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Monique Chassagnol (Traducteur)
EAN : 9782869304987
253 pages
Payot et Rivages (31/10/1991)
4.23/5   15 notes
Résumé :
"Winnie l'Ourson" n'est pas un ouvrage habituellement considéré comme subversif, pas plus que "Les Aventures de Tom Sawyer", "Alice au pays des merveilles" ou "Peter Pan".
Néanmoins, si de tels classiques apparemment anodins connaissent un succès durable, c'est en partie parce qu'ils font la satire de la société adulte et de ses conventions.
Si les enfants forment une tribu à part. possédant une culture propre, ces ouvrages en sont les textes sacrés. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Jolie réussite d'Alison Lurie pour ce premier essai sur la littérature enfantine publié en 1990 ! Grande amatrice de contes, il y a longtemps que je voulais le lire. Son essai ne traite pas beaucoup des contes mais plus largement de toute la littérature destinée aux enfants en mettant à jour tout ce qui se cache sous la surface innocente et conventionnelle de célèbres romans pour la jeunesse.

On est loin de l'excellente « Psychanalyse des contes de fées » de Bruno Bettelheim : non, Alison Lurie, s'appuyant sur les cours qu'elle donnait à l'université de Cornell, nous donne les clés de lecture de ces romans en les expliquant par le vécu de leurs auteurs. de Lucy Jane Clifford avec ses récits d'horreur au merveilleux moderne avec La chasse au trésor d'Edith Nesbit, de Peter Pan de James Barrie au Jardin secret de Frances Hodgson Burnett, de Winnie l'Ourson d'A.A. Milne aux Garennes de Watership Down de Richard Adams - pour n'en citer que quelques uns - Alison Lurie décortique éléments biographiques de ces écrivains et contexte de l'époque pour expliquer ce que ces textes pouvaient avoir de subversif en leur temps et comment ils ont été reçus par le public ou les critiques.

Elle aborde même le cas de deux illustratrices célèbres, Beatrix Potter et Kate Greenaway, cette dernière sans doute moins connue de nos jours mais dont les dessins peuplés de délicieuses enfants habillées de romantiques robes amples dans une campagne idéalisée ont rencontré un immense succès dans les dernières décennies de l'ère victorienne. Ces chapitres sont absolument passionnants.

Je retiendrai quelques titres et écrivains à découvrir comme La chasse au trésor d'Edith Nesbit ou le vent dans les saules de Kenneth Grahame. La liste que nous propose Alison Lurie est longue et comporte bon nombre d'auteurs de langue anglaise mais malheureusement, il semble que de nombreux titres n'aient pas encore été traduits.

J'ai hâte de lire son deuxième essai sur la même thématique, publié en 2003 « Il était une fois… et pour toujours ».

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Don't Tell The Grown-Ups
Traduction : Monique Chassagnol

Voici un essai de très grande qualité sur la littérature enfantine anglo-saxonne dont l'Européen continental ne connaît pas toujours les grands noms. Les quatre premiers chapitres traitent cependant du conte de fées et des histoires pour la jeunesse en général, ce qui explique les allusions aux frères Grimm et aux racines européennes de ces histoires que, avec le français Charles Perrault, ils furent parmi les premiers à rassembler.

Lurie saisit d'ailleurs l'occasion de nous rappeler que, à l'origine, beaucoup de ces contes comportaient ce que nous appellerions aujourd'hui des scènes gore et que personne ne semblait s'en émouvoir. (Sur ce plan, on pourra consulter de façon appréciable, mais sur un autre niveau, le très intéressant ouvrage de Bruno Bettelheim sur la psychanalyse appliquée aux contes de fées. Pour ses livres sur l'autisme, par contre, passez votre chemin. Mr.Red )

En effet, outre les marâtres qui, reines ou paysannes, finissent très mal parce que condamnées à cracher jusqu'à leur dernière heure crapauds venimeux, serpents, araignées et autres charmantes petites bêtes, on pense tout de suite à l'histoire si représentative de Hansel & Gretel, ces deux enfants qui - en état de légitime défense, certes - n'hésitent pas à pousser dans son four l'horrible sorcière-ogresse qui prétend les dévorer rôtis. Comme quoi, le monde de l'enfance et les récits qu'on s'y chuchote ont toujours fait montre d'une cruauté qui, hélas ! fait partie de la vie elle-même. Alison Lurie déplore d'ailleurs - et je partage son opinion - que, de nos jours, on tende à supprimer les fins atroces (mais très morales, somme toute) des contes de notre enfance sous le prétexte plus que douteux qu'il ne faut pas traumatiser les enfants.

