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EAN : 9782707185976
192 pages
La Découverte (19/02/2015)
3.52/5   55 notes
Résumé :
Le groupe État islamique, inconnu il y a encore quelques mois, a fait une entrée fracassante et sanguinaire dans l'actualité internationale. Profitant des crises en chaîne qui secouent l'Irak et la Syrie, " Daech " a pris le contrôle d'une vaste région et dispose aujourd'hui de gigantesques ressources financières. Sa volonté de construire un État le distingue nettement d'Al-Qaïda. Rompant avec nombre de commentaires à chaud, l'historien Pierre-Jean Luizard, grand sp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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"It's a trap", par l'amiral Ackbar.

Cet ouvrage écrit par l'historien Pierre-Jean Luizard permet de mettre en perspective le phénomène de l'État islamique. Particulièrement opportun et salutaire à une époque où le court termisme prend la place du temps long, où toute tentative d'analyse un minimum construite est phagocytée par le culte de la hâtetée (si vous me permettez un barbarisme langagier) et du discours simpliste et schématique, quand ce n'est pas simplement par un discours va-t-en guerre des plus risibles.

La majeure partie de l'ouvrage de Luizard est consacrée à un axe « purement » historique. C'est-à-dire qu'il s'intéresse à l'évolution, à la mutation des sociétés moyennes orientales depuis, grossièrement, une centaine d'années, concernées en premier lieu par l'Etat islamique (Irak, Syrie, Jordanie, Turquie…) et dont la dite évolution est, de même, à l'origine de l'émergence de ce dernier. Naturellement, l'auteur ne peut faire l'impasse sur le rôle non négligeable des puissances occidentales et leur chronique et nocive duplicité dans le capharnaüm kafkaïen qu'est cette région du monde. Néanmoins, Luizard s'arrête aussi de manière approfondie sur l'évolution interne de ces sociétés, la place mouvante qu'occupent les différentes catégories de la population (religieuses, ethniques …), le développement d'un nationalisme arabe ou national contrarié etc etc. C'est sans doute, dans un ouvrage accessible à tous, le seul moment où le lecteur peut être un peu égaré par la profusion de détails néanmoins nécessaire à une bonne compréhension. Au final, le « Moyen Orient » ressort constitué d'Etats à la légitimité faillible et à la solidité fragile.

Outre cet aspect historique, l'auteur s'arrête sur ce qui, selon lui, fait, en addition et de manière concomitante au passé, la force de l'Etat islamique dans sa propagation, son installation et son maintien. L'analyse n'est certes pas renversante de complexité, de théorisation, d'argumentation (faute aussi aux sources insuffisantes ? Au public à qui s'adresse en premier lieu l'essai ?) mais parvient à distiller par ci par là tout de même quelques éléments à garder en mémoire. Tout d'abord, évidemment, l'Etat islamique, malgré l'image qu'il renvoi de lui, bénéficie d'un important soutien de la population locale (notamment sunnite, rapport à l'histoire tout ça tout ça) et peut être vu comme un libérateur face à des pouvoirs étatiques rejetés. L'Etat islamique prône une politique territorialisée qui s'appuie sur les viviers locaux à qui ils reversent une partie du pouvoir (moyennant quelques contreparties) ce qui laisse une marge d'autonomie aux populations autochtones. Au final, l'Etat islamique, si une analogie peut être faite, peut ressembler, se rapprocher, déjà, par certains aspects à un "Etat classique" dans le sens où il lève l'impôt, dispose d'un système judiciaire, s'intéresse à l'éducation, entretien une force armée et s'est territorialisé, contrairement à leurs frères ennemis d'al Qaïda par exemple.

