le début du livre induit en erreur car on pensait que l'on allait lire un véritable roman d'espionnage ou policier.
En reportage en Tunisie, l'auteure prend dans sa voiture un auto-stoppeur dont le comportement étrange la conduit à se demander si elle n'a pas prise en charge un espion
Ce n'était là qu'un chapitre introductif à la description d'un «mal-être» qu'elle va décrire dans le style qui lui appartient.
Elle dénonce l'islamophobie. Elle dénonce l'Eglise catholique de Fance qui l'encourage, après avoir sévi durant des siècles. Elle dénonce l'ignorance, dans la plupart des milieux, des apports de l'Islam à la civilisation
Elle dénonce les niaiseries des journalistes et refuse d'«être Charlie». Elle dénonce le parti pris de
Manuel Valls et des hommes politiques opportunistes qui, avec leurs «petites phrases», critiquent l'Islam sans le connaître. Elle dénonce, aussi, le message souvent brouillé dans bien des pays arabes, où l'on enseigne aux élèves un islam sclérosé, manipulé par des imams de service ou rejeté par de «pseudo-intellectuels»
Sa colère -contre les incompréhensions meutrières- est si vive qu'elle va jusqu'à écrire : «Folle de rage, je brandirais peut-être l'épée comme le Christ et Mohamed, ou une kalachnikov». Sa douleur, on la sent - car c'est une «autre» Fadela que l'on retrouve- est si profonde qu'elle finit (conclusion) dans une sorte de méfiance presque maladive, voyant des espions partout
: «Ils sont partout
Pour diviser et créer le chaos. Revenir et tout recommencer. Avec encore plus de férocité».
Avis : Pamphlet journalistique ? Essai philosophique ? Roman de la vie quotidienne d'une musulmane en pays chrétien ? Non, de simples pensées amères et de nostalgie. Un discours de vérités. Surtout la crainte de voir le monde, notre monde, son monde, arabo-islamique, connaître (il a commencé
Lybie, Syrie, Irak, Yémen, Egypte, Tunisie
) un autre colonialisme.