C'est un roman que j'ai lu , il y a plus de dix ans, je ne me souvenais de rien. Et en premier lieu : avais-je aimé ou pas ?
En cette période de confinement, où je "revisite" ma bibliothèque, j'ai été happée par
Edward Hopper, plus que par l'auteure donc, ou par un résumé inexistant sur la couverture, la maison d'édition lui préférant , quelques lignes enthousiastes de
Philip Roth. Mais ça ne m'avançait pas à grand-chose...
1969, la ville universitaire de Corinth en toile de fond , pour épingler quelques personnages gravitant tous autour de l'université locale.
Le couple Tate, quarante ans, deux enfants. Lui est prof, elle femme au foyer. Leurs deux ados , sont en train de devenir des étrangers mal élevés, la femme se sent seule, a des velléités de retravailler. Mais monsieur est contre, que va devenir son petit confort , si madame néglige son foyer faute de temps ?
Madame s'incline, on est dans les années 60... Mais monsieur a fauté avec une jeune étudiante, qui a beaucoup insisté (c'est pas sa faute, il a longtemps résisté).
Madame regrette, son ex-futur boulot...Mais madame est stoïque , madame est admirable.
On est dans les années 60/70, le monde change: la musique, le paysage, les moeurs. C'est qu'on divorce de plus en plus, ma bonne dame....
Ces messieurs désirent des femmes, qui ne sont pas forcément sensibles à leurs charmes, mais ces dames cèdent,
Dur d'être une femme libérée, une femme seule, dans ces années-là, pour payer ses factures, réparer les choses cassées dans la maison, être invitée dans les soirées, les dîners , pour toutes ces ex-épouses, ces quarantenaires.
Mais la jeune génération n'a que faire du mariage, de cette "protection", de cette institution démodée, mademoiselle veut être libre... Délivrée...
Madame se regarde dans la glace et madame trouve qu'elle a vieilli. " Sa jeunesse s'enfuit"...
C'est une histoire qui n'a l'air de rien au départ, l'auteure mettant ses personnages à distance, d'elle-même, puis du lecteur. Aucun attachement, aucune identification possible, et pourtant... c'est tellement vrai, tellement nous, tellement vous... des gens ordinaires , des gens comme vous et moi.Des profs, des assistantes, des étudiantes, des voisines. Des gens au prise avec les petites lâchetés ordinaires, les petits égoïsmes.
Une plume ironique, [ "antiromantique", me dit
Philip Roth sur la couverture : Aie !
Oui , parce que , moi, j'aime les histoires d'amour qui finissent bien en général, et que là , ça se finit comme ça se finit chez les gens ordinaires.
Pas de couchers de soleil, pas de violons, juste la petite musique de la vie, au coin de la rue, d'une ville qui s'appelle Corinth, en l'année 1969.
- "69 : année érotique" ?
Pas pour
Alison Lurie : année réaliste, ultra réaliste...
Et j'en suis venue à drôlement apprécier sa petite musique et ses réflexions sur la vie qui passe, ses hauts, ses bas, doucement sans faire de bruit, sans faire d'éclat...
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Challenge 50 objets.