Une vie est faite de rencontres. Certaines porteuses d'espoir. D'autres que l'on aimerait pouvoir oublier.
Un petit carnet rouge qui n'a jamais quitté Doris, une femme de 96 ans vivant seule à Stockholm.
Un petit carnet dans lequel sont annotés tous les noms des personnes ayant traversé sa vie. Des noms, tous sobrement rayés de la mention « Décédé ».
Doris sait qu'elle arrive au bout du chemin. Mais elle refuse de mourir en emportant ses secrets avec elle. C'est ainsi qu'elle choisit de raconter son histoire, et celle de toutes les personnes apparaissant dans ce carnet, à sa petite nièce Jenny. A qui elle voue un amour tendre, doux et sincère.
Allez savoir pourquoi, en découvrant l'histoire de vie de Doris, je m'attendais à un peu plus de légèreté. A un partage plus joyeux, nuancé certes (je n'avais certainement pas envie de lire un livre « guimauve ») mais tout de même plus gai.
Or, ce roman est empreint d'une profonde mélancolie. Quelques points qui motivent cette impression :
- Doris a passé sa vie à chercher le bonheur qui n'a eu de cesse de lui échapper, toujours de manière tragique. Elle a été utilisée, blessée, abandonnée, méprisée, rejetée. Faisant parfois les mauvais choix ou étant simplement victime de hasards malencontreux.
- L'histoire d'amour inattendue, lumineuse, touchante avec Allan. Romance qui aurait pu, enfin, lui apporter le bonheur tant espéré. Mais dont elle va être privée durant toute sa vie. Oui, parce que Monsieur est un peu goujat sur les bords et n'a pas vraiment le sens des priorités !
- Jenny, cette jeune femme qui vit une vie sans passion, sans folie, sans lumière. Qui jongle vaillamment entre les charges mentales, les enfants turbulents et un mari égocentrique (« Je vais te le dire une seule fois et je ne te le répéterai pas. Rentre à la maison ! […] Je ne peux pas à la fois m'occuper de mon travail et m'occuper de la maison. Ce n'est pas possible. Je ne comprends pas comment tu fais » page 297). Oups, on est loin du chéri 2.O !!
- le paradoxe ô combien douloureux entre Doris, femme forte, résiliente, admirée et adulée pour sa beauté durant sa jeunesse, ayant parcouru le monde et ayant affronté maintes et maintes épreuves. Et cette dame de 96 ans totalement infantilisée à la fin de son existence. Découvrant qu'elle n'a plus aucune emprise ni sur son corps ni sur sa vie.
Alors, évidemment, tout n'est pas si noir dans la vie de Doris : la rencontre avec Gösta, personnage atypique et profondément touchant. le lien extrêmement fort qui la lie à Jenny et qui va lui apporter un peu de chaleur et de joie.
Toutefois, ces quelques lueurs d'espoir et de bonheur fugace n'ont pas suffis (à mon sens en tout cas) pour illuminer la vie de Doris que j'ai trouvé au final d'une tristesse incroyable.
De plus, des longueurs à la fin du livre et des dialogues entre Doris et Jenny vraiment trop redondants ont eu raison de mon enthousiasme initial.
Bref, je vais enchainer de ce pas avec une lecture détente et résolument plus positive 😋