Mais il y a plus étrange : ceux-là mêmes qui veulent à tous prix "protéger" les pauvres petits des horreurs prétendument distillées par les contes de fées ne semblent avoir aucun scrupule à les laisser béer devant n'importe quel programme télévisé ou jeu vidéo bien sanglant ...

A compter du cinquième chapitre, Lurie passe du général au particulier en évoquant les univers de Beatrix Potter, Frances Hodgson Bennett (créatrice du petit lord Fauntleroy et de bien d'autres petits héros), d'Edith Nesbit (auteur de la fin de l'ère victorienne qui fut la première, semble-t-il, en tous cas en Angleterre, à écrire sans condescendance pour les enfants), d'A. A. Milne (immortel auteur du non moins immortel Winnie l'Ourson), sans oublier James Barrie et son Peter Pan ainsi que le grand mais méconnu T. H. White, auteur d'une réécriture des chroniques arthuriennes à l'usage des enfants et des adolescents.

Lurie use d'un langage tout à fait accessible aux profanes, ne fait pas dans la pédanterie et nous fait partager sa passion pour un thème qu'elle maîtrise mais dont on regrette qu'elle ne puisse le traiter dans son intégralité. On rêverait par exemple de lire son avis sur la saga de Mary Poppins et à la vie de sa créatrice, Pamela L. Travers, ou bien encore nous confier ce qu'elle pense d'Enid Blyton et de ses séries "Mystère" et "Club des Cinq" à moins qu'elle ne préfère demeurer en terre américaine avec l'analyse des aventures de Nancy Drew-Alice Roy ou des Frères Hardy.

Mais enfin, tel qu'il est, "Ne le Dites Pas Aux Grands" se révèle un ouvrage de tout premier ordre, à lire et à conserver.
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Dans cet ouvrage, Alison Lurie explore les vastes contrées de la littérature jeunesse anglo-saxonne. Elle consacre certains chapitres à des personnages universels comme Winnie l'Ourson, Pierre Lapin et Peter Pan. Elle nous dévoile également quelques bribes de la vie de leurs auteurs.

Tout cela n'est peut-être qu'une question de motivation et d'humeur, mais j'étais beaucoup plus intéressée par la lecture de "Il était une fois... et pour toujours" de la même auteure. Dans "Ne le dites pas aux grands", il y a eu plus de passages lus sans grand enthousiasme. Ce sont surtout les moments où elle abordait la vie d'auteurs célèbres et le lien avec leurs livres qui ont suscité mon attention.

Peut-être est-il judicieux de respecter l'ordre de publication et de se lancer dans cet essai-ci avant d'aborder "Il était une fois... et pour toujours" !
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A lire si vous doutez encore de l'intelligence et de la pertinence de la littérature jeunesse qui sait, avec des personnages soi-disant enfantins expliquer aux enfants qu'on ne doit pas tout accepter et que la différence est une liberté.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
[...] ... Dans "The Story of The Amulet", les enfants, sans trop réfléchir, font un voeu et la reine de Babylone (...) se retrouve ainsi à Londres. Elle est fascinée par la Tour et la Tamise mais atterrée par les conditions de vie des habitants :

- "Mais comme vous traitez mal vos esclaves ! Quels pauvres diables, misérables et délaissés !" dit-elle tandis que le fiacre brinquebalait le long de Mile End Road.

- "Ce ne sont pas des esclaves, mais des travailleurs," dit Jane.

- "Bien entendu ! Les esclaves doivent être travailleurs, cela va de soi. Ce n'est pas à moi qu'il faut le dire. Vous croyez que je ne sais pas ce que c'est qu'un esclave ? Pourquoi leurs maîtres ne veillent-ils pas à ce qu'ils soient mieux nourris, mieux vêtus ? Attendez-vous à une révolte si vous continuez comme cela," reprit la reine.

- "Oh ! non," dit Cyril, "ils ont le droit de vote, vous comprenez, ça les empêche de se révolter. Ca fait toute la différence. C'est Papa qui me l'a dit.

- Le droit de vote ?" demanda la reine. "C'est quoi ? Un talisman ? Un objet magique ? Qu'est-ce qu'ils en font ?

