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Jean-Michel Caradec'h (Collaborateur)
EAN : 9782749907956
258 pages
Michel Lafon (13/05/2008)
3.93/5   73 notes
Résumé :
Son père lui a fait 6 enfants.
Tout le monde savait…
Personne n’a rien dit.

Ca s’est passé en Seine-et-Marne, dans un charmant village à une demi-heure de Paris, dans l’indifférence totale des voisins, des gendarmes, des services sociaux, de la justice et des médecins…
« Pourtant, tout le monde savait.»
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Son père lui a fait six enfants. Tout le monde savait… Personne n'a rien dit. Voici les trois petites phrases qui se trouvent sur la couverture. Trois petites phrases qui en disent long…

On pourrait se croire dans un roman fictif très cru. Et pourtant non… Nous sommes bien dans la vie réelle…

Ce témoignage de Lydia Gouardo, dont le père lui a fait six enfants, et heureusement, que des garçons : Raymond, Bruno, Rémi, Régis, Brice et Boris. Si je dis heureusement, c'est parce que « le Vieux », comme Lydia l'appelle, a un penchant pour les jeunes filles. Alors, on peut dire que les garçons ont échappé au pire, même si ils sont loin, eux aussi, d'avoir eu une vie facile.

En effet, Lydia, a toujours connu le malheur et la misère. A l'âge de 3 ans, Lydia, son frère Bruno et sa soeur Nadia, sont placés dans une famille d'accueil. Suite à une décision judiciaire, les trois enfants ont été retirés à leurs parents, leur père purgeant une peine de cinq ans de prison. Un soir, leur père se présente, armé, dans leur famille d'accueil, menaçant leur « nounou » comme ils l'appelaient, pour récupérer ses enfants, chose qu'il réussit à faire. A partir de là, le cauchemar débuta. Bruno subit les violences du Vieux en premier. Puis un jour, ce fut le tour de Nadia de subir les incestes du Vieux. Chose insoutenable à mes yeux. Puis vint la période de Lydia, cette jeune femme si touchante, à laquelle il finira par faire six enfants. Entre les viols à répétitions, les brûlures, les violences, les séquestrations, Lydia Gouardo nous raconte son quotidien à l'aide de Jean-Michel Caradec'h, qu'elle appelle « mon petit greffier ». Oui, elle a besoin de son aide car à quarante-cinq ans, Lydia Gouardo sait à peine lire, et ne sait pas écrire, étant privée d'école, chose qu'elle aimait le plus…

Ça fait mal de lire un témoignage comme celui-ci. Je n'en suis pas ressortie indemne. Lydia Gouardo nous raconte sa vie avec le coeur et je trouve que cela se ressent vraiment. Elle a une force de caractère incroyable, et parfois, je me demande comment elle a pu tenir aussi longtemps entre les griffes de son père. Peut-être l'instinct de survie comme on dit. Elle a fini par être mère de famille et elle ne pouvait pas abandonner ses enfants. Lydia nous présente aussi, fièrement, son septième petit garçon, Rudy, dont elle a fait croire au Vieux qu'il était de lui, alors qu'en réalité, Rudy a été conçu avec un homme, dont Lydia garde l'identité secrète, lors d'une fugue. Elle qui n'a jamais eu le droit de parler au monde extérieur, mise à part Marianne, sa seule amie, elle qui n'a plus eu le droit d'aller à l'école, nous démontre que même dans le pire, on peut finir par s'en sortir et devenir quelqu'un à part entière.
Mais ce qui m'a le plus choqué dans ce livre, c'est que tout le monde savait, mais personne n'a rien dit. En effet, pour chaque accouchement à la maternité, lorsqu'on lui posait la fameuse question : « Et qui est le père ? », Lydia répondait discrètement : « Son père, c'est mon père » et personne n'a jamais rien dit. C'est ce que je trouve révoltant. Pourquoi on a laissé le Vieux lui faire six enfants sans jamais rien dire ? Pour le premier, je peux accorder difficilement le bénéfice du doute (une maman qui vient d'accoucher peut être exténuée et tenir des propos délirants, et encore…) mais lorsque cinq fois derrière elle ressort la même phrase, pourquoi personne n'a rien fait ? C'est ce qui me désole le plus. Si seulement les gens avaient parlé, cela l'aurait sauvé de tous les sévices qu'elle subissait, de ce monstre qui avait autant d'emprise sur elle…

Je vais terminer cette critique en saluant le courage de Lydia Gouardo d'avoir parlé, avec des mots simples, de s'être confiée sur sa vie. Jusqu'à la mort du Vieux, elle n'a pas connu le bonheur. Maintenant, elle peut vivre en paix et j'espère pour elle qu'elle réussira sa vie, trop tardivement commencée.
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Vingt-quatre heures après avoir terminé « le silence des autres » de Madame Gouardo, je me demande encore si, durant cette lecture, je n'ai pas été la proie d'hallucinations, si j'étais bien réveillée et ne cauchemardais pas.
Cette histoire sidérante dépasse le comble de l'horreur et malheureusement ce que j'ai lu était bien réel et non le fruit de mon imagination.
Dès le début, on comprend que l'existence de Lydia n'a pas été simple puisque à trois ans elle a été placée avec son frère et sa soeur en famille d'accueil. Mais on ne s'attend pas à ce qui va suivre…
Un soir, leur père, tout juste sorti de prison, va les soustraire à leur « nounou » et à partir de ce moment-là, leur vie va basculer en enfer.
Donné en pâture à un monstre cruel et pervers, Bruno, l'aîné, ne connaîtra que la maltraitance, la privation et le viol.
Nadia, la cadette, subira, elle aussi, ces atrocités jusqu'à ce qu'elle réussisse à s'enfuir à dix-huit ans.
La majeure partie de ce bouleversant témoignage relate en fait le quotidien de la benjamine auprès de cet homme abject. Un quotidien fait de tortures (brûlures), séquestrations, privations, et surtout incestes des plus violents qui conduiront à la naissance de six garçons.
Privée de toute éducation, ne sachant ni lire ni écrire, c'est avec la collaboration du grand reporter Jean-Michel Caradec'h, que notre héroïne nous explique de quelle façon elle a pu subir tout cela sans devenir folle, pourquoi personne ne lui est venu en aide et comment son supplice a pris fin au bout de quarante-deux ans.
A travers ce document, j'ai trouvé de la cruauté, de la misère, et de l'espoir puisque l'amour avec un A majuscule fera son apparition finalement.
Bravo à L.G. pour son courage et s'être confiée. En s'accaparant la parole, elle a dénoncé l'abomination et la non-assistance à personne en danger. A mon sens, c'est déjà une victoire.
J'ai admiré également sa force de caractère. Son désir de s'en sortir.
Mes remerciements vont à M. Caradec'h qui a su avec maîtrise et délicatesse transcrire les mots de cette victime. Quelle force car cela n'a certainement pas dû être facile à entendre et à concevoir.
Ceci dit, j'aurais aimé en apprendre davantage sur le « après ». Comment l'auteur s'est reconstruite, quels sont ses rapports avec ses enfants, ses proches ? Qu'est-elle devenue en fait ?
Par ailleurs, je ne saisis toujours pas pourquoi son amie Marianne a accepté de vivre avec eux et connaitre, elle aussi, cette monstruosité ? Pourquoi ne pas s'être échappée et donner l'alerte ?
Pour conclure, je dirai que même si j'ai l'habitude de lire de poignants et terribles témoignages, cette autobiographie m'a donnée la nausée lors de certains passages et rejoint dans la triste catégorie des livres glauques et nauséabonds celui de Annick Cojean « Les proies dans le harem de Khadafi ».
Récit à lire absolument mais à ne pas mettre dans les mains de n'importe qui !

