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Citations sur Le printemps des barbares (17)

...ceux qui étaient toujours prêts, lorsqu’on leur posait la question, à clamer que leur motivation n’était pas l’argent, qu’ils ne gagnaient pas d’argent pour l’argent, comme si quelqu’un voulait insinuer qu’ils recueillaient leur argent dans un grand coffre pour y tremper leur croupion. Non, non, l’argent n’était que le moyen permettant d’arriver à ses fins, il ouvrait des perspectives, la perspective d’accomplir de grandes choses, sachant que la grandeur des actes se manifestait en définitive le plus souvent dans le nombre de mètres carrés d’une villa au Cap Ferrat ou dans la longueur d’une coque à Saint-Barth, ou bien, dans le meilleur des cas, dans l’achat d’une nouvelle usine de soutiens-gorge au Bangladesh, qui rapportait encore plus de cet argent qui permettait de « faire bouger les choses », comme ils aimaient à dire. Il était dans la nature des choses que l’argent n’ait aucune valeur intrinsèque, voilà ce qu’ils voulaient exprimer. Mais pourquoi estimaient-ils nécessaire de nous faire croire que cette idée venait d’eux, et pourquoi pensaient-ils que cela arrangerait quoi que ce fût ?
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...je voyais très bien ce qu’un jeune chef hardi formé à Tokyo et Sydney pouvait servir dans un resort tunisien à un mariage anglais où l’argent ne jouait aucun rôle –ou au contraire un rôle capital. Des écrevisses de Louisiane en gelée de thé vert sur couscous aux dattes ; du baklava au miel d’acacia, de la truffe d’Alba, du foie gras, de la noix de macadamia de Tasmanie, du jarret de bœuf wagyu aux patates douces grillées et d’autres plaisanteries du même genre arrangées à la sauce internationale.
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Le Thousand and One night Resort implanté dans l'oasis de Tchoub avait été conçu sur le modèle d'un campement berbère, ou plutôt d'après l'idée que s'en faisait le touriste de première classe en visite en Tunisie tel que l'avaient établi les études de marché, si tant est qu'il en eût une notion, ou que, vierge comme une page blanche et vide comme un bocal, il n'en laissât conter par une conceptrice de clubs de vacances à la renommée internationale domiciliée à Magdebourg.
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Parfois, planté devant un miroir, j'en arrive moi-même à me demander comment j'ai fait pour engendrer la vie en ayant aussi peu de vitalité en moi.
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Saïda obligea Rachid à entrer dans la piscine pour y repêcher un transat et réveiller le frère de Kelly, qui dérivait sur l'eau dans sa bouée jaune, la tête renversée en arrière.
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Il était difficile de savoir si les anecdotes de Preising étaient vraies ou non, mais là n'était pas la question. L'important à ses yeux, c'était qu'il y eût une morale"
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Il était difficile de savoir si les anecdotes de Preising étaient vraies ou non, mais là n'était pas la question. L'important à ses yeux, c'était qu'il y eût une morale.
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Ils n'étaient intéressés ni par le message ni par celui qui le délivrait, seule l'attitude comptait. La confiance en soi, la présence, le volume de la voix, un sourire de vainqueur et des vêtements de qualité étaient autant de facteurs qui les poussaient à écouter et à applaudir frénétiquement.
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Prodanovic, bien que responsable de l’internement de Preising, n’était nullement son médecin de famille. Prodanovic était cet employé de Preising, jeune autrefois, toujours aussi brillant aujourd’hui, qui avait inventé le circuit CBC Wolfram, une pièce électronique sans laquelle aucune antenne-relais dans le monde ne pouvait remplir ses fonctions, sauvant ainsi de la faillite imminente la société en commandite, spécialisée dans la réception télévisuelle et les antennes terrestres, dont avait hérité Preising, et la catapultant à la pointe du marché pour circuits CBC.
Le père de Preising, qui avait eu le tact de retarder son décès juste assez pour laisser à son fils le temps de terminer des études de gestion – interrompues parce que Preising leur avait préféré une formation de chant d’un an et demi dans une école privée parisienne –, lui légua une usine d’antennes de télévision, avec trente-cinq employés à une époque où le câble avait déjà fait depuis longtemps son entrée dans les foyers. […] Grâce à Prodanovic, Preising était non seulement devenu un industriel fortuné, mais aussi le PDG d’une société forte de mille cinq cents employés avec des succursales sur cinq continents. (p. 9-10)
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Le mot de la traductrice :
Entrer dans l’univers de Jonas Lüscher, c’est se laisser entraîner dans un maelström de situations qui culminent dans la catastrophe et la cocasserie. C’est découvrir un style précis et raffiné, qui brille d’autant plus qu’il décrit un monde régit par le clinquant, la violence et le cynisme. C’est s’amuser des mésaventures d’un antihéros, Preising, « néant de volonté », pour reprendre les termes de Deleuze à propos de Bartleby. Ridicule et touchant, profondément inadapté au monde dans lequel il vit, ce personnage candide et maladroit fait rire mais aussi réfléchir : à un relativisme omniprésent qui excuse les pires dérives, à un quotidien dominé par l’abstraction, où tout devient jeu avant de déboucher sur la barbarie.
Jonas Lüscher bâtit une véritable mythologie contemporaine où les sociologues aux sandales ailées s’improvisent messagers des dieux, où les banquiers risquent l’Exode, où les gratte-ciel de la City sont autant de tours de Babel vouées à s’effondrer au moindre coup de vent, où un complexe hôtelier de luxe détruit dans une pluie de feu devient la nouvelle Sodome et Gomorrhe. Courses-poursuites dans le désert, noces fastueuses et exotiques, mercenaires reconvertis en banquiers et dromadaires farcis, Lüscher restitue à notre monde toute sa violence grotesque.
Tatjana Marwinski
Mars 2015
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