- Je ne sais pas," répondit Cyril, harcelé par toutes ces questions. "C'est juste le droit de vote. Ils n'en font rien de spécial.

- Je vois", dit la reine. "C'est une sorte de jouet." ... [...]
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[...] ... [Les contes populaires] présentent aussi une autre caractéristique : ils comptent parmi les textes les plus subversifs de la littérature enfantine. Bien souvent, quoiqu'en général de manière déguisée, ils défendent contre le système en place les membres les plus désavantagés de la société : les enfants, les femmes et les pauvres. La loi et l'ordre n'y sont pas toujours respectés : le fieffé coquin dupe le comte et le pasteur, Jack tue le géant et lui dérobe son trésor. Les riches sont souvent malchanceux, malheureux et incapables ; les rois et les reines ne peuvent avoir d'enfants ou souffrent d'étranges maladies tandis que les pauvres, en pleine santé, ont pour eux la bonne fortune et l'esprit d'entreprise.

Tant que ces récits sont demeurés du domaine de la tradition orale, racontés à des publics restreints, à des gens sans importance, les institutions des mondes littéraire et pédagogique n'y ont guère prêté attention. Mais dès qu'ils se sont mis à faire surface sous forme de textes imprimés, ils ont été condamnés, avec des cris d'horreur dont l'écho résonne encore aujourd'hui.

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Les grandes figures de la littérature enfantine ne sont pas en règle générale des hommes et des femmes ayant eu des enfances uniformément heureuses - ou uniformément malheureuses - mais plutôt des êtres dont le bonheur a pris fin brutalement, souvent de façon catastrophique. Ayant perdu très tôt leur père ou leur mère - voire les deux - ils se sont retrouvés brusquement brinquebalés d'un foyer à un autre, comme Louisa May Alcott, Kenneth Grahame et Mark Twain, ou même d'un continent à un autre comme Frances Hodgson Burnett, E. Nesbit et J.R.R Tolkien. L. Frank Baum et Lewis Caroll ont été séparés de leur famille et, envoyés en pension, ont dû se plier à une discipline très stricte et subir de nombreuses brimades. Rudyard Kipling, contraint de quitter l'Inde pour l'Angleterre par des parents affectueux mais mal avisés, s'est retrouvé confié à des étrangers stupides et brutaux. Privés de leur part d'enfance, ces hommes et ces femmes ont plus tard recréé et transfiguré leurs mondes perdus. Bien qu'illustratrice plutôt qu'écrivain, Kate Greenaway est de ceux-là.
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Sarah Trimmer qui, à la fin du XVIIIème siècle, faisait autorité dans le domaine de l'éducation, recommandait aux parents de ne pas laisser leurs enfants écouter ou lire des contes de fées qu'elle taxait d'immoralité car ils enseignaient la violence, l'ambition, l'amour des richesses et le désir de se marier au-dessus de sa condition. "Cendrillon," écrit-elle, "peint les pires des passions qui puissent habiter l'âme humaine, celles dont les petits enfants devraient, autant que possible, demeurer totalement ignorants : l'envie, la jalousie, l'aversion à l'égard des marâtres et des demi-soeurs, la vanité, l'amour des beaux vêtements, etc ..." D'autres critiques ont déploré que ces textes manquent d'esprit scientifique et créent la confusion entre vérité et fiction : le temps passé à les lire serait, selon eux, serait plus utilement employé à apprendre bonnes manières et faits concrets, et à acquérir des compétences. ... [...]
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L'un des thèmes récurrents de l'œuvre de Nesbit est le manque de qualités esthétiques non seulement des constructions bon marché des banlieues modernes mais des grandes villes en général, de Londres en particulier, "cet endroit noir, hideux et haïssable".
Bon nombre d'entre nous sommes si habitués à la vision nostalgique, embellie, que propose la B.B.C du Londres édouardien que nous avons oublié - ou peut-être toujours ignoré - que dans les premières années de notre siècle une grande partie de Londres était d'une saleté repoussante, et la plupart des ses habitants, malades, mouraient de faim. Les rues étaient souillées de crottin et d'urine de cheval, la Tamise polluée et l'air quasiment irrespirable. (La purée de pois qui fait le charme et le mystère des aventures de Sherlock Holmes n'est autre qu'un mélange de brouillard humide et de fumées d'usines particulièrement toxiques).
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