Nous sommes à la fin de la seconde guerre, dernier hiver, quelque part en France au relief accidenté. Ce sont les rudes conditions de vie des résistants dans les bois : escarmouches contre l'occupant, défi entre bandes, code d'honneur, discipline, trahison, la faim, le froid, l'attente… : des histoires d'hommes. Il y a les personnages habituels : le capitaine, son second, le prêtre, le médecin, quelques hommes du village voisin et, évidemment, Colette, l'agent de liaison à bicyclette : le scénario habituel dans ce genre de récit. le rythme est lent mais c'est dans l'écriture et le style qu'il faut rechercher le plaisir de lire.
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Le bien et le mal sont des concepts universels, je peux encore l’admettre, s’il le faut. Il est sans doute mal de tuer un homme. Mais le dire ne résout rien. Parce que la définition de l’innocence et de la culpabilité, elle, n’appartient qu’aux hommes. À ceux qui s’érigent en juges. Elle n’a pas de contours, elle fluctue au gré de l’Histoire, des indignations, des enjeux. Elle dépend d’un corpus de règles qu’il faut encore adapter au détail de chaque situation, et cette adaptation donne toute latitude à l’arbitraire. La culpabilité répond au besoin immédiat de résoudre une situation de crise. De classification.
Les notions d’innocence, de culpabilité construisent une enfance avec leur lot d’émotions : la satisfaction de soi, le calme et la certitude inébranlable de son bon droit contre le mensonge, le feu aux joues, les sueurs froides, la sourde panique d’être démasqué. Mais à présent, il n’y a plus rien. Qui que tu sois, quoi que tu aies été, le bannissement. Le bien et le mal jetés à égalité. Juger, je ne peux plus. Décider de ce qui est juste, je ne sais plus. Je croyais vivre en toute loyauté et nuire le moins possible aux autres. J’ai appris que l’innocence était relativ
Denise est la beauté du village, la référence en matière de mode et la proie des commérages. Colette ne se serait sans doute jamais entendue avec elle, si ses mœurs légères et sa collection d’amants ne l’avaient pas parée, à ses yeux, de l’aura d’une indépendance sulfureuse. Denise, lorsque les racontars lui sont rapportés par amitié ou cruauté, rit et répond volontiers que toute communauté compte toujours, pour l’occupation de tous, la jolie femme, l’ivrogne, l’idiot, l’asocial, l’ambitieux ainsi que l’honnête homme et qu’il ne lui semble pas écoper de la position la moins enviable.
Il se sent heureux d’être toujours en vie et entend continuer à penser, travailler, soigner, se cultiver, aimer, enfouir ses blessures sans trucider son prochain. Il ne veut plus être mêlé à l’absurde. Il trouve raisonnable de quitter ce continent sans se retourner, et de l’abandonner à sa violence abyssale.
Un type exécuté qui se dit innocent, ça laisse un arrière-goût de culpabilité. On est intransigeant pour le faire taire.
Émission à retrouver sur : https://www.web-tv-culture.com/emission/caroline-lunoir-premiere-dame-51434.html
Elle s?imaginait travaillant dans l?humanitaire et a d?ailleurs participé à des actions à l?étranger pour diverseses ONG. Finalement, en tant qu?avocate pénaliste, elle a monté son propre cabinet avec deux confrères. Mais lorsqu?elle parle de son métier, on comprend ce qui anime Caroline Lunoir : écouter, comprendre, aider, défendre. Par l?écriture aussi, elle manie ses quatre verbes. Un premier roman « Faute de goût », huis-clos familial paru en 2010, l?installe dans le paysage littéraire. Suit « Au temps pour moi » sur le mécanisme psychologique de la Résistance pendant la Guerre, roman primé et salué par la critique. Après un ouvrage collaboratif avec trois jeunes autres écrivains, voici le nouveau titre de Caroline Lunoir « Première dame » paru chez Actes Sud. A travers ce vocable très français et qui régulièrement fait polémique, la romancière nous présente Marie dont l?époux, Paul, brigue la présidence de la République. A travers un journal intime courant sur les deux années qui précèdent l?élection, Marie raconte son quotidien, entre enthousiasme et résignation, admiration et dégoût. Dans ce milieu bourgeois, au sein de cette famille traditionnelle où seul prévaut le sourire en toutes circonstances, comment Marie va-t-elle affronter cette campagne qui s?annonce brutale ? Tableau de famille, peinture du milieu politique, Caroline Lunoir s?est ouvertement inspirée de faits ayant récemment défrayé la chronique à la fois politique et judiciaire en flirtant avec les pages people des magazines. Au-delà du contexte choisi par l?auteur pour bâtir son intigue, ce roman est surtout un formidable portrait de femme. Une femme humiliée, bafouée, mais aussi amoureuse, battante, prête à tout pour défendre sa famille, une femme qui cherche à se construire, à exister, entre ses aspirations et ses révoltes, le rôle qu?on veut lui faire jouer, le personnage qu?elle est réellement, une femme entourée et terriblement seule.
Bien construit, avec une plume efficace qui aura encore beaucoup de choses à nous dire, voilà un roman à la fois féroce et pathétique, une farce contemporaine sur la soif de pouvoir, les mirages de la politique, les illusions de la famille et la fragilité des sentiments. Un livre qui nous fait prendre également du recul sur nos jugements à l?emporte-pièce et résonne fortement avec l?actualité de notre société en pleine ébullition.
« Première dame » de Caroline Lunoir est publié chez Actes Sud.
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