Attention, challenge de taille à l'horizon. Dire que j'étais au lycée quand je l'ai lu… Donc, voici l'un des classiques fondateurs de la civilisation chinoise. Nous sommes au premier siècle avant Jésus-Christ, et l'empereur de Chine a convoqué les plus grands lettrés du royaume pour une discussion approfondie sur les moyens de renflouer les caisses de l'état. le roi précédent a résolu le problème de façon radicale en imposant une régie sur les alcools, et un monopole d'état sur les deux substances non périssables les plus nécessaires : le sel et le fer.
Son successeur trouve la méthode un peu direct, et a consulté les uns et les autres. D'un côté le secrétaire impérial mène les partisans d'un état fort, intervenant de façon direct et lourde dans la société, et finançant sa politique via l'impôt. de l'autre les lettrés, principalement confucéens, pour qui le rôle de l'empereur est principalement de donner l'exemple : quand le pays est gouverné de manière harmonieuse, les éléments se comportent également de même, et il n'y a ni tempête ni inondation ni (pour la Chine de l'époque c'était aussi récurent et ennuyeux que les crues du Fleuve Jaune) invasion de barbares. Pour eux, la politique impériale crée plus de problèmes qu'elle n'en résout, et le monopole d'état est un fardeau insupportable pour le peuple.
Autant dire que si certains arguments ont un tantinet vieilli, une bonne part du débat reste intact. Mais surtout, le texte permet une véritable plongée dans les mentalités de l'époque. Les arguments se déroulent au fur et à mesure des débats, nous permettant d'observer la façon de penser de lettrés chinois d'il y a deux mille ans…
Les discours sont émaillés de citations des grands philosophes. Certains, principalement Confucius et Lao Tseu, sont bien connus (de nom en tout cas) en Europe. D'autres, comme Mencius ou Mozi, sont à peu près inconnus. Découvrir qu'il avait existé un théoricien de l'amour universel en Chine antique m'avait particulièrement étonné – il faut dire que ce courant de pensée a disparu vers le deuxième ou le troisième siècle, et n'a pratiquement pas eu de postérité.
Les lettrés, plus à même de la rhétorique, ont la haute main dans ces débats. Il n'empêche : historiquement, ce furent les partisans d'un état fort qui l'emportèrent…
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