soupçonner : une ancienne âme dans un corps d'enfant, ce voyage se fera parmi les étoiles avec pour but une recherche de compréhension sur la vie, l'univers et l'avenir de chaque race pour l'un et de révélation pour l'autre.A partir de la Terre, le duo va dans un premier temps visiter le système solaire puis la galaxie. Un voyage aux confins du cosmos avec la vie et ses cycles comme guides pour une épopée au-delà de l'imagination. Un cheminement qui questionne sur l'impermanence des civilisations et sur l'éternelle recommencement des cycles naturels. L'érudition aussi bien scientifique que littéraire mise en avant par l'auteur dans La nuit du faune est assez vertigineuse. Des théories cosmologiques pointues aux questionnements sur le sens de la vie, Romain Lucazeau propose au lecteur un récit ambitieux, exigeant et bourré de sens of wonder.

Personnellement, ce roman m'a laissé deux sentiments très différents : le premier fut une sensation de grandeur, d'une plongée au sein d'un infini de possibilités, aussi bien dans le temps que dans l'espace, qui m'ont emballé. J'ai trouvé les thèmes abordés extraordinaires et le coté Hard SF mélangé à cette quête de sens que les protagonistes entreprennent fascinant. le second fut une impression d'éloignement par rapport au récit, de ne jamais arriver réellement à m'y sentir à ma place. Il en ressort pour moi après ma lecture, un sentiment très mitigé et l'impression d'être passé à coté d'une partie du récit.

La nuit du faune a tout du classique littéraire, la plume de Romain Lucazeau navigue poétiquement entre les étoiles, de concepts scientifiques pointus en questionnement philosophique le tout avec une plume aux envolées lyriques impressionnantes. Il est indéniable que ce roman est réussi mais personnellement ce n'est pas un roman pour moi. J'espère que cette chronique vous permettra de savoir s'il pourra vous plaire à vous.
Lien : https://chutmamanlit.fr/2021..
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Extrait de ma chronique :

"Dès le début (page 12) de ce court roman (lu en service de presse), deux clins d'oeil (l'un au Maurice Sendak de Max et les Maximonstres, l'autre à un célèbre sonnet de Joachim du Bellay) délimitent l'ambition de Romain Lucazeau (réaffirmée tout au long de l'oeuvre, par exemple avec ces autres clins d'oeil au Magicien d'Oz de Lyman Frank Baum, page 119, ou à un sonnet de Mallarmé, page 145) : livrer "une synthèse du cosmos lui-même, une histoire totale, un immense et épique récit de toutes choses" (page 167) – écrire, suivant la formule de Feyd Rautha, "le 'roman des romans' de science-fiction", quoi.


Cette volonté de rassembler en une même torsade les multiples fils qui trament l'histoire de la littérature (au sens large) amène Romain Lucazeau à revenir (comme Rabelais, Voltaire ou Dostoïevski avant lui) à une forme antique (illustrée notamment par Lucien de Samosate) que Mikhail Bakhtin (pages 112-119 de son ouvrage sur l'écrivain russe) voit comme l'origine de tout roman : la ménippée."
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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