Piercing

Dans une succession de courts chapitres faisant alterner les portraits des différentes femmes d'une famille portègne, Piercing propose un voyage assaisonné d'humour et d'ironie au travers des états amoureux.
Du premier baiser à l'infidélité en passant par la perte de virginité, la passion érotique et la pornographie, il met en évidence les difficultés que chaque étape de la vie pose aux femmes. Il décrit les fractures morales et idéologiques en ce qui concerne la sexualité féminine de manière assez spontanée. Tous les ingrédients des amours charnelles y sont décrits sans pudeur mais rien dans le langage - toujours politiquement correct, même lorsqu'il fait appel à des expressions considérées comme obscènes - ne peut choquer le lecteur. La finesse avec laquelle l'auteur manie l'humour et le pathétique en évitant tous les extrêmes, donne à l'ensemble un coté léger et amusant. Cependant j'ai trouvé que vers la fin, le roman tourne à l'eau de boudin quand est évoquée la situation politique avec les revendications syndicales d'ouvriers en grève. Ça vient vraiment comme un cheveu sur la soupe et je n'ai pas vu le rapport avec le reste de l'histoire...
En conclusion: une lecture plaisante, menée tambour battant mais qui ne m'a pas transportée au 7e ciel.

dans ce roman de Viviana Lysyj, une famille de Buenos Aires est regardée à la loupe, côté vie sexuelle, de ce côté qui nous est édulcoré d'ordinaire, caché. Il y a là une petite fille de onze ans qui aime les poupées mais se questionne sur le baiser, une grande soeur qui est déjà loin depuis qu'elle a un copain. Les parents, en pleine crise de la quarantaine, ne savent comment gérer ce cap et pourtant découvrent avec étonnement l'étendue de leurs émotions physiques encore possibles. En périphérie, les oncles et tantes vivent chacun des histoires singulières avec des amants de passage...

Moi qui d'ordinaire n'aime pas vraiment reprendre les termes des services de presse que l'on m'adresse, je ne peux m'empêcher ici de vous en donner un aperçu tant ils correspondent à mes impressions de lecture.
Mots de l'éditeur... "Un roman sur la sexualité, traité avec humour et ironie par un grand auteur argentin."
Les inrocks... "Un pari réussi d'une force narrative originale."
En quatrième de couverture... "Viviana Lysyj peint la dérision du quotidien dans l'Argentine contemporaine, et plus particulièrement le désarroi qu'inspire la sexualité, à tous les âges."

En effet, et si l'on veut bien ici mettre un peu sa gêne au placard ou sa pudibonderie, on passera un excellent moment en compagnie de cette famille qui regarde sans faux-semblants ses propres désarrois face à une sexualité pas toujours évidente, parfois audacieuse, souvent maladroite. J'en ai aimé l'humour, la galerie de portraits qui donne à l'ensemble un aspect roman choral, la sensualité, l'humour. J'ai également apprécié les multiples références érudites (qui marquent une culture française très présente en Argentine, ce que j'ignorais) et politiques, qui apportent définitivement à ce roman une profondeur inattendue et forte.

Un presque coup de coeur étonnant ! Mais n'est-ce pas tout ce que je demande désormais à mes lectures, de m'étonner avec qualité, voilà qui est fait. Pour preuve, mon exemplaire est terriblement corné.


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