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EAN : 9782330066598
378 pages
Actes Sud (07/09/2016)
3.45/5   22 notes
Résumé :
L'ADN du meurtrier présumé d'une prostituée, morte depuis 27 ans, a été retrouvé ; le journaliste doit être bref et discret pour relater cette résolution de crime. Son intérêt éveillé, Marc Rappaport mène une enquête qui confirme la concurrence entre intérêts politiques et enjeux économiques.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Gila Lustiger, auteur allemande vivant depuis plus de vingt ans en France, nous offre avec ce roman tout à la fois un thriller passionnant, une charge contre les élites, la révélation d'un scandale sanitaire et un portrait au vitriol de la France d'aujourd'hui. C'est dire la richesse et la densité de cette analyse sans concessions des moeurs de ces dirigeants politiques et économiques que le pouvoir aveugle et qui s'autorisent crimes et châtiments en toute impunité. Ceux qu'on appelle Les Insatiables. Elle nous dépeint la réalité de cette France à deux vitesses, ce fossé entre les nantis qui se permettent tout et les sans-grade qui semblent condamnés à subir leur sort.
C'est à un journaliste d'investigation répondant au nom de Marc Rappaport que l'auteur va confier le soin d'entraîner le lecteur dans un dossier non-élucidé. Franc-tireur et mouton noir de la famille, ce dernier ne se satisfait pas de voir les enquêtes de police bâclées ou trop vite classées, comme cet assassinat d'une prostituée survenu en 1984. Si, près de trente ans plus tard, on reparle de l'affaire, c'est que la police scientifique a pu exploiter des traces ADN et remonter jusqu'à un certain Gilles Neuhart, employé de banque et père de famille sans histoires.
Seulement voilà, Marc va constater très vite que sa culpabilité ne saurait être aussi évidente que la police l'affirme. En parlant à son épouse, puis au présumé coupable, il va comprendre que l'origine de ce viol, puis du meurtre brutal qui a suivi, est à chercher ailleurs.
Pierre, son rédacteur en chef et ami, lui enjoint de ne pas s'obstiner, d'autant que les pressions ne tardent pas à arriver.
«Pour des raisons profondes et inconnues, on se laissait entraîner et, soudain, on se retrouvait tout entier accaparé». Marc ne cédera pas, notamment en raison de son passé (son grand-père était un grand capitaine d'industrie) ainsi que de la proximité avec les habitants de son village d'enfance. du coup Gila Lustiger rajoute encore une strate supplémentaire à ce formidable roman : on peut le lire comme un manuel à l'usage des jeunes journalistes, véritable mode d'emploi de l'investigation.
Ne négliger aucune piste, essayer de rapprocher des éléments qui n'ont à priori rien à voir, faire parler tous les protagonistes de l'histoire…
Voilà comment on passe d'un meurtre à une curieuse accumulation de cas de cancers, d'une prostituée tuée à Paris à une usine chimique aux procédés douteux. Grâce au chantage à l'emploi, elle peut se permettre de passer outre à certaines procédures, à faire fi de la législation pour accroître son marché et ses bénéfices.
Avec cette acuité que possède les personnes étrangères quand elles découvrent pour la première fois une ville, un milieu, des habitudes qui nous semblent tellement ancrées dans la société que l'on ne pense plus à les questionner, Gila Lustiger va dresser le catalogue des compromissions, des petits arrangements, de la corruption, de la criminalité en col blanc qui gangrènent notre pays.
On ne lâche plus le roman, d'autant que sa construction nous offre régulièrement de nouveaux coups de théâtre, reliant subtilement toutes les pièces du puzzle les unes aux autres : « D'un côté, nous avons le meurtre d'une prostituée commis il y a trente ans, e de l'autre ? Un groupe qui fabrique des additifs pour l'alimentation animale et dont le personnel présente un nombre élevé de cas de cancer du sein. Nous pensons que les deux histoires sont liées parce que le père de la victime et le beau-frère du meurtrier supposé travaillaient dans le même groupe. »
Bien plus plaisant que des ouvrages de sociologie, bien plus fascinant que les essais politiques, ce roman montre avec force détails un visage de la France, de l'évolution de la société. Que tous les candidats à la présidentielle devraient méditer, tant il est éclairant !

