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Critique de Livretoi


Dans les six premiers d'Alison Lurie, les femmes, fidèles ou infidèles, aiment les hommes. Dans le septième, " liaisons étrangères", l'héroïne de 54 ans ne se fait plus aucune illusion sur eux mais en attend encore un peu de plaisir, de la tendresse et une compagnie agréable pour contrarier sa solitude.
Dans ce huitième roman le féminisme fait passer les hommes à la trappe. L'héroïne de 39 ans, déçue par son père, par son mari, se tourne vers les femmes et cohabite avec une lesbienne qui affiche son hostilité à la gente masculine et la convertit presque à ses idées. Amusant de voir l'évolution de la place des hommes au fil des romans.
Heureusement, l'éclaircie se dessine à la fin, on sent le retour en grâce de l'hétérosexualité. le sectarisme n'a pas sa place chez Alison Lurie.

Polly Alter, 39 ans, divorcée, un fils de 12 ans, prépare une biographie sur la célèbre peintre Lorin Jones décédée à 43 ans. Pour cela elle rencontre ceux qui l'ont connue et fréquentée : son ancien conjoint, son dernier petit ami, son ancien professeur, le directeur de galerie, ses amies, les membres de sa famille, etc. Au fil des témoignages complémentaires et parfois contradictoires la vérité se précise sur la personnalité de Lorin Jones et les responsabilités de chacun dans son destin tragique. le lecteur suit l'enquête avec intérêt, le suspense est entretenu jusqu'à la fin, toute la construction est une réussite.

Parallèlement à l'enquête on accompagne Polly Alter dans ses soucis existentiels. Sur ce volet du roman je suis beaucoup plus réservé.

Toute l'intrigue du roman repose sur la colère de Polly ressentie à l'égard des hommes en général qui justifie sa nouvelle orientation vers les femmes.

D'abord je n'ai pas trop compris l'énorme colère ressentie par Polly à l'égard de son père qui n'est pas un si mauvais bougre que ça. Je trouve que c'est mal expliqué.
J'ai trouvé également insuffisant le motif de divorce entre Polly et son mari. le mari refuse de renoncer à une opportunité de carrière, elle refuse de le suivre pour préserver également sa vie professionnelle et ses projets, donc ils se séparent. C'est un peu court pour justifier une rupture, sauf à y ajouter d'autres motifs.
Ce point de départ bancal justifie donc que Polly se détourne des hommes , se rapproche de Jeanne, lesbienne. Elle l'héberge dans son appartement, finit par héberger le couple lesbien formé par Jeanne et Betsy. Polly se déclare bientôt lesbienne, alors qu'on n'y croit pas une seconde. Tout au plus Jeanne est-elle une amie intime qui la réconforte dans une période de doutes. Elle sait qu'elle n'est pas lesbienne, on le sait.

Ensuite, le couple Jeanne-Betsy est particulièrement agaçant. Elle squattent l'appartement de Polly et deviennent grossièrement envahissantes. La cohabitation donne lieu à des dialogues infantiles parfois proches de la caricature. Il faudra attendre la fin du roman pour que tout se clarifie mais cela aura été bien long.
Au final, je pense que le féminisme proposé par Alison Lurie relève plus de la dénonciation et de la caricature que du plébiscite.

Autre motif d'agacement, la tendance de Poly à se lamenter sur son sort, à se projeter dans un futur forcément négatif pour elle, à extrapoler à outrance selon des scénarios plus ou moins improbables. Alors qu'elle a réussi professionnellement, est talentueuse, intelligente, belle, courtisée des hommes et des femmes, etc.

Heureusement, Polly retrouve ses esprits et son bon sens à la fin du roman et permet de préserver l'idée que tous les hommes ne sont pas à jeter.

Donc, pour moi un excellent roman pour la partie enquête, des faiblesses sur le volet affectif et la construction psychologique du personnage principal. Cela reste un bon roman agréable à lire.


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