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J'ai découvert Alain Mabanckou grâce à La Grande Librairie, il y a quelques années. J'ai été séduite par ce bel homme au look stylé, aux belles lunettes et, surtout, aux propos passionnants et posés. Depuis j'ai eu l'occasion de l'entendre ou de le lire en entrevue sur divers supports. Ce qui a confirmé ma première impression : il faut que je lise ses livres, romans, poésie ou essais.

J'ai commencé avec le sanglot de l'homme noir. Puis Lettres noires, des ténèbres à la lumière. Cet opuscule est le texte de la leçon inaugurale qu'il donna pour la Chaire annuelle de Création Artistique 2015-2016.
Discours oblige, le texte a un côté plus formaliste que ce que j'ai pu lire dans ma précédente lecture.

Dans un condensé des thèmes qu'il abordera cette année-là, Alain Mabanckou traite des littératures issues ou touchant à l'Afrique. Récits d'explorateurs, carnets de voyage, romans d'aventures ou exotiques, littérature coloniale, signée par des colonisateurs ou par des autochtones acculturés, textes de la fierté noire et de la négritude, de la décolonisation, des premiers temps de la liberté puis oeuvres de la migration - ou "migritude" - il donne ici le parcours littéraire de l'Afrique du XXème siècle et des presque deux décennies du suivant.

Les propos sont concis et survolent dans ce discours cent vingt années d'Histoire, de bouleversements, de vie et conditions sociales, à travers les lettres, avec toute la subjectivité et les principes sous-jacents qu'elles comportent. On se rend compte à la lecture de cette leçon de la grande diversité, y compris dans un même "camp" (bien que je n'aime guère ce terme), des propos et de l'immense richesse de la littérature africaine. En humaniste qu'il est, Alain Mabanckou rappelle la nécessité de regarder au-delà de la couleur de peau, de l'origine et même au-delà des héritages et cicatrices du passé pour construire, grâce aux lettres notamment, un vouloir-vivre mieux ensemble. Sans tomber dans un esprit de revanche, pas plus que suprématiste. Au contraire, en se découvrant et en comprenant que la diversité n'est pas renoncement à un socle (fantasmé) culturel originel mais enrichissement des cultures et ouverture.

Monsieur Mabanckou, merci pour cette leçon... dans tous les sens du terme.
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Brillant, passionnant et érudit. A lire
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Alain Mabanckou dans sa Leçon inaugurale nous offre son érudition sur la littérature africaine, en passant par l'histoire de cette littérature, de la littérature coloniale à la littérature « négro-africaine » comme il l'écrit. Une multitude d'auteurs, de livres pour enrichir nos connaissances sur la littérature africaine. Texte magistral, passionnant. Il nous propose de voyager à travers la production littéraire africaine, et bien je saisis cette opportunité le voyage et la littérature, mes valises sont prêtes pour un détour chez mon libraire.
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Leçons inaugurales du Collège de France

Alain Macbanckou : Lettres noires : des ténèbres à la lumière
Collège de France /Fayard
( 75 pages – 10,20€)

Le 17 mars 2016, Alain Mabanckou, Prix Renaudot 2006, avait fait converger au Collège de France (1) toute l'intelligentsia parisienne, ses collègues et les anonymes, dont ses fervents lecteurs, tous prêts à boire les paroles de cet écrivain prestigieux, au parcours singulier.
Mais qu'entend -t-on par leçon inaugurale?
Il s'agit du premier cours d'un professeur nouvellement nommé au cours duquel il présente ses objectifs. Pour Alain Mabanckou, occuper « la chaire annuelle de Création artistique 2015-2016 », est un moment solennel et historique, puisque ce poste était resté inoccupé depuis 2005 et en plus le confier à un écrivain était une première. Il ne cache pas sa joie, sa fierté de rejoindre cette institution, remerciant ceux qui l'ont élu pour leur «  détermination à combattre l'obscurantisme et à convoquer la diversité de la connaissance ». Mais on devine l'angoisse d 'Alain Mabanckou devant une telle lourde charge. « Cruelle responsabilité », confie-t-il.

Avec humilité et humour, Alain Mabanckou s'interroge sur sa légitimité au sein de cette famille dans laquelle Antoine Compagnon souhaitait le voir intronisé.
Avec une pointe d'autodérision, il lance à ses collègues : « Et si vous vous étiez trompés de personne ? Leur laissant la possibilité de se « rétracter », en cas d'erreur.

Il ouvre son discours en rappelant que Paris fut à une époque « le phare du monde noir », que le mouvement antiraciste a mis un terme à cette publicité banania ( qui
stigmatisait les Africains et à «  son slogan dévastateur ».

Il retrace l'évolution «  de la pensée noire », évoque «  les Noirs de France » et l' arrivée sur les écrans de films de la « négritude ». En 1950,Paris devient « la ville de l'émancipation des noirs ». En 1959, «  c'est l'Africain qui dissèque la civilisation occidentale » chez Bernard Dadié pour « réhabiliter et exalter l'Afrique ».