Deux petits points, non essentiels dans l'ouvrage, sur lesquels j'étais complètement passé à côté ont particulièrement retenus mon attention. D'une part, concernant les populations chrétiennes présentes dans la sphère d'influence ou de domination de l'Etat islamique et d'autre part, le rôle des kurdes dans l'émergence de l'Etat islamique.
Tout le monde s'en souvient, les médias français (et ailleurs sans doute) se sont, pendant un temps, particulièrement « intéressés » au cas des chrétiens victimes de l'Etat islamique (les musulmans, c'est moins important pourrait-on croire). J'ai alors appris grâce à Luizard (on l'a peut-être dit ailleurs mais j'ai dû faire preuve d'inattention) que l'Etat islamique, qui suit, nonobstant son statut de Satan moderne, certaines coutumes, laisse les chrétiens devant un choix à trois voies, soit se convertir, soit accepter de vivre sous contrainte mais en pouvant continuer à suivre sa religion ou, en quelque sorte, la mort ou la fuite. Donc, il n'y pas eu de massacre systématique et automatique des chrétiens.
Pour ce qui est des kurdes, le point de départ est encore une mise en avant médiatique. Ces derniers, souvent d'ailleurs présentés comme un bloc monolithique et homogène alors qu'il s'agit finalement d'un groupe où l'hétérogénéité est de rigueur, mis sur un piédestal et personnifiés tel les spartiates affrontant aux Thermopyles les hordes barbares de l'Etat islamique grimées en suppôts de Xerxès. Certes, mais il est aussi intéressant d'apprendre que certains groupes kurdes sont aussi « responsables » du développement de l'Etat islamique en ayant, pour certains, passés des accords avec leurs ennemis d'aujourd'hui. Encore une fois, rien n'est simple dans le monde réel.

Évidemment, ce qui ressort en conclusion de cette lecture est, entre autre, la (plus que) probable inefficacité de la politique actuelle de lutte contre l'État islamique, bien que cet ouvrage ne soit évidemment pas indispensable pour arriver à cette conclusion. On ne peut que déplorer, encore une fois, mais c'est le cas dans un grand nombre de domaines, qu'au lieu de s'attaquer aux racines, à l'origine du problème, on se contente d'une politique superficielle militaire (voulue d'ailleurs, par l'Etat islamique, d'où le « Piège ») dont les effets de manches ne servent qu'à cacher l'impossibilité des dirigeants à sortir par le haut de cette (presque) impasse.
Comprendre, c'est déjà presque agir.
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Pour entendre la région, pour bien la comprendre, il faut, bien évidemment, regarder le passé, analyser L Histoire. Qui a décidé? pourquoi? comment? Il faut se retourner, observer le siècle passé, prendre de la hauteur pour comprendre l'actualité. Pourquoi Daech? Pourquoi une expansion aussi rapide? Répondre au "pourquoi" pour peut-être entrevoir le "comment": comment sortir de ce merdier? comment corriger les erreurs du passé? comment établir la stabilité?

Pierre-Jean Luizard revient ici, brièvement, rapidement, sur quelques éléments qui peuvent nous aider à comprendre "le piège Daech". Il nous explique, dans un premier chapitre, l'irruption de l'Etat Islamique, son succès et sa rapide expansion. Un modus operandi particulièrement efficace (à l'opposé d'al Qaïda qui forçait la population locale, l'E.I restitue le pouvoir à des acteurs locaux en contrepartie, bien entendu, de leur allégeance absolue), une communautarisation de la scène politique irakienne et un accord avec le kurde Massoud Barzanî permettent en effet l'avancée, en Irak, des troupes de l'Etat Islamique. Seulement, la rupture de l'accord et l'appel au djihad de l'ayatollah Ali Sistani obligent l'Etat Islamique à revoir ses plans: l'expansion illimitée sur le territoire irakien étant désormais, pour lui, très compliquée voire impossible, il décide d'envahir la Syrie dans l'espoir d'unir, de faire une, la communauté sunnite arabe désormais soumise au Califat proclamé le 29 juin 2014. Cette proclamation est un pied de nez à L Histoire qui a vu l'Empire ottoman se disloquer par le jeu des puissances "occidentales" qui se sont amusées à le démembrer et le découper pour "mieux" réorganiser "son" territoire. Les pays mandataires (France et Grande-Bretagne) fixent - c'est le second chapitre - les frontières, participent à la création d'Etats dès le début contestés... l'objectif est la sauvegarde de leurs propres intérêts. Depuis on le sait, c'est le chaos dans la région. Il faut citer l'auteur:

