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Critique de Nastasia-B


Ces Carnets D'Une Urbotaniste se présentent comme un canular, comme une farce, comme une drôlerie et, à force de le feuilleter, l'ouvrage se révèle bien plus profond qu'il n'y paraissait de prime abord.

Sur un tour toujours volontairement comique et ironique, Lullie, nous invite à la réflexion sur notre condition de citadin. Ce que nous avons fait de notre environnement, ces codes de la cité que nous épluchons comme naguère nos ancêtres épluchaient les codes de la nature.

Pour ce faire, elle nous présente les panneaux de signalisation comme une encyclopédie vous parlerait de différentes espèces de plantes à fleurs, les brouettes comme des quadrupèdes ayant fait évoluer leur locomotion dans un sens insolite, les sonnettes comme des organes externes de champignons, etc.

Les antennes, les papiers qui traînent, les plastiques, les capsules métalliques, la signalétique, les PV, l'asphalte, les fils en tous genres, les lumières, les poubelles, les caddies, les empreintes dans le béton frais, les tickets oubliés, les détails des façades, bref, tout ce qui fait le quotidien d'un citadin est observé, décontextualisé, analysé dans un sens décalé et finalement porteur de sens.

Et en fin de compte, derrière le comique et la parodie, il y a une vraie observation fine de notre environnement urbain, telle qu'aurait pu la mener un authentique scientifique du XIXe siècle avec sa loupe et son carnet sur un environnement naturel dont tout était à décrire.

Certes, certaines déclinaisons sont un peu répétitives, mais les photographies et les textes sont biens vus et se répondent mutuellement avec un clin d'oeil permanent à l'écologie véritable et à la préservation de l'environnement.

Peut-être sommes-nous tous, collectivement, de gros cochons qui laissons pourrir nos déchets sous le nez de nos voisins, peut-être gaspillons-nous des tonnes d'énergie inutile dans ces mille et un travaux d'ouverture et de fermeture de voie publique, qui pour le gaz, qui pour l'eau, qui pour l'électricité, qui pour le câble, alors qu'une seule et même belle saignée eût peut-être pu être programmée en amont.

Je ne vous parle pas, bien évidemment, de ce que laissent nos chiens sur la voir publique et dans lesquelles nous gambadons allègrement, de toutes ces interdictions de ceci, passage protégé de cela, danger de truc, et risque de machin qui constellent la voie publique.

Et malgré tout, à de quelques rares endroits, la vie éradiquée de la nature s'accroche bec et ongles, tandis que la nature domestique qu'on cherche à y mettre peine à s'implanter, ravagée qu'elle est par les antivols de vélos, les gamins qui cueillent tout et tout autre sorte de bienfaits.

En somme, un ouvrage qu'on ouvre pour le comique et qu'on referme en réfléchissant un peu. Ceci dit, c'est n'est là qu'un avis public à la population babélienne, placardé bêtement sur l'autoroute des informations du net, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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