Tout d'abord, un grand merci à Mix Editions pour ce beau partenariat.
J'avais entendu parler en bien de Gladiatores, et je n'ai pas été déçue par ma lecture. On m'avait prévenu qu'il fallait prendre ce roman comme une histoire « grand spectacle », et en effet, c'est tout à fait l'effet que cela m'a donné. En positif, j'entends. Ce livre m'a fait penser à un bon péplum : agréable à lire, rempli de rebondissements et d'action.
L'écriture de Marcus, sans être littéraire, est douce et fluide, et les pages se déroulent sans qu'on ait envie de s'arrêter. Si cette plume agréable est peut-être moins aiguisée que ce que j'ai pour habitude de lire, elle n'en reste pas moins très parlante, très vivante, et addictive. Elle est parfaite pour le style à la fois léger et brutal de ce roman sanguinaire. Parfois, je suis restée un peu sur ma faim sur certaines descriptions ou actions, j'en aurais aimé plus, mais je perçois cela comme positif car, pour moi, cette légère frustration par moments est la preuve que la magie a fonctionné et que j'avais bel et bien envie d'être complètement engloutie dans l'histoire.
J'ai eu besoin d'un peu de temps pour entrer dans le roman. L'ambiance se pose immédiatement, et elle est très bien retranscrite, je trouve. On est très rapidement plongé dans une autre époque, avec certaines descriptions bien tournées et parlantes, et un vocabulaire qui se rapporte à l'époque gallo-romaine, jalonnant le livre, nous permettant de nous glisser tout à fait près de nos deux héros et de vivre leurs aventures à leurs côtés. Ce qui m'a donné plus de fil à retordre au départ, ce sont les deux personnages principaux, que j'ai pourtant par la suite apprivoisés et appris à vraiment apprécier. Au fil des pages, on s'attache à eux, et on les découvre de plus en plus, toujours sous de nouvelles facettes qui ne peuvent que nous rapprocher d'eux. On va dire qu'au début, je les ai trouvés orgueilleux et butés, mais que cette première impression a rapidement été effacée, dès que l'on se retrouve pris dans le piège infernal qui va les projeter tous deux dans un monde terriblement violent et douloureux.
Un point extrêmement positif de ce roman, pour moi, a été l'amour inconditionnel qu'Abrax et Laucos se portent dès le départ. C'est finalement assez rare, une romance qui démarre sur une histoire d'amour déjà posée et assumée. La passion et la tendresse de nos deux beaux gaulois est une touche de douceur dans un monde de brutes, une perle dans un océan de sang et de souffrances, une touche d'amour dans un univers rempli de haine et de cruauté. Nos deux héros, certes, sont des « barbares », têtus, bornés, violents, mais leur amour est leur force, même si cette force peut, parfois, sembler faiblesse… C'est lui qui les guidera sur le chemin, qui leur permettra de passer toutes les épreuves, qui leur fera, enfin, accomplir ensemble ou séparément des choix parfois terribles. Leur immense besoin de se protéger l'un l'autre sera à la fois ce qui leur causera des soucis et ce qui leur permettra de garder la tête haute, quels que soient les évènements. Inséparables, ces deux guerriers brutaux et têtes brûlées possèdent chacun un coeur pur et une tendresse mutuelle qu'on ne peut leur arracher. Ils vont tout perdre, au cours de leur long et douloureux périple, tout, sauf eux-mêmes… sauf l'autre. Sauf cette certitude que rien, ni la douleur, ni la peur, ni le danger ni la mort ne pourra jamais les séparer. J'ai trouvé cette histoire d'amour belle, et émouvante. C'est un fil directeur doux et solide qui nous guide à travers les aventures de nos deux héros sans jamais vraiment nous faire douter d'eux. Certes, on va de surprise en surprise, au cours de ce roman, de bouleversement en bouleversement, peut-être même de frustration en frustration, mais s'il existe une assurance, c'est celle que Laucos et Abrax, ensemble, seront toujours plus forts que le roc.