Lui, à la fois congolais et français, n'hésite pas à fustiger la France pour sa question des binationaux et son incapacité à tirer partie de sa population multi culturelle, pourtant un atout.

Comment se définit Alain Mabanckou ? Il hésite : « un Congaulois » ? Un « binational » ? Un homme au « nez épaté », né avec le désir de conter, de raconter.

L'objectif d'Alain Mabanckou est de montrer comment « la littérature d'Afrique noire et la littérature coloniale française sont à la fois inséparables et antagoniques ». D'où la nécessité de ne pas plonger dans « le fleuve de l'Oubli » les écrits coloniaux.

A travers plusieurs ouvrages de références, Alain Mabanckou montre la vision que , depuis l'Europe, les explorateurs avaient de L'Afrique, «  territoire des légendes ».
Il présente l'érudit hollandais Dapper, qui donna son nom au Musée parisien consacré «  aux arts d'Afrique noire », crée en 1986.

Il rend hommage aux précurseurs, tels que l'écossais Mungo Park, qui casse « le mythe du bon sauvage » et son homologue René Caillié, qui avec Voyage à Tombouctou lance « la littérature d'exploration africaine ». En 1921, René Maran est le premier lauréat noir à remporter le prix Goncourt pour son roman: Batouala ,qui se révèle « une charge littéraire virulente » destinée à combattre «  la thèse de la supériorité de la culture blanche ».


Il décline les romans d'aventures, d'exotisme qui ont sublimé l'Afrique. Toutefois, cela restait une littérature coloniale, «  esclavagiste », « négrophile ».
Marcel Griaule marque un tournant quant à son regard tourné vers l'humain.
Gide, à son tour, révèle «  le travail forcé, les abus, la brutalité des compagnies concessionnaires», tout comme Albert Londres relate « les prétendues ténèbres » dans Terre d'ébène.


Dans son enseignement, Alain Mabanckou désire mettre en lumière une pléiade d'auteurs dont Cheikh Hamidou Kane, Camara Laye qui ouvrent deux voies nouvelles. Ahmadou Kourama ( Prix Renaudot) montre les conséquences de l'indépendance : « l'éclat de soleil attendu » conduit à la désillusion, «  le colon blanc ayant été remplacé par le dictateur noir. »

Les revues ( L'Étudiant noir, Présence africaine) ont contribué à faire rayonner Césaire et Senghor, Fanon, Diop et ont permis « une émancipation des mots, des idées, des hommes ».

L'écrivain salue « l'arrivée des femmes dans le paysage littéraire » dans les années 1970 dont deux Sénégalaises. Pour en savoir plus sur Aminata Snow Fall, Alain Mabanckou nous signale avoir consacré un chapitre à cette romancière dans le monde est mon langage ( Grasset). On voit apparaître une littérature de la « migritude ».

Alain Mabanckou dresse un panorama de la littérature contemporaine, soulignant que «  le salut réside dans l'écriture » et adresse son exercice d'admiration envers ceux qu'il lit et estime, ceux «  qui brisent les barrières et refusent la départementalisation de l'imaginaire ». Parmi les auteurs primés de sa génération qu'il cite, on trouve des femmes : Virginie Despentes, Marie NDiaye, Marie Darrieussecq et pour les hommes: Serge Joncour : Prix des Deux Magots 2015 ; les prix Goncourt 2004 :Laurent Gaudé, 2011 : Alexis Jenni et 2015 :Mathias Enard.
Alain Mabanckou, en libre créateur, achève son discours en annonçant sa volonté « d'entreprendre des voyages à travers la production littéraire africaine » et de « s'appesantir sur l'aventure de la pensée africaine » sans négliger « l'Histoire passée ou contemporaine » ni « l'attitude de l'écrivain devant l'horreur ».
Il tient à démontrer « la richesse des études africaines » devenues « une discipline autonome dans les universités anglophones ». Et souhaite voir se développer en France « les études africaines » dans « chaque espace où le savoir est dispensé », conscient que ce «  sont des domaines considérés comme suspect en France ».

En héritier de «  la fracture coloniale », Alain Mabanckou souligne notre passé commun, rappelant que « l'histoire de la France est aussi cousue de fil noir ».
Gardons en mémoire son message universaliste : «  le monde est une addition, une multiplication, et non une soustraction ou une division ».


L'éminent Alain Mabanckou livre un texte enrichissant, truffé de pistes de lectures pour ceux désireux d'approfondir leur connaissance de la littérature africaine.
C'est aussi une invitation à découvrir ou relire l'oeuvre imposante de l'auteur dont les deux derniers romans Lumières de Pointe-Noire et Petit Piment.
Guettons la couverture du prochain roman pour savoir si elle portera la mention « véritable roman nègre », en hommage à René Maran, comme il l'annonça !


(!) le Collège de France est une institution crée en 1530, avec pour devise :
« Docet omnia, il enseigne toutes choses ».
« Plusieurs chaires annuelles thématiques permettent d'accueillir des professeurs invités pour une année ».
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Nommé professeur invité au Collège de France à la chaire annuelle de création artistique, Alain Mabanckou présente dans sa première séance son projet littéraire. Présenter la littérature noire au XