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Critique de Levant


Il en est de certains lieux comme des châteaux hantés. L'esprit de celui qui les a fréquentés y revient. Il rode et remplit l'atmosphère avec d'autant plus d'imprégnation que son départ a été entouré de mystère. C'est ainsi que naissent les légendes. Ceux qui les colportent les embellissent au fil du temps. Il faut se garder d'en discerner la part de vérité. Ce serait jeter un voile sur le charme dont elles s'auréolent de bouche à oreille.

Tanios fut un de ces personnages qui font naître des légendes. Il a porté l'espoir des habitants de son village natal pris dans les bourrasques de l'histoire. Au XIXème siècle le Liban est convoité par l'appétit des ogres qui s'affrontent au carrefour des routes de l'Orient. L'ottoman, l'égyptien, le mongol, auxquels sont venus se mesurer d'autres encore plus voraces en ce temps de déclin de leur suprématie : l'anglais et le français.

Rivalités de potentats locaux, alliances hasardeuses, filiation confuse, amours contrariées font de cette histoire un conte qu'Amin Maalouf nous sert comme un plat aux subtiles saveurs orientales. Riche et onctueux, roboratif, textures de beurre et froment et goût de miel qui investissent le palais. Un plat dont la persistance en bouche met à jour des astringences d'épices et gingembre comme autant de raffinements de langage qui relèvent et ponctuent un texte déjà copieux.

Cela donne le rocher de Tanios, un univers dans lequel il est difficile d'aimer contre la volonté de ceux qui au mariage d'amour lui préfèrent celui plus lucratif de l'alliance des pouvoirs. Les beaux yeux de Lamia ne seront que source de larmes. Tanios, son fils, a disparu. le rocher sur lequel il a été vu pour la dernière fois gardera son souvenir et son mystère.

Superbe texte. Juste consécration en 1993, à mes yeux de lecteur admiratif et envieux du savoir écrire.
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