Si l'ordre étatique régional menace de s'effondrer aujourd'hui c'est avant tout en raison de son épuisement et de ses contradictions internes, devenues insoutenables. Ce n'est pas le califat proclamé par Abou Bakr Al-Bagdadi qui menace aujourd'hui l'Etat irakien. Ce ne sont pas les combattants de l'Etat Islamique qui ont amorcé le processus d'autodestruction du régime de Bachar Al-Assad qui entraîne toute la Syrie dans sa chute chaotique et interminable. En réalité, l'Etat Islamique n'est fort que de la faiblesse de ses adversaires et il prospère sur les ruines d'institutions en cour d'effondrement. C'est ce long processus de délégitimation et de décomposition d'Etats dont la viabilité était largement viciée dès l'origine, qu'il s'agit maintenant d'étudier". (p.58)

Etudiant et définissant, dans les chapitres suivant, l'Etat irakien et syrien, Pierre-Jean Luizard s'interroge également sur les bouleversements que l'apparition de Daech imposent au Moyen-Orient; des bouleversements tels que l'auteur conclut en écrivant qu' "on ne reviendra pas au Moyen-Orient que nous avons connu depuis près d'un siècle" (p. 178). Dès lors, il interroge: "Une guerre lancée sans perspectives politiques n'est-elle pas perdue d'avance? C'est le piège que l'Etat Islamique tend aux démocraties occidentales pour lesquelles il représente certainement un danger mortel." et conclut "Les leçons de l'Histoire doivent aussi servir à le combattre". Qui veut connaître rapidement et succinctement cette Histoire peut ainsi approcher le livre de Pierre-Jean Luizard. Ceux qui la connaissent déjà peuvent, comme moi, l'aborder pour se rafraîchir la mémoire.
Lien : http://mezelamin.blogspot.fr..
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Un essai très éclairant et d'une très grande érudition sur l'origine historique de l'Etat islamique depuis les accords Sykes Picot de partage des zones d'influence entre la France et l'empire britannique, et qui décrit une stratégie d'exportation et de "confessionnalisation" des conflits parfaitement maîtrisée. On y comprend que la première force de Daech c'est la faiblesse des Etats de la région, et qu'une guerre sans avenir politique est perdue d'avance.
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On nous parle de l'État Islamique, de Syrie, Irak, moyen orient, des drames, des meurtres, des guerres et des attentats. On dévore le journal de TF1 avec cette peur de l'extrémisation. Comment se peut-il que du jour au lendemain, le monde puisse glisser dans cette barbarie religieuse.

Les chaînes d'information en continu, étalent les drames, les uns après les autres, sans jamais remonter aux sources du problème.

Pierre-Jean Luizard se base sur l'histoire, pour nous expliquer le pourquoi de cette expansion de Daech.

Il va plus loin que les actes de guerre, Luizard décortique l'histoire du XXe siècle de ces territoires, nous explique les raisons des conflits ethniques existant au moyen orient.

Il met également en lumière la politique de Daech sur le peuple irakien et Syrien, qui nous permet de comprendre pourquoi une si forte adhésion à 'État Islamique.

