Ce livre de l'écrivaine suédoise
Sofia Lundberg m'a été offert à Noël. Un titre énigmatique et une jolie couverture. J'avais adoré
Un petit carnet rouge, son premier roman et j'étais donc ravie et curieuse de découvrir le deuxième.
C'est un ouvrage agréable et facile à lire. L'écriture est simple et fluide, les personnages décrits avec justesse et les diverses situations évoquées avec réalisme. Pourtant il ne m'a pas touchée autant que le précédent, je l'ai trouvé un peu trop romanesque à mon goût avec des clichés et des redites.
Ce roman est centré sur le personnage complexe d'Elin, une femme active, célèbre photographe de mode qui vit à New York dans un environnement privilégié : superbe appartement panoramique, réussite professionnelle incontestable, mariée à un riche homme d'affaires. Elle est happée à 100% par son travail et néglige son mari et sa fille Alice. La crise couve au sein de la famille. Mais Elin est-elle vraiment heureuse ? Ne cache-t-elle pas une certaine fragilité voire quelques secrets lointains ? On a du mal à la cerner ; elle qui veut tout gérer à la perfection, tout le temps, ne semble pas naturelle comme si elle s'était fabriqué un personnage idéal mais fictif.
Le lecteur en apprend vite sur l'enfance pauvre et rude d'Elin, sur l'ile suédoise de Gotland, dont elle est originaire. Mais c'est apparemment un secret bien gardé. Ainée d'une famille de trois enfants, Elin vit dans la misère : un père en prison pour un vol qui a hélas mal tourné, une mère déprimée, fragile psychologiquement, qui parfois s'enferme dans le mutisme. La famille ne mange pas tous les jours à sa faim. Courageuse, combattante, Elin, qui adore ses petits frères seconde sa mère autant qu'elle le peut, elle leur prépare des repas, leur fait des câlins, les protège. Heureusement elle peut compter sur le soutien de certains villageois comme Gerd et Ove les épiciers, sur Haina une vieille dame qui lui prête des livres, et surtout sur l'amitié éternelle de son grand copain, son presque frère, Fredrick, qui lui apprend la beauté de la nature, le ciel et les étoiles.
La construction de ce roman est classique.
Sofia Lundberg alterne bien évidemment les chapitres évoquant la vie actuelle d'Elin à New York (2017) et ceux décrivant son enfance dans l'ile de Gotland (1982-1984). Mais progressivement les années vont se rapprocher, puis se rejoindre, des événements et des secrets vont se dévoiler et les pièces du puzzle vont finir par s'imbriquer les unes dans les autres. Au fur et à mesure, d'ailleurs, le lecteur sent qu'un mystère plane sur la vie d'Elin. Je trouve, toutefois, qu'on a du mal à faire le rapprochement entre les deux facettes du personnage d'Elin. On se demande comment une telle métamorphose a pu se produire. Est-ce vraiment possible ? Que s'est-il réellement passé ?
J'ai été très émue par la courageuse petite fille suédoise, se battant sur tous les fronts pour supporter une enfance misérable, violente, privée d'amour et pour donner un peu d'affection et de réconfort à Erik et Edvin, ces deux petits frères. Je l'ai plainte et j'ai eu pitié pour elle.
Par contre, je n'ai éprouvé aucune empathie pour l'Elin d'âge mur, cette photographe new yorkaise à succès, qui vit dans un monde privilégié, sophistiqué et artificiel. Je dirais même qu'elle m'a agacée ; en apparence toujours parfaite, toujours impeccable, chignon bien tiré, tenues élégantes en toutes circonstances, talons aiguilles… même pour aller marcher sur des chemins de terre ! Il est temps qu'elle arrache sa carapace, se réconcilie avec son passé et redevienne humaine. Elle est en bonne voie et ne peut que remercier sa fille Alice qui l'aide à se retrouver elle-même. A ce propos, j'ai bien aimé la description de la relation mère-fille, tendue en début de roman et qui se dénoue et s'épanouit au fur et à mesure qu'on avance dans l'histoire.
« Il arrive tant de choses au cours d'une vie. Nous vivons tant d'expériences qui deviennent des souvenirs et ces souvenirs font partie de nous. Ils nous construisent. Ils nous marquent à jamais, qui que nous soyons et quelle que soit notre existence. Ils font de nous ce que nous sommes… »
Telle est la conclusion de
Sofia Lundberg.