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EAN : 9782253097822
157 pages
Le Livre de Poche (23/02/1994)
3.6/5   511 notes
Résumé :
Que peut-il arriver lorsque des sortilèges millénaires se conjuguent à une science moderne aussi performante que dépourvue d'éthique ? Au départ, il y avait de mystérieuses fèves, réputées favoriser les naissances de garçons, trouvées par le narrateur sur un marché égyptien. Puis ce fut la raréfaction, un peu partout, des naissances féminines. Commença alors l'épopée d'un homme passionnément attaché à la "féminité du monde" ...


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Critiques, Analyses et Avis (50) Voir plus Ajouter une critique
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Bien que ses romans se lisent facilement, Amin Maalouf n'est pas pour moi un auteur mineur. Il fait partie dans mon parcours de lecture personnel et depuis quelques années de cette galerie d'auteurs humanistes qui racontent, pour les avoir observés autour du monde et dans L Histoire, les petits héroïsmes et grandes misères des hommes. Pour autant, ses romans s'appuient sur des faits réels, mais n'ont rien de réalistes ; ils me semblent devoir se lire comme des fables, des romans initiatiques mêlant réflexion morale et poésie vécue dans le monde.

Né à Beyrouth, ayant grandi en Egypte dans une éducation multireligieuse turque, chrétien maronite, protestante, complétée chez les jésuites, il est devenue journaliste international, avant de devoir fuir le Liban en guerre, pour la France, en 1976. Influencé, entre autres, par Thomas Mann, Albert Camus, tolstoï, Yourcenar, Dickens ou Stefan Zweig, ainsi que par Omar Khayyam, Amin Maalouf a écrit son oeuvre en France et en français, tout en voyageant beaucoup, et a obtenu les palmes académiques.

Ce parcours marque fortement ses romans d'un message d'humanisme et de tolérance. On retrouve également dans ses romans, dont le cadre est en général le Moyen Orient, l'Afrique et le bassin méditerranéen, une influence de la tradition orientale du conte et des récits de voyages, au travers d'une langue riche et poétique, et jusque dans la construction de ses phrases. L'usage de la narration polyphonique est mise au service d'une mise en perspective multiple des points de vue identitaires des personnages. Dans tous ses romans, Amin Mmalouf semble se vivre comme médiateur culturel entre l'occident et l'orient méditerranéens... et c'est passionnant !

Fida Dakrouv écrivait ainsi en Juillet 2014 : "Dans le roman d'Amin Maalouf, c'est tout l'« Orient » qui semble parler, l'Orient musulman comme l'Orient chrétien byzantin et sassanide, soit horizontalement, à travers ses régions géographiques, de la ville de Grenade en Andalousie musulmane et du Maghreb (léonl'africain5) jusqu'à Samarkand en Asie centrale et au Mashreq (Samarcande) ; soit verticalement à travers ses époques historiques, c'est-à-dire de Ctésiphon au IIIe siècle (Les Jardins de lumière) jusqu'à Beyrouth au XXe siècle (Les Échelles du Levant).

... et en effet, les amateurs de romans historiques n'auront rien à envie aux aficionados de récits de voyages. Appartenant aux deux castes, je me suis trouvé comblé par la lecture de ses récits, "dévorés" en quelques jours sans pouvoir décrocher de ma lecture.

Le Premier Siècle après Bérénice n'est sans doute pas le roman le plus représentatif de cette réflexion de l'auteur sur la tolérance multiculturelle, mise en perspective dans L Histoire. En effet, ce court roman de 140 pages est au contraire un roman de science fiction, ou d'anticipation.

Le thème nous projette dans un futur proche ou un "substance" se répandant dans les pays du tiers monde, menaçant même le monde des pays riches, qui permettrait de choisir sans faillir le sexe d'un enfant. Confrontée à la préférence séculaire pour l'individu mâle de la plupart des sociétés traditionnelles, cette (nouvelle) production toxiques du capitalisme mondial vient à mettre en danger l'Humanité toute entière.
Le narrateur, professeur, nous raconte dans un récit chronologique les efforts désespérés de son couple avec la journaliste Clarence (ou Cassandre...) pour faire prendre conscience du danger aux foules et aux puissants de ce monde. Pour savoir s'il parviendront à leurs fins, lisez le roman...

Bien entendu, le titre du roman fait sens : Bérénice, fille du narrateur, mère en puissance, incarne la femme en général, et Maalouf nous rappelle -ce dont je suis également intimement convaincu que la femme reste -chaque jour et en tout temps- "l'avenir de l'homme".

Même s'il s'essaie dans ce roman de science fiction à un "genre" différent, le message humaniste de Maalouf reste le même. Dans un cadre contemporain de confrontation idéologique et culturelle, il replace des enjeux éthiques fondamentaux, face à une économie-monde inégalitaire,consumériste, scientiste et déstructurante. Il nous rappelle l'importance des "ancrages", des repères culturels locaux -traditionnels ou reconstruits- et familiaux, des rites d'interaction dont parle Erving Goffman, dans la construction des individus et des sociétés... pour le meilleur ou pour le pire...