Avant la lecture de ce livre, j'étais à la recherche d'un ouvrage qui puisse me faire comprendre ce qui se passe là-bas au moyen orient. Et "Le piège Daech" à rempli cette fonction, en se basant sur l'histoire. Il n'est pas question pour l'auteur de conspuer Daech ni même de l'encenser, il donne des faits scientifiques et avérés sur une situation qui petit à petit dépasse l'Occident en général.
Lien : http://bouquinovore.blogspot..
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C'est raconté comme le ferait un journaliste, comme un récit, une histoire amusante, une blague, la figure de l'auteur s'impose et l'on est forcé de suivre son mode d'expression, fait de métaphores, d'abus de langage, de guillemets, de mots-clés incessants qui rendent le discours confus, le tout accentué par des allers-retours incessants, géographiquement et temporellement qui fait qu'on ne comprend rien. J'ai arrêté au bout de 20 pages.
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critiques presse (1)
Bibliobs
19 mars 2015
Les deux coups de maître de Daech
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
L'armée irakienne aux ordres du pouvoir de Bagdad, sous la direction du chiite Nouri Al-Maliki, s'est transformé en une véritable armée d'occupation. C'est le cas à Falloujah, mais aussi à Tikrit ou à Mossoul, où l'armée irakienne a réprimé par des bombardements aveugles des manifestations pacifiques et des sit-in organisés pour protester contre la marginalisation politique de la communauté arabe sunnite. (...) Durant toute l'année 2013, cette profonde insatisfaction se manifeste d'abord par des mouvements de protestation pacifiques qui, on l'a dit, reprennent les slogans du printemps arabe. En Irak comme en Syrie, notamment à Tikrit et à Mossoul, l'armée n'hésite pas à utiliser l'artillerie lourde et à larguer des barils bourrés de TNT sur des quartiers d'habitation, des hôpitaux et des écoles.
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Il est évidemment difficile de prédire l’avenir de l’État islamique, aujourd’hui pris en tenaille entre des forces hostiles de tous côtés. Mais sa défaite militaire ne réglerait rien si les causes de son succès initial ne sont pas prises en compte. Les anciennes puissances mandataires ont beaucoup de mal à assumer leur passé colonial. Beaucoup des idéaux proclamés de la colonisation, et plus particulièrement des mandats, inspirés des Lumières, se sont trouvés en contradiction avec la réalité d’une domination impériale.
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Tout en se caractérisant par un grand degré de duplicité, la gestion américaine du dossier irakien dans les années 1990 obéit à une logique stratégique relativement rationnelle. L’Irak est mis sous tutelle à travers l'instrumentalisation des résolutions de l'ONU et Washington obtient une main-mise de fait sur le pétrole irakien qui lui permet surtout de manipuler les cours en vue d'exercer une pression sur des concurrents commerciaux beaucoup plus dépendants du pétrole irakien, comme la Chine, le Japon, certains pays européens ou la Russie - l'Irak n'étant en réalité qu'un fournisseur assez secondaire pour les États-Unis. L'invasion de 2003, en revanche, est une réaction beaucoup plus irrationnelle du point de vue même des intérêts de la puissance américaine.
Il faut dire que le 11 septembre a modifié la donne. Dans la volonté forcenée de trouver un nouveau bouc émissaire aux attentats d’Al-Qaïda sur le sol américain, Washington a désigné l'allié d'avant-hier et l'obligé d'hier. Le tropisme idéologique des néoconservateurs s'accompagne alors d'un amateurisme stupéfiant dans la gestion de l'occupation et d'une incompréhension totale de l'histoire et de la dynamique des rapports entre l’État irakien et sa société. Le régime de Saddam Hussein était le dernier avatar du système politique fondé par les Britanniques en 1920. Sa chute signe aussi l'effondrement de l’État irakien en place. Un évènement majeur que Washington n'a visiblement pas anticipé. Les Américains recherchent d'abord désespérément une alternative sunnite au pouvoir avant de céder aux pressions des Kurdes et des chiites et de donner le pouvoir à la "majorité", faisant semblant de croire que les majorités démographiques peuvent faire la majorité démocratique. Les exclus de l'ancien système, chiites et Kurdes, sont promus principaux bénéficiaires du nouveau système. Le communautarisme est masqué par un fédéralisme dévoyé (officialisé par la constitution de 2005) qui cherche à cacher que les bases du nouveau pouvoir sont tout sauf citoyennes. Chacun est en effet sollicité sur la base de son appartenance communautaire ... Les partis politique cèdent la place à des partis religieux et ethniques.
