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Critique de Kalgan


Une des difficultés pour un auteur de science-fiction du XXIe siècle est de faire aussi bien voir mieux que le génie des auteurs de science fiction du XXe siècle. Latium est cependant la preuve que même après un siècle et demi d'existence, la science-fiction est un genre qui trouve encore des sujets d'intrigue originaux et qu'il regorge d'histoires pas encore écrites. La science-fiction est un genre vivant, qui se fait écho de son temps mais qui au final parvient toujours à faire voyager son lecteur.

Latium est un space opéra qui décrit un futur sans homme. Ceux-ci laissent derrière eux les Intelligences, machines pensantes soumises au Carcan - nom désignant les Trois Lois de la robotique reprises à Asimov dans une version beaucoup moins restrictive que celui-ci l'avait imaginé. Une invasion barbare venue de l'autre bout de la galaxie vient interrompre le deuil des Intelligences. Leur programmation les empêchent de s'attaquer à une quelconque forme de vie. Elles vont alors chercher désespérément un moyen de se défendre. Pour Othon et Plautine, le seul moyen d'y parvenir serait de s'affranchir du Carcan, un acte aux conséquences aussi incertaines que dangereuses. En attendant, ils ne peuvent compter que sur une armée d'hommes-chiens pour se défendre.

Romain Lucazeau, agrégé de philosophie, utilise sa riche culture pour enrichir considérablement son texte. Tout son livre emprunte d'innombrables références à la culture antique grecque et romaine, que ce soit pour les noms des personnages, les objets, les lieux et même les us et coutumes des hommes-chiens. Ainsi le récit cultive son lecteur et l'enrichit par ses références philosophiques, littéraires, historiques et culturelles. On reconnait bien là le but premier d'un livre: apprendre.

Lucazeau fait aussi réfléchir le lecteur en développant autant de thèmes jamais explorés que de sujets incontournables de la science-fiction. L'idée d'un langage non-linéaire est par exemple une invention remarquable et marquante du livre. le concept des noèmes et d'aspects pensants, très bien expliqué par le texte, permet de renouveler les habituels personnages de science-fiction. Même si les noèmes de Lucazeau ont des comportements très anthropomorphiques pour des machines - aussi intelligentes soient elles, leur confrontation face au Carcan est très intéressante et est abordée de manière totalement différente que celle d'autres auteurs tels qu'Asimov ou Herbert. L'introduction du récit est formidablement bien menée et laisse présager les qualités d'écriture de l'auteur et les réflexions abordées dans la suite du texte.
Cependant le manque cruel d'action donne parfois de la lourdeur au récit. La fiction de « science-fiction » n'a donc pas été mise en valeur à travers l'action mais plus dans l'originalité des thèmes et des questions soulevées par le récit. La présence de certaines platitudes vient fortement contraster avec des passages réellement profonds.

A travers Latium on en vient à penser que la science-fiction du XXIe siècle a peut-peut-être le défaut de ne pas être géniale tout le long d'un récit comme l'est souvent la littérature de science-fiction du XXe siècle, mais elle a au moins le mérite de présenter des traits de génie par moment.
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