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Cette enquête nous fait voyager entre Paris et la province, deux mondes que peu de choses semblent rassembler.
Nous suivons les pas d'un journaliste à la recherche du meurtrier pervers d'une jeune prostituée auvergnate.
Gila Lustiger nous permet de découvrir les relations étroites qui lient la presse à la police parisienne. Mais, qu'on ne s'y trompe pas: ce roman est avant tout un réquisitoire contre le lobby chimique français qui n'hésite pas à sacrifier ses travailleurs sur l'autel de la productivité et du profit.
L'auteure nous décrit le cynisme incroyable des élites politiques de la République qui laissent faire l'innommable en toute connaissance de cause.
Heureusement, il y a des hommes et des femmes courageux qui résistent, qui tentent de se dresser contre plus beaucoup fort qu'eux, au risque de leur carrière et de leur vie. Les Insatiables veut leur rendre hommage et celui-ci est mérité.
J'ai beaucoup apprécié ce côté militant du récit, la très belle fresque sociale qu'il développe. Par contre, j'ai été déçu par les 60 dernières pages, d'où les 3 étoiles au lieu des 4 que j'aurais mises si je m'étais arrêté à la fin de la deuxième partie.
En effet, on a presque l'impression que quelqu'un d'autre à écrit le dénouement de l'intrigue tant il semble simpliste... On a l'impression de suivre Tintin dans une énième enquête: "l'intuition" du "héros" lui permet de dénouer une intrigue devenue inextricable. le "méchant" est démasqué et la suffisance d'un fils de bonne famille éclate au grand jour...
Dommage, car il y avait certainement mieux à faire pour conclure cette intrigue plus documentaire que policière.
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Journaliste opiniâtre, Marc Rappaport ne craint pas de déterrer des affaires propres à faire trembler les sphères du pouvoir tant politique qu'économique. Lorsqu'après 27 ans, le meurtrier présumé d'Emilie Thévenin, une jeune prostituée de luxe, est identifié et arrêté, le journaliste convainc son rédacteur en chef et ami de le laisser enquêter. Son intuition le fait douter de la culpabilité du suspect et le conduit à suivre des pistes que le temps a estompées. Avec une obstination qui tourne à l'obsession maniaque, il retrouve des témoins, reconstitue patiemment la trajectoire d'Emilie et relie entre eux des indices fragmentaires pour faire émerger la vérité. Mais il ignore que ses investigations vont recouper et mettre à mal sa propre histoire... La vérité risque de lui revenir en pleine face et de détruire ses dernières illusions.
Le récit emprunte des chemins sinueux pour nous faire suivre une enquête dont j'ai parfois perdu le fil. Dense, complexe, l'histoire avance en se ramifiant sans cesse et en abordant successivement plusieurs thématiques sans que la construction permette de discerner quel est véritablement le propos fondamental de l'ouvrage. La lecture m'a semblé un peu chaotique, brinquebalant entre les considérations intimistes du personnage central, les souvenirs de la figure imposante de son grand-père, le décryptage du fonctionnement des grands groupes industriels et l'enquête proprement dite. Tous ces éléments ont généré une certaine confusion qui m'a souvent contrainte à revenir en arrière pour saisir l'enchaînement des évènements dont la cohérence n'apparaît pas instantanément. Mon ressenti est à l'image de cette lecture : très mitigé. Marc Rappaport est un personnage intéressant par son ambiguïté et par son histoire. Ses motivations, ses relations aux autres restent opaques et laissent la part belle à l'interprétation. En revanche, l'architecture de l'intrigue elle-même m'a semblé un peu précaire, parfois à la limite de la crédibilité par les liens ténus qui font évoluer la situation. En définitive je crois que j'ai trouvé que ce roman était compliqué à l'excès sans que cela le rende percutant pour autant.


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Le roman de Gila Lustiger se situe entre polar et journalisme d'investigation. Il semble avoir pour ambition de réveiller les consciences et de dénoncer les porosités malsaines entre les sphères politiques et économiques françaises.

L'idée de départ est intéressante et on a très envie de s'y plonger. Cependant, l'enquête traîne en longueur, alourdie par de nombreuses digressions qui freinent le lecteur dans sa soif d'en savoir plus sur l'enquête. Dommage... Mais il suffit de tourner un peu plus vite certaines pages et de rester focalisé sur l'intrigue pour retrouver l'entrain de continuer.

J'ai aimé le côté reportage sur le journalisme d'investigation, comme si l'on se trouvait dans les coulisses d'une émission telle qu' "Envoyé spécial". Combien il faut être tenace, manipulateur et futé pour être ce genre de journaliste !

De fait, le héros n'est pas toujours attachant mais c'est un personnage complexe et bien travaillé. Se sentant décalé par rapport au reste de la société et des convenances, il est convaincu de sa supériorité, en devient détestable pour ses proches, mais ses failles apparaissent, il ne peut les renier.

J'ai été étonnée qu'une auteure de langue allemande ait une aussi bonne culture de la société française, dans des domaines aussi variés les uns que les autres comme la vie politique, le système électoral, le milieu médical, les juifs français. Elle est passionnante et il faut reconnaître que le récit est érudit, très informatif.

