Nous découvrons Paul, ingénieur, dont l'innovation est au coeur même de sa vie professionnelle, comme son égérie le créateur de CD. Il s'attelle avec opiniâtreté à l'élaboration d'une machine qui sera capable de fabriquer des rouleaux de printemps. Et ce, malgré les difficultés générées par les problèmes techniques et financiers.
En parallèle, nous découvrons Madeleine atteinte d'un mal dont les symptômes sont ceux de la maladie d'Alzheimer. Nous assistons donc à la vie de cette femme qui se délite petit à petit, la mémoire qui se casse ou se trompe de temps, les oublis qui se répètent, les amis qui disparaissent et la communication réduite à néant.
Paul lutte avec acharnement pour que sa machine soit efficiente ; Ce récit est le combat de la création d'une matière, cette machine, face à la dégénérescence d'un être, sa femme. Il est le personnage central du tableau, qu'en bon esthète, l'auteur nous donne à contempler. Paul relit sa vie et se questionne, sa vie professionnelle, sa vie de couple et sa vie de père.
Je me suis laissé happer par tous les personnages, même si les questionnements diaprés de Paul captent notre attention au détriment de la densité des autres acteurs de ce récit. Ils s'en dégagent pourtant une humanité et un réalisme dans leurs réactions et leurs interrogations.
Claude Luezior, médecin, a évité l'écueil d'une technicité médicale ou d'un récit larmoyant. Ce dernier est servi par une écriture pleine de poésie avec les mots de la tendresse, un vrai dictame face à l'avenir plus qu'incertain des protagonistes de l'histoire.
Même si la fin du récit me semble un peu artificiel, j'ai découvert un vrai auteur où les nombreuses métaphores fleurent bon la nature et où l'on se laisse porter par l'efflorescence des sentiments.
J'ai aimé la façon très pudique et détournée d'aborder les contours d'une maladie ainsi que la passion créative d'un ingénieur. Cette dernière l'aide à survivre par rapport aux tourbillons du malheur et nous fait percevoir la quintessence même d'une vie de créateur de machines, comme l'est sûrement celle d'un artiste.
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