J'ai plus apprécié la personnalité de Laucos que celle d'Abrax, même si, on peut le dire, nos deux gaulois sont inséparables, presque indissociables. J'aime sa tranquillité, sa douceur, sa « fragilité » qui cache en vérité une immense force. Il est plus posé et réfléchi que son compagnon, a une façon bien à lui de se sacrifier, ou d'obéir à Abrax, confiant plus que tout en son amant. Abrax est plus « brut de décoffrage ». Sa jalousie est touchante, son désir de toujours protéger Laucos également. Parfois, son manque de discernement donne envie de le secouer un peu, mais il est brave, courageux, et prêt à n'importe quoi pour sauver Laucos… ou pour rester à ses côtés, pour toujours. A mes yeux, Laucos représente la force tranquille, Abrax, la puissance des sentiments. S'ils sont tous les deux de féroces guerriers, leurs personnalités sont par moments joliment contrastées. J'aurais aimé creuser plus encore leurs caractères, peut-être par le biais de plus nombreuses scènes du passé, comme celles que Marcus nous offre au début du roman. J'ai apprécié ces touches de douceur nous faisant remonter sur d'anciens moments clefs de la vie de nos deux héros, leur découverte mutuelle, leur tendresse, la pureté de leur amour. J'ai regretté qu'il n'y en ait plus par la suite, même si c'est vrai qu'une fois à Narbonne, on est pris dans le feu de l'action et que les pages défilent à toute vitesse, sans qu'on parvienne à s'arrêter.
La plume de Marcus possède une sensualité plutôt « brutale », que j'ai beaucoup appréciée. Les scènes érotiques sont bien posées, on y trouve à la fois tendresse et fougue, dans un style plutôt cru très réaliste. Ce n'est pas la première fois que je remarque que les auteurs hommes ont une manière souvent différente des femmes d'aborder le sexe, avec moins de poésie mais tout autant de charme. Ici, particulièrement, les deux acteurs de ces scènes étant deux guerriers, cette façon tranquille d'aller droit au but est, pour moi, un grand plus, qui cadre parfaitement avec le thème et l'ambiance du roman. Ces scènes d'amour, si charnelles, ont égrainé le livre avec justesse, et apportent à l'histoire des notes à la fois douces et bestiales très agréables. J'aurais été curieuse de voir aborder une scène avec Curion, mais j'acquiesce avec le choix de l'auteur de ne pas en avoir décrit, d'ailleurs ce choix résonne avec la résolution de l'impliqué d'éviter d'en parler…
En résonnance avec ces scènes érotiques, j'ai beaucoup aimé les scènes de combat, nombreuses, qui ont évidemment une immense place dans l'histoire. Moins précises et affinées que leurs consoeurs sensuelles, elles n'en restent pas moins passionnantes et vous poussent à faire défiler les pages toujours plus vite. Quel suspens, parfois… je dois le dire, on s'attend à tout moment à ce qu'Abrax ou Laucos se fasse blesser cruellement, ou même un de leurs « proches » (Pélas, notamment, personnage dont je n'ai pas parlé mais dont j'ai énormément apprécié la tranquille et discrète présence amicale). A chaque chapitre, on se demande si nos deux héros vont trouver un moyen de s'enfuir, ou bien s'ils vont subir pire encore qu'ils n'ont déjà subi. Je me suis parfois demandé si l'un d'eux n'allait pas mourir… On savait qu'aucun des deux ne partirait sans l'autre, mais c'était là la seule certitude.
Je ne vous raconterai bien évidemment pas ce qui se passe dans ce roman rempli de rebondissements, mais j'espère vous avoir assez intrigués pour vous donner envie de le découvrir par vous-mêmes ! Gladiatores est, pour moi, un bon moment de lecture et de divertissement. Emouvant et sensible, cruel et violent, le monde dans lequel évoluent nos deux héros ne peut pas laisser indifférent. Je ne peux que vous en conseiller la lecture, vous pousser à découvrir l'univers difficile et pourtant tendre d'Abrax et Laucos…
Aurélie, pour le blog d'Amabooksaddict
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