Citations sur Fais de ta vie un rêve, et de ton rêve une réalité (31)
Trouver une raison par jour d’être heureuse, tel est l’objectif qu’elle s’est fixé. Moins facile à atteindre, maintenant qu’elle n’a plus de travail. Aussi fait-elle attention au moindre détail. Et ne pas avoir à répondre sur-le-champ la rend heureuse. Elle ne sait pas si elle est en forme, mais ce dont elle est certaine, c’est qu’elle va devoir choisir sa future chambre et que ses draps sont sales. Elle les ramasse. Elle réfléchira plus tard à l’endroit où elle placera le matelas mais, pour l’instant, elle a besoin de prendre l’air. Emilia tombe de nouveau sur sa voisine de palier. Elle espérait l’éviter, parce qu’elle n’est pas coiffée et que sa frange aplatie est plus longue que d’habitude. Les gens comme cette dame n’aiment ni les cheveux en bataille ni les franges trop longues.
Avec elle, il est heureux n'importe où, parcqu'elle ne regarde jamais son portable et n'a pas de montre. Peut-être qu'elle a réussi à rester amie avec le temps, bien qu'elle ne soit plus une enfant.
On en trouve toujours certains d’un peu abîmés, avec des pages cornées ou la tranche marquée. Ce sont ceux-là qui m’attirent, d’ordinaire, parce que je me dis que personne d’autre n’en voudra. Je les achète parce qu’ils ont une petite histoire à me raconter. Une histoire dans l’histoire, ou en dehors, que plus personne ne veut écouter. C’est pour la même raison que je recolle les assiettes cassées. J’aime les histoires que d’autres laissent derrière eux, et je les conserve pour les moments où le silence se fait trop lourd.
Elle pense que le jaune pousse sur le noir, tels les tournesols qui cherchent la lumière et ne craignent pas son contraire, car ils savent qu'ils la portent toujours en eux. Le jaune pousse sur le noir et s'épanouit. Comme le soleil le matin.
Mais ce n'est pas la pluie qui la gêne, car la jeune femme sait que celle-ci a des choses à dire. Sa gamme de sons lui est familière, et elle parvient à distinguer ceux qui racontent une histoire triste de ceux qui sont porteurs de joie. Elle a appris à les reconnaître, elle a passé beaucoup de temps à les écouter, en silence, tandis que les autres se plaignaient à longueur de journée, parce que pour eux la pluie n'est qu'une nuisance de plus.
Oui, c'est exactement ça, avait-elle répondu avec un petit sourire. Les bonnes habitudes, c'est comme des amis qui veulent ce qu'il y a de mieux pour toi.
Elle aurait préféré qu'il pleuve, pour que le son de la pluie la distraie des autres bruits, des plaintes de ses chats, de sa nouvelle voisine. La pluie a en effet des choses à dire, et pourtant elle se contente parfois de se taire et de se gonfler d'histoires jusqu'à n'en plus pouvoir.
L'hiver est aussi noir, car on a besoin de rester silencieux quand on le souhaite. Il est l'ombre de l'été et, sans lui, ce dernier se perdrait.
L'hiver est jaune, telle la promesse vibrante d'un amour naissant.
L'hiver est violet comme l'espoir de s'améliorer. C'est la saison où l'on voudrait retomber en enfance, parce que les adultes ne parviennent presque jamais à protéger quoi que ce soit jusqu'au bout, alors que les enfants ont ce pouvoir secret, qu'ils oublient en grandissant.
Je ne peux pas porter de pantalons et de jupes sans poches, encore moins des vestes. Par-dessus tout, j’aime les poches assez grandes pour pouvoir y glisser un de ces livres dits – ce n’est pas un hasard – « de poche ». Ils sont en sécurité dans les poches de mon manteau, comme les bébés kangourous dans les leurs. Les poches obliques ou trop petites m’agacent, on ne peut pas leur faire confiance, ni y glisser quoi que ce soit sans craindre de le perdre. Mais le pire, ce sont les fausses poches. Elles me font vraiment enrager.
Faire toujours la même tarte, ça me fait du bien : d’abord, parce que je l’améliore chaque fois. Je peux me considérer comme une spécialiste, maintenant. Je pourrais même participer au concours de la meilleure tarte aux pommes du quartier. Ensuite, parce que je n’ai pas besoin de réfléchir. Je connais par cœur les différentes étapes, les doses et le temps de cuisson. Avec les pommes, je coupe aussi mes soucis en tranches. Ils paraissent moins menaçants, comme ça. Je glisse la tarte et mes chagrins dans le four, qui sèche toutes mes larmes.