Mythes et manipulations de l'histoire africaine

Cette collection d'une quinzaine de debunkages d'idées reçues sur l'histoire de l'Afrique n'est pas toujours d'une très grande honnêteté intellectuelle. Une partie d'entre elles en effet ne sont que des hommes de paille ayant pour but de conforter les thèses nationalistes de l'auteur (qui pense encore que les Egyptiens étaient "noirs" ?), et quelques unes sont mêmes particulièrement discutables car outrancières, notamment la remise en cause de la version "out of Africa" de l'histoire des migrations d'homo sapiens, dont les bases (de la remise en cause) sont très légères (et qui sentent un peu l'agenda racialiste XIXe) et mais qui est annoncée comme incontestable ou presque.
Cela dit, l'auteur a dans l'ensemble le mérite de contrer efficacement, et avec un certain talent didactique, la pénible tendance révisionniste inspirée par les gouvernements africains en place et adaptée sans nuance par une partie de l'intelligentsia occidentale qui a toujours des problèmes non résolus avec son identité.
Parmi les tacles les plus réussis, celui concernant la participation supposée de la France au génocide rwandais est la plus éclatante. On comprend que le sujet est très sensible, mais le remord collectif d'avoir laisser faire un tel massacre n'est pas une raison pour boire docilement la soupe du père Kagame, qui, dans l'histoire, garde son propre agenda politique (eh oui, un chef rebelle devenu chef de l'Etat d'un pays post-génocidaire a une “mémoire” nationale à construire, que le travail historique est susceptible d'entraver).
Les chapitres sur le rappel de la responsabilité des Etats côtiers africains dans la traite et sur le coût de la colonisation (notamment le gouffre algérien) sont aussi salutaires et mériteraient d'être lus par ceux qui croient encore (en Afrique notamment) au mythe du “pillage” du continent africain.
En résumé, ce petit essai, qui se caractérise certes par un choix de thèmes très orientés (on ne va pas parler des massacres de Madagascar, du semi-esclavagisme au Congo, etc.) et traités - de façon assez prévisible - dans un sens assez indulgent vis-à-vis de la France et de l'Occident, a le mérite de remettre en perspective certaines dérives idéologiques des interprétations historiques post-colonialistes de l'histoire africaine.