Lire Maalouf est une expérience immersive ! Cette immersion-là mêle science fiction, sociologie, ethnologie et politique internationale ! Cinq étoiles pour moi !!!
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C'est le premier siècle après Béatrice qui va nous situer dans le temps et constituer le titre du roman. Si nous devions le résumer en une seule phrase, nous pourrions dire que : pour avoir occulté le Sud, nous avons perdu le Nord. La mémoire y est apocryphe et le narrateur s'attache à impliquer le lecteur à l'intérieur du texte afin de l'orienter vers une réalité perceptuelle, bien qu'elle soit à venir, en vérité. La datation évolue à partir de la naissance de Béatrice, la fille d'un éminent professeur, spécialiste des coléoptères, dont le sisyphus, ce qui nous amène au commencement, en Egypte. On y parle de fèves, qui sont vendues sur les marchés d'Orient, puis du pouvoir d'une certaine « substance » qui aurait la propriété d'influer sur la naissance, mais plutôt celles des garçons que celles des filles, ce qui a pour conséquence, à terme, de déréguler l'harmonisation et le partage qui s'opéraient naturellement, entre les sexes. Influences Nord-Sud donc, puis finalement Sud-Nord, archaïques les unes ou modernes les autres, puis vice-versa mais tout aussi néfastes et débouchant sur un fléau, voire plus, selon les différentes lectures que propose cet ouvrage.
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A la fin du siècle précédent, un entomologiste , qui a fait des coléoptères sa raison de vivre , tombe sur des fèves de poudre de scarabée dans un marché oriental. Au delà de toutes les superstitions véhiculées par les charlatans de tout poil, cette poudre semble assurer un héritier masculin à qui s'en servirait.

Ce livre qui est une dystopie, se passe de la fin des années 90 à 2030 environ et propose une réflexion multiple sur notre monde.
La fracture nord sud, le choix du sexe d'un enfant, l'impact du déséquilibre démographique ou encore et de façon plus tendre, l'amour d'un père pour sa fille.
Il y a beaucoup de réflexions , que j'ai personnellement trouvées très bien menées . Ce roman , qui envisage un futur morose , montre que tout ce qui va arriver était lisible dans le présent et que seul égocentrisme , l'indifférence , la cupidité par exemple nous ont empêchés d'en changer le cours.

Même s'il y a quelques longueurs et que l'on aimerait la mère plus mère, c'est un roman qui montre la fragilité de notre monde et sa capacité à exploser pour expulser les rancoeurs accumulées . A la première occasion. On s'y croirait presque .

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Ce court texte au titre intrigant est un roman d'anticipation qui repose sur la découverte d'une substance qui permet d'engendrer un fils à coup sûr. Quelques quarante années plus tard, le narrateur, observateur privilégié des événements quasiment dès le début, rédige une sorte de chronique de ceux-ci. le texte est composé de courts chapitres, numérotés par l'alphabet, de A à Z. C'est une très bonne idée toute simple : contrairement à la suite des nombres, la suite des lettres est finie. Dommage que ces lettres ne soient pas mises en valeur, je ne les ai remarquées qu'à partir de la lettre E, aussi discrètes et présentes au texte que les numéros des pages. Au début du récit j'ai bien accroché, il y avait du rythme même si l'histoire avançait lentement, en même temps que le lecteur faisait connaissance avec les personnages. le style est fluide, le ton du narrateur agréable, surtout quand il décrit sa vie professionnelle ou familiale. C'est la chronique des efforts de son couple (sa femme est journaliste) pour faire prendre conscience aux foules et aux décideurs de ce monde des conséquences désastreuses de l'utilisation de la substance. Lorsqu'il raconte des événements extérieurs, connus par les médias, c'est cependant moins convaincant, la lecture un peu plus poussive : il résume, ce qui crédibilise le narrateur qui veut persuader en se focalisant sur l'essentiel, mais en même temps le lecteur sent du coup une volonté d'enfoncer le clou sans finesse. En fait cette histoire a des allures de fable plus que d'un roman de science-fiction. Elle part de faits réels : échographies prénatales qui conduisent à l'avortement sélectif des filles en Inde et en Chine (avec les conséquences réelles dans les années 2010 du manque d'épouses pour les hommes). Il y a quelques belles réflexions sur les relations Nord-Sud ainsi que leur reflet dans notre vocabulaire (émigré/immigré versus expatrié, opposant versus dissident) qui restent d'actualité. Un livre intéressant mais auquel il manque un petit quelque chose pour que le lecteur se sente vraiment concerné par cette histoire. Peut-être aurait-il juste fallu que par moment l'auteur sorte du format d'une chronique, d'autant que le narrateur écrit qu'il fouille dans ses documents avant de raconter les faits : un petit collage d'articles de journaux n'aurait pas fait de mal et aurait redonné du rythme pile au moment où il y en a le moins. En tout cas une jolie incursion d'Amin Maalouf dans un univers duquel il est peu coutumier.
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J'ai découvert l'auteur Amin Maalouf à l'université avec le premier siècle après Béatrice. Vivement recommandé par un ami, je n'ai même pas cherché à lire le résumé en quatrième de couverture. Au vu de l'illustration de la première, je m'attendais à un roman historique. La surprise n'en fut que plus grande.

