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Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes 13 à 18 d'une série complète en 24 épisodes. Il faut avoir lu les autres tomes avant.

La situation continue de se détériorer rapidement. le groupe d'hommes menés par Wes (le shérif) assiste à l'absorption d'une femme par le spermatozoïde géant. Et puis ils rentrent à la maison dans la ferme des McCallister pour recevoir un accueil assez froid des femmes qui ont du repousser un assaut des Girls en leur absence.

Monsieur McCallister dispose d'un télescope qu'il a installé sur le toit de la maison. le petit groupe de survivants peut voir les panneaux à message variable mis en place par l'armée à l'extérieur du champ de force. Ils découvrent également que l'une des femmes semble être à l'abri des attaques des girls. Ils ont capturé et emprisonné 3 girls dans la cabane à jardin. Tout n'est pas parfait mais la situation semble avoir arrêté d'empirer. Sauf que l'une des jeunes femmes commence à pondre, signe certains que l'un des hommes a copulé avec elle.

L'un des 2 vieux meurt de vieillesse dans le salon, un homme décide de s'enfuir. Les tensions entre les hommes et les femmes aboutissent à un clivage irrémédiable et la survie du groupe devient de plus en plus difficile car il faut récupérer de l'essence pour faire fonctionner le générateur, de la nourriture et des boissons, des armes et des munitions, et gérer la partition du groupe entre les hommes et les femmes.

Cette histoire continue de tenir la route et de tenir le lecteur en haleine, tout en n'arrivant pas à dépasser ses défauts. Dans les bons cotés, il y a la désagrégation de la petite communauté de Pennystown. Les frères Luna font ressortir petit à petit chacune des limites des relations qui lient les uns aux autres, y compris au sein d'une même famille ou d'un couple. La lente dégradation progressive des conditions de vie crée des contraintes qui mettent à l'épreuve des relations qui semblaient acquises.

La force de leur récit réside dans le délitement progressif et organique de ces relations. En particulier, l'opposition entre les parties mâles et femelles de ce petit groupe d'êtres humains prend petit à petit de l'ampleur quand ils prennent conscience de leurs faibles chances de survie. Les frères Luna mettent également bien en scène les conséquences de l'absence d'autorité reconnue qui puisse prendre la direction du groupe et faire prévaloir l'intérêt commun au dessus de l'intérêt individuel. Là encore, le faible nombre d'individus concernés permet de traiter chacun comme une personne à part entière, de montrer par petites touches qu'il s'agit de gens peu préparés à s'organiser pour survivre et que le vernis de la civilisation se craquelle progressivement.

Dans les mêmes bons cotés, il y a également le style des illustrations, très simple voire simpliste. Cet aspect propre sur lui permet aux frères Luna de tout faire passer, y compris des images qui auraient été jugées racoleuses ou insultantes pour la gente féminine. Ils n'ont aucune difficulté à mettre en scène les hordes de femmes nues sans tomber ni dans la pornographie, ni dans l'érotisme. Lorsqu'un homme se masturbe pour échapper à l'emprise des girls, le dessin est à la fois discret et sans ambiguïté.

Lors d'une attaque de girls, une femme enceinte est renversée et elle se retrouve sur le dos, les jambes écartées dans une position qui aurait été franchement obscène bien qu'elle soit habillée, si elle avait été dessinée dans un style plus réaliste. le choix des couleurs reste dans le domaine doucereux avec des camaïeux de teintes différentes pour chaque scène. Ces éclairages permettent de jouer sur la pénombre et rendre réalistes les scènes de nuit qui pourtant ne devraient pas être éclairées.

Dans les cotés moins réussis, le style simple des dessins bascule parfois dans le simplisme. Lors de l'enterrement de l'un des membres de la communauté, 2 femmes pleurent à chaudes larmes et le lecteur à l'impression d'être dans un manga comique : 2 traits descendant en vertical des yeux pour indiquer un torrent de larmes coulant entre. Il m'a été impossible de prendre cette scène sérieusement du fait de ce dessin, alors qu'elle marque un instant plein de pathos et de chagrin.

Assez régulièrement, le lecteur contemple des objets qui trahissent également une vision simpliste de la réalité. Par exemple j'ai rarement vu une collection de bûches aussi droites et dépourvues de noeuds ou d'irrégularités. Ces décalages produisent à chaque fois une impression de lire un livre pour enfants, comme autant de fautes d'orthographe ou de grammaire au milieu d'un roman. Il reste également un élément du scénario qui me tarabuste : le choix de ne donner aucune explication sur la provenance des girls et leurs agissements. Je peux comprendre que les frères Luna souhaitent en faire des forces de la nature insondables, mais elles présentent des caractéristiques trop pratiques (apparence de jeunes femmes nues, appétence pour les relations sexuelles, etc.).

Ce récit propose un voyage prenant et plein de suspens dans lequel le lecteur aperçoit parfois l'envers du décor.
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