Au-delà des lenteurs et ramifications de l'histoire, ce roman engagé flirtant avec la réalité mérite le détour pour sa vraisemblance journalistique, son érudition et la virulence de ses propos contres les "Insatiables", ces personnages que rien n'arrête dans leur quête de pouvoir et d'argent.
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« Il y avait trop d'informations contradictoires. Trop de points de départ. Trop d'histoires. »

Chapitre 24

Cette phrase, qui commence le chapitre 24, résume parfaitement mon ressenti sur ce livre.
Ce roman est affiché comme roman contemporain mais est davantage un polar. le problème est, qu'étant à cheval sur deux genres, il n'arrive pas à s'intégrer à l'un d'eux.
Il est trop centré sur la recherche d'un coupable pour être un simple roman contemporain et part trop dans tous les sens sur un problème de société pour être vraiment un polar.
Au final, il ne trouve réellement sa place nulle part, et si l'écriture est agréable, il est difficile de conserver son intérêt pour l'histoire.
En effet, celle-ci s'essouffle à force de trop de détails. Etait-il vraiment nécessaire d'expliquer chacune des actions des protagonistes ? Non, ce sont des paragraphes entiers qu'on finit par lire en diagonale pour enfin renouer avec le fil directeur de l'histoire.
Les errances sentimentales du journaliste apportent-elles quoi que ce soit à l'histoire ? Non, pas même un peu de légèreté, ce qui est généralement le rôle de ces « intrigues » secondaires dans un roman au sujet un peu lourd.
Le désir de Gila Lustiger de dénoncer la société actuelle où les bénéfices d'une minorité prime sur la sécurité même de la masse, à grand renfort de corruption et de magouille politique, était une bonne idée de sujet, mais il est mal amené. On ne sait pas bien comment on passe du meurtre d'une escort girl à un scandale politico-financier. Et arrivé à la fin du livre, on n'en sait guère davantage.
J'aurais préféré une fin plus claire. Ici j'ai refermé le livre avec l'impression qu'il manquait un paragraphe pour clore l'histoire.
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
15 novembre 2016
En polar, une violente critique des "insatiables" de pouvoir et d’argent.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La ville était placée sous l’égide du centre commercial et de la cathédrale de la Résurrection, un bâtiment massif en brique rouge, l’œuvre de l’architecte suisse Mario Botta. (…) Evry n’avait ni centre historique, ni charmant marché hebdomadaire, ni paysages pittoresques à offrir, d’accord, mais si la hausse de la délinquance juvénile lui faisait régulièrement mauvaise presse – à l’image de ce qui se passait dans toutes les banlieues parisiennes –, elle n’était pas non plus un lieu de désespoir. Pourtant, en s’avançant vers l’immeuble où habitait Sébastien Ferrer, Marc ne voyait dans cette ville et ses grands complexes immobiliers ceinturant le centre commercial que l’annonce de toute la misère banlieusarde : la disparition de la nature et de la réalité, englouties dans le factice. Evry n’était pour lui ni plus ni moins que l’agonie du réel.
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Des questions, des questions, toujours des questions. Et une seule conclusion : il vieillissait, il perdait peu à peu de son mordant, comme Pierre, dont la mine était si pincée, maintenant, que Marc n’avait aucun doute sur la suite. Le rédacteur en chef allait céder. Allez, d’accord, dirait-il, je te donne une semaine pour tes recherches, une semaine, pas plus. Et bien sûr, à peine sorti du restaurant, il regretterait sa décision et confierait à son ami la fastidieuse page locale pour une période d’expiation d’au moins dix jours. Ce qu’il regretterait aussi. Si bien qu’un soir, il sonnerait chez Marc avec une bouteille de pomerol et un petit sourire en coin.
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- Oui, c'est ça leur méthode. L'agence d'Helsinki ne se préoccupe pas de savoir si la substance met en danger les clients, et tout le monde se fiche de savoir si elle met en danger quelques ouvriers.
- Donc, les groupes n'ont pour seule obligation que de faire analyser le produit fini?
- Ils doivent aussi enregistrer la substance qu'ils décident de commercialiser. Or vous, ce que vous cherchez c'est un produit intermédiaire cancérogène. Qui, bien évidemment, n'a jamais été enregistré. Au niveau administratif, cette substance n'existe même pas. Elle ne figure nulle part. Et comme elle n'existe pas, son degré de dangerosité ne peut pas non plus être analysé.
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La génération qui est en train de devenir adulte n'en a rien à faire de l'assimilation. Ces jeunes n'ont aucune envie d'être exhibés comme modèles d'intégration. Ce qu'on pense d'eux, ils n'en ont rien à cirer. Ils ramassent en un mois bien plus que leurs pères qui triment sagement à l'usine, et même plus que toi et moi réunis. Et sûrement bien plus que le lèche-cul de première à qui tout le monde à prédit un brillant avenir parce qu'il est allé jusqu'au bac et qui se retrouve quand même chez Burger King pour sept euros quarante-sept de l'heure par ce qu'il n'y a pas de travail pour les jeunes.
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Ils étaient tous au chômage, tous enfants d'immigrés venus de pays africains, tous citoyens français, tous sans repères et frustrés, tous acculés, tous endoctrinés et pervertis par une littérature islamiste radicale, tous braqués contre les juifs devenus leur obsession. Et tous, à l'aide de cet Islam de bric et de broc qui n'avait plus rien de commun avec la religion de leurs pères, dont ils méprisaient la volonté d'intégration et la faiblesse, s'étaient construit une identité de remplacement qui leur faisait miroiter une grandeur réalisable seulement dans la violence. La violence impitoyable.
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