J'ai tout de suite aimé la belle écriture d'Amin Maalouf qui m'a emportée dès les premières lignes.
Quant à l'histoire proprement dite, il se base sur la tendance traditionaliste des familles à vouloir des garçons pour perpétuer le nom. Il n'invente rien à ce propos, il suffit de lire les chiffres sur le féminicide infantile pour s'en convaincre.
Or, voilà qu'on découvre une matière qui permettrait aux femmes enceintes de ne donner naissance qu'à des fils. Une belle aubaine pour qui vendra ce produit. Et des conséquences gravissimes pour la natalité et même, le devenir de l'humanité.

Profondément humaniste, Amin Maalouf se sert de la fiction romanesque pour interroger sur l'eugénisme et l'éthique, sur la place des femmes et leurs rôles dans le monde et sur les dangers du traditionnalisme exacerbé.

Avec cette intrigue d'anticipation, je me trouvais bien loin du roman historique. Ce livre m'a fortement ébranlée en montrant ce vers quoi l'orgueil masculin dans ses extrêmes pourrait tendre. Tensions et violences en découleraient forcément et ne seraient qu'un premier pas vers la chute. Mémorable ouvrage.
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Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
La sagesse est la vertu oubliée de notre temps. Un savant qui n'est pas aussi un sage est, soit dangereux, soit, dans le meilleur des cas, inutile.
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Je l’avais appelée dès la parution de son article, nous nous étions vus, parlés, murmurés, tenus retenus, aimés, sans gâte mais sans délais, comme si nous avions pris date depuis l’aube des créatures. Amoureux, l’un et l’autre, ravis, incrédules, soudain espiègles, adultes resquilleurs au paradis des gamains. Je sais, pour avoir observé les espèces, que l’amour n’est qu’une ruse de survie ; mais il est doux de fermer les yeux.

Laisse couler tes larmes, cette nuit, mais demain tu recommenceras à te battre. On n’est jamais vaincu que par sa propre amertume.

Je pense que tout au long de nitre amitié, j’ai « déposé » des idées entre les oreilles d’André, comme on se décharge d’un poids, ou comme on laisse tomber un grain sur un sol familier. Dans sa tête rien ne se perdait, tout cheminait, et quand je croisais à nouveau mon idée, ele avait acquis racines et branches : souvent aussi elle s’était épurée, à en devenir méconnaissable.

J’ai eu l’occasion d’observer comment l’humanité utilise les moyens les plus modernes au service des causes les plus éculées. On se sert des armes de l’an 2000 pour régler des conflits qui remontent à l’an 1000.

Par ta faute, mon corps sera difforme. Difforme, un ventre qui s’arrondit comme la terre ? Difformes des seins qui s’irriguent de lait, qui tendent leurs lèvres brunes vers les lèvres de l’enfant, des brasqui serrent la chair contre la chair et ce incliné ?

Et ici, chez nous, qu’avons nous fait ? Nous nous sommes abondamment égorgés, pilonnés, gazés, avec fureur, jusqu’au beau milieu du vingtième siècle. Puis, un jour, repus, assagis, fatigués, quelque peu vieillis, nous nous sommes assis sur le plus confortable fauteuil en hurlant à la cantonade « Et maintenant, tout le monde se calme ! » Eh bien non, vois-tu, tout le monde ne se calme pas en même temps que nous. Il y a un peu partout des Alsaces-Lorraine, des querelles de papistes et de huguenots, tout aussi absurdes que l’ont été les nôtres, tout aussi meurtrières : i
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"— Est-ce moi que tu aimes ou ta fille?
— C'est le monde entier que j'aime en cet instant, mais c'est à ton corps que j'ai envie de l'exprimer.
— Par ta faute, dans quelques mois, mon corps sera difforme.
— Difforme, un ventre qui s'arrondit comme la terre? Difformes des siens qui s'irriguent de lait, qui tendent leurs lèvres brunes vers les lèvres de l'enfant, des bras qui sers la chair contre la chair, et ce visage incliné? Dieu, c'est la plus belle image qu'un mortel puisse contempler. Viens!
C'est à ce moment que, dans les films pudiques, une lampe s'éteint, une porte se ferme, un rideau se rabat. Et dans certains livres, une page se tourne, mais lentement, comme doivent tourner ces minutes, lentement, et sans autre son qu'une toile qui frémit."
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Nous ne sommes pas des invités sur cette planète, elle nous appartient autant que nous lui appartenons, son passé nous appartient, de même que son avenir."
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Nous le savons à présent, les moyens d'information répandent l'inconscience aussi sûrement que la lumière répand l'ombre ; plus le projecteur est puissant, plus l'ombre est épaisse.
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Vidéo de Amin Maalouf
Amin Maalouf vous présente son ouvrage "Le labyrinthe des égarés" aux éditions Grasset. Entretien avec Christophe Lucet.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2919512/amin-maalouf-le-labyrinthe-des-egares-l-occident-et-ses-adversaires
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