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EAN : 9782253932802
540 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.86/5   7 notes
Résumé :
Il était une fois un enfant, Alfred Dorn. Il était une fois sa mère. Et l'enfant l'aimait d'un amour fou. Il était une fois une ville, Dresde, celle de la mère et de l'enfant, ville au cœur modelé par les siècles. Il était une fois une nation, l'Allemagne, où vivaient, à Dresde, la mère et l'enfant et leurs proches. Et puis vint le cataclysme. L'Allemagne sombra en 1933 dans la folie nazie. Vint la guerre, et Dresde, un jour de 1945, fut détruite par les bombardemen... >Voir plus
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Ce qu'il a vécu à Berlin-Ouest, ce n'est pas en rasant tous les jours et en prenant de la lécithine qu'on peut y échapper. Un jour, il rencontre un couple sur le Ku-Damm, il les connaît tous les deux pour les avoir vus au cours d'Oehler et au cours de Dreyer, il les regarde l'un et l'autre avec fermeté ; montrant ainsi qu'il les connaît ; maintenant, se dit-il, ils vont tout de même lui dire bonjour ; mais ils passent leur chemin, et au moment où ils se croisent, la fille, au lieu de le saluer, dit à son compagnon Mon Dieu, est-ce possible ! Un autre jour, il arrive à la bibliothèque, il se permet de chercher un mot latin dans le dictionnaire, alors il s'aperçoit qu'un étudiant le montre du doigt à un autre, et l'autre dit en riant : Mon Dieu, c'est incroyable ! Et quand, tout de suite après, un autre s'approche de lui pour le saluer, allant même jusqu'à lui tendre la main et à lui demander comment il va, Alfred est incapable de prononcer autre chose qu'un glacial « Merci bien » et de planter là celui qui lui a posé la question. Il éprouve de la haine envers ces jeunes gens, bien qu'il paraisse bien plus jeune qu'eux. Il a pris la décision d'aller consulter un psychiatre. Sa mère le lui interdit Pas tant qu'elle sera en vie. Il suffit de se lever à l'heure, de se raser tous les jours et de ne tolérer aucune grossièreté, elle persiste dans sa conviction. Il ne faut pas se laisser traiter d'émigrant. Et s'ils ne intéressent qu'à l'érotisme, qu'à cela ne tienne, il suffira de dire « pouah ».
(Page 117).
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Debout dans la pénombre de cette pièce qui dominait Schillerplatz, et sachant que l'Elbe passait à cent mètres de là, il avait l'impression que tout Berlin-Ouest n'était qu'un mauvais théâtre empli de méchanceté. Partout grondaient les fanfares du sexe, et partout, les gens faisaient semblant d'entendre tout autre chose. Ils jouaient la piété, le zèle, la démocratie, les vertus bourgeoises, la distinction et la noblesse ; mais derrière, on percevait tout à coup leurs sifflements perfides ; et tout aussi soudainement, ils se transfiguraient ; il eût été impossible de trouver la moindre preuve. Ils voulaient simplement savoir si l'on était des leurs, quel rôle on jouait, et si l'on présentait pour eux un intérêt dans le domaine du sexe. Le reste était moins important. L'essentiel, c'était de présenter un intérêt sur le plan sexuel. En fait, c'était la même chose qu'à Liepzig. D'un côté on te mesure à l'aune de Marx, de l'autre à celle de Freud. Et l'avant-garde scientifique s'emploie à les fondre ensemble, pour une compréhension totale de chaque individu. Malheur à qui n'a pas le profil ! 
(page 358)
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Pour la mère d'Alfred, les cent marks de Grethel Nagel remplaçaient le fauteuil recouvert de cuir jaune. Qu'était-ce qu'un morceau de passé contre cent marks ? Mais si elle prétendait ne pas souffrir de cette disparition, c'est peut-être parce ce qu'elle avait besoin de cet argent pour lui ? Assis dans ce fauteuil, Alfred avait un jour regardé son père et sa mère qui dansaient. Dans le salon de musique. Sur une musique de gramophone. Et après avoir regardé un moment, il avait été pris d'un terrible fou rire. Et ils avaient dû interrompre leur danse. Il les revoyait, laissant retomber leurs bras d'un air embarrassé. Peut-être s'étaient-ils dit qu'il était encore trop petit pour réagir en les voyant danser. Il n'avait pas été peiné qu'ils s'interrompent. Et ce fauteuil dans lequel il était assis avec son fou rire manquait à présent pour toujours. Il lui manquait. 
(page 184)
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S'il a été possible, au bout de deux mille ans, de reconstituer l'autel de Pergame, il doit bien être possible de reconstituer son enfance ! Cela ne fait aucun doute ! Comment et où, il le saurait quand il aurait collecté tous les témoignages accessibles de son passé. Tant de choses ont été brûlées, ensevelies ou perdues, maintenant, la moindre photo est essentielle, la moindre recette de gâteau, la moindre descente de lit. Jusqu'à présent, il s'est plutôt comporté en amateur lorsque surgissaient, ici ou là, des signes de son passé. Un jour ou l'autre, il fallait qu'il en fasse son occupation essentielle, l'unique attraction de sa vie. Non, pas un jour ou l'autre. Maintenant. Tout de suite. Soudain, il comprenait clairement ce qu'il devait faire sans attendre tout ce qui se trouvait dans l'appartement de Dresde avait été liquidé à la hâte, il fallait réparer la catastrophe. Déjà, le piano était vendu. Les vêtements, les siens et ceux de sa mère, les livres, les tableaux, le linge, les descentes de lit, les meubles, il fallait tout retrouver, le réunir et le transporter à Berlin-Ouest. Il fallait louer un appartement et l'aménager exactement comme celui de Dresde ; mais il ne fallait pas seulement que tout ressemble à Dresde, il fallait que les mêmes objets soient disposés de la même façon. Marmites, poêles à frire, assiettes. Et il fallait tenter l'expérience unique, que personne n'avait peut-être jamais tentée depuis que la RDA existait. La RDA devait légaliser une émigration illégale. Alors seulement, il pourrait espérer avoir l'autorisation de faire venir à l'Ouest tout ce qu'ils avaient là-bas. 
(page 276)
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Le soir Alfred lisait des dictionnaires et les textes de Freud afin de pouvoir mieux résister à Otti Lotze. Cette doctrine lui apparaissait comme un jeu de construction composé de mots. On peut s'amuser avec. Mais dans la tête des gens, tout n'est pas si clair et aussi carré. En tout cas, il était incapable d'appliquer quoi que ce soit à son propre cas. Ces substantifs n'existaient pas. Du moins pas dans sa tête où, suivant un mouvement incessant, les choses n'arrêtaient pas de se transformer. Ces «vocabularistes » croyaient à l'existence de la chose définie de la même manière que les hommes d'autrefois ramenaient toute chose à l'image divine. Autrefois l'image était en pierre ou en bois, à présent c'étaient des mots. La matière avait changé, c'était la seule différence.
(page 350)
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