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Critique de pve735


De la nature est présenté comme un grand poème, une ode à la nature, mais les sujets qu'il aborde et les questions qu'il soulève sont essentiellement de nature philosophique et scientifique.
Les raisonnements présentés sont parfaitement stupéfiants quand on se rappelle qu'il a été rédigé il y a plus de 2000 ans, un siècle avant les débuts du christianisme. L'existence des atomes est déduit de l'observation, observation qui ne sera confirmé par la science (et accepté) que vers la fin du 19e siècle! D'ailleurs les Anciens avaient observés de nombreux phénomènes étranges comme la rame plongée dans l'eau et dont la hampe semble remonter vers la surface à cause d'un phénomène de diffraction des rayons.
Ce « poème » déduit que l'espace n'a pas de limites (ce que la science actuelle ne contredit pas), que les dieux n'interviennent pas dans les affaires humaines car « quels si grands avantages pourraient-il espéré de notre reconnaissance qu'ils en prennent envie de tenter quoi que ce soit en notre faveur? », que la terre et le ciel connaîtront une fin (ce que la science actuelle confirme), que l'âme et la pensée sont mortelles.

Que 2000 ans après de telles constatations, les religions soient encore aussi florissantes et en santé est proprement stupéfiant à première vue. Comment des mythes aussi loufoques et invraisemblables peuvent-il perdurer si longtemps? Seraient-ils porteurs d'une quelconque vérité? Évidemment brûler, pendre, écarteler et torturer tous les hérétiques pendant des siècles comme le fit la Sainte Inquisition catholique explique en partie la longévité de cette religion: vaut mieux croire ou faire semblant de croire que de mourir brûlé.

Cependant, on peut tirer d'autres conclusions: de un, la plupart des humains préfèrent croire ce qui leur plaît et ce qui les flattent plutôt que de savoir ce qui se passe vraiment dans la réalité. Plus important encore, la religion a une fonction sociale liée à la survie de l'espèce (Darwin), à la vie ordonnée en société par l'inversion de nos passions positives à l'état de nature (meurtre et destruction) en valeurs négatives (pitié et compassion), mais qui rend possible à vie en société (Généalogie de la morale, Nietzsche). La religion ne détient pas la Vérité, mais elle a une fonction fondamentale, voilà la raison de sa longévité. Il est même aisé de prédire qu'on ne peut pas la déraciner et que, toujours, la plupart des humains croiront en un mythe quelconque. Il le faut d'ailleurs pour éviter l'anarchie.

Lucrèce se fourvoie dans le chapitre sur les simulacres. La nature de la lumière échappe aux Anciens. Ce n'est d'ailleurs qu'avec Newton et ses expérience de diffraction que nous allons commencer à comprendre un peu. La voûte céleste, la nature des étoiles de la lune, du soleil et les éclipses sont des phénomènes sujet à débat à son époque. La foudre, les tremblements de terre, le magnétisme et la peste sont autant de sujets qu'il tente tant bien que mal de rendre compte. Une lecture recommandée que tout le monde devrait faire une fois dans sa vie même si pour nous, modernes, certains passages sont un peu long et fastidieux.
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