Lien : https://www.instagram.com/li..
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ce livre n'est pas une fiction mais bien la réalité douloureuse dont cette femme a vécu. Même en imaginant les pires scénarios, on réalise dès le début des premières pages l'enfer que va vivre Lydia durant son enfance puis à l'âge adulte. J'admire son courage d'avoir témoigné, d'avoir pu exprimer avec des mots simples, avec toute sa sensibilité, sa dignité, sa pudeur, les sévices qu'elle a endurés. Imaginez votre belle-mère vous plonger dans une baignoire d'eau brûlante, le choc est si brutal que la jeune enfant ressort avec des lambeaux de chair sur les jambes, sur le ventre. Imaginez votre père vous violer, vous enfermer dans un grenier les jambes attachées et relevées pour que la semence qu'il vient de répandre dans votre corps, puisse vous mettre enceinte et cela durant des années. Durant tout ce temps, cette femme forte et courageuse va mettre au monde les enfants de son père, violent et pervers sous les yeux d'une belle-mère qui ne fait rien, qui participe.

J'admire cette femme qui a su se battre, survivre sous les coups, la faim au ventre avec son frère et sa soeur, sous l'indifférence du système judiciaire, l'indifférence du système médicale.
Histoire poignante, non...pas une histoire...Sa vie est poignante, bouleversante, choquante et je l'admire pour avoir su survivre même si dès son jeune âge, elle aspirait à mourir pour que tout s'arrête.
Son père, son bourreau, son violeur, qui va faire de sa vie un véritable enfer et même après sa mort, on comprend pourquoi elle le pleure. Durant plus de dix ans, il a été le seul à s'occuper d'elle, à prendre "soin" d'elle et ce n'est qu'une fois adulte qu'elle comprend que cet amour paternel n'avait rien de tendre, n'était pas une normalité.
J'admire cette femme qui a su aimer ses enfants, réussit à se reconstruire et connaître enfin le véritable amour, le véritable sens de la famille.

Lydia ne savait pas lire, ni écrire, Lydia ne savait pas si son corps supporterait tous les coups, on lui a appris à boire, à se shooter à l'Ether pour supporter les viols, appris à ne pas parler aux inconnus, à ne pas avoir d'amis, à n'être qu'un jouet et malheureusement, elle a appris le bonheur bien trop tard, si les autres avaient parlé, si les autres l'avaient sauvé plus tôt.
Lien : http://lesromansdechris.blog..
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L'impensable de l'horreur, un drame vecu depuis la plus tendre enfance et qui s'est acheve 28 annees plus tard...Certaines pages difficiles a lire, tant elles depassent les limites de la cruaute...et tout aussi revoltante est la fin du livre qui nous fait part des decisions de la Justice en la matiere...Bravo a l'auteur d'avoir ete a meme de parler, de denoncer et de nous faire prendre conscience de l'abject de certains etres humains...si on peut encore appeler ceux-ci des etres humains!!! Et il parait que nous vivons au XXeme siecle, dans une societe capable de proteger ses citoyens????
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C'est un livre terrifiant, malheureusement combien d'histoires similaires se vivent encore de nos jours dans le secret si bien orchestré des familles.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
J'avais beau toujours faire la même réponse lorsqu'on me posait la question: "Le père, c'est mon père", soit les gens faisaient semblant de ne pas avoir entendu, soit ils me considéraient comme débile au point de confondre un père avec un grand-père. Cette ambiguïté était soigneusement entretenue par le Vieux, il faut l'admettre, mais à chaque fois - sept fois - le personnel de la maternité n'a jamais essayé d'en savoir plus.
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l'horreur, un des pires sévice, le silence de l'entourage et des gens extèrieurs qui savent et ne disent rien, on voit dans quel monde on vit, les gens, et leur petit confort, les gens et leur tranquilité, faudrait pas les déranger....et surtout qu'ils ne lisent pas le livre car çà dérangerait.... bravo à l'auteur de dénoncer
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