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Critique de Henri-l-oiseleur


La lecture de l'excellent essai d'Edward Luttwak est à déconseiller à toute personne qui n'a pas l'habitude des livres d'histoire, et qui est novice en matière d'histoire byzantine. En effet, l'auteur adopte un plan thématique, non chronologique, et suppose connues les grandes scansions de l'histoire romaine de l'Orient, depuis Attila jusqu'à la conquête croisée de 1204 et même à la prise de la Ville par les Turcs. le lecteur novice sera perdu dans cette bousculade de barbares huns, arabes, slaves et autres, qui ont attaqué en vain la "pars orientalis", la partie orientale, de l'empire romain, qui survécut mille ans à l'empire d'occident. Il faut, si l'on s'intéresse à ce "deuxième poumon" de notre civilisation, aborder la question par des ouvrages d'histoire chronologique.

Ceci posé, la lecture de l'essai de Luttwak est un enchantement. L'auteur met à contribution non seulement sa science profonde des textes et de l'histoire, mais aussi son expérience militaire, sa connaissance de la stratégie et de la tactique, de la technique et des terrains, de la diplomatie et des alliances, ce qui rend son ouvrage extraordinairement vivant, concret, plein d'enseignements mais aussi d'anecdotes, bien loin d'un style universitaire trop aride qu'il lui est impossible d'adopter, lui qui fait figure d'outsider et de penseur nécessairement à cheval entre deux ou trois disciplines et domaines d'études. L'objet byzantin, en effet, bouscule nos clivages traditionnels : prolongement de l'Antiquité dans le Moyen-Age, de Rome dans l'Orient, du christianisme dans la politique, de l'ethnographie dans la stratégie, il fallait pour en rendre compte un esprit libre lui-même de tout clivage et de tout a priori. C'est une très belle leçon de pensée et d'histoire, en tant que cette discipline se prolonge dans le présent par la politique.
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