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L'AKP a pensé pouvoir utiliser les conflits confessionnels du monde arabe en s'appuyant sur les communautés sunnites pour étendre son emprise, mais elle se trouve piégée par le fait que ces conflits ont maintenant débordé sur son propre territoire et que le « créneau » est occupé par l’État islamique. Ce dernier a privé la Turquie d'une partie essentielle de sa base locale, à savoir la grande majorité des Arabes sunnites d'Irak et une partie importante des sunnites de Syrie. Par ailleurs, le coup d'état du maréchal Sissi en Égypte a mis fin à tout espoir de leadership musulman exercé depuis Ankara. Déjà soupçonné d'arrogance et de condescendance néo-ottomane, la Turquie a largement perdu sa capacité à parler aux sociétés civiles arabes.
D'où l'isolement et le reflux de la diplomatie turque, qui contrastent avec son dynamisme des années 2000. Ankara tente désormais de se mettre en conformité avec les objectifs de la coalition contre l’État islamique, tout en résistant, malgré tout, à une implication militaire directe en Syrie ou en Irak. Le gouvernement turc continue en effet à faire de la chute de Bachar al-Assad une priorité, alors que la coalition a clairement désigné la sienne : vaincre l’État islamique, même au prix d'une réconciliation avec l'Iran, voire avec le régime de Damas.
Le « piège Daech » a donc exploité le rêve de l'AKP de reconstituer une sphère d'influence néo-ottomane en mettant à nu l’ambiguïté coupable de la stratégie turque et en reconfessionnalisant de fait la politique extérieure et intérieure d'Ankara. Là encore, l’État Islamique a entrepris délibérément de diffuser le plus largement possible le poison du confessionnalisme. On l'a vu, par exemple, lors de l'expulsion, en août 2014, des yézidis du Jabal Sinjar, dont une partie a du être accueillie dans des camps de réfugiés en Turquie, suscitant une polémique dans la presse turque et incitant des ténors de l'AKP à déclarer qu'ils étaient d'accord pour accueillir sur le sol turc des musulmans et des chrétiens, « mais pas des adorateurs du diable ». L’État islamique est devenu sans conteste un acteur décisif et un élément de perturbation majeur du jeu politique turc.
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Depuis 2011, confronté au soulèvement populaire, Assad choisit la politique du pire et joue la carte d'une confessionnalisation à outrance du conflit, qui révèle une convergence perverse du régime d'Assad avec les objectifs des forces djihadistes surgies à ce moment. Dans une volonté délibérée d'affaiblir les tendances les plus laïques et les plus pacifiques de l'opposition, les autorités syriennes libèrent en 2011 des centaines de prisonniers salafistes-djihadistes qui partent rejoindre leurs frères d'armes sur les divers fronts de l'insurrection. Le régime prend également soin de bombarder prioritairement les positions et les unités de l'Armée syrienne libre (ASL), la principale force armée opposée au régime au début de la guerre civile, constituée d'anciens officiers de l'armée syrienne, pétris de nationalisme arabe et luttant pour la démocratie. Il laisse ainsi s'étendre le territoire contrôlé par les milices salafistes. Ce faisant, Assad transmet un message destiné à la fois aux Occidentaux et à sa propre population, en particulier à une bourgeoisie sunnite qui oscille entre loyauté craintive et velléités dissidentes : moi ou le chaos ! Mais, avec le morcellement croissant du territoire syrien, le chaos prospère de toute les façons et c'est dans ce contexte de violences structurelles, de délitement institutionnel et de fragmentation territoriale que l’État islamique est venu s'insérer et a consolidé son emprise dans presque tout le nord-est du pays.
[…]
L'occupation militaire en Irak et le printemps arabe de 2011 en Syrie ont donc finit par aboutir au même résultat : le délitement de l’État et le démembrement de son territoire sur des bases communautaires et confessionnelles. Pour autant, ce processus présente des différences non négligeables dans chacun des deux pays. Si, en Irak, l’État islamique a pour l'instant conquis l'adhésion majoritaire des Arabes sunnites, en Syrie, la communauté sunnite reste partagée entre divers allégeances, y compris des allégeances salafistes distinctes.
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Denis Bauchard : " Syrie : le pire est devant nous ?" ." Syrie : le pire est devant nous ? "Débat avec Caroline Galactéros, Pierre-Jean Luizard et Denis BauchardMalgré la trêve humanitaire décrétée par le Conseil de Sécurité de l?ONU, les raids aériens du régime syrien n?ont pas cessé dans l?enclave rebelle de la Ghouta Orientale. Peut-on espérer un apaisement du conflit en Syrie ? Faut-il s?attendre, au contraire, à une intensification des combats ?https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-a-moudre/syrie-le-pire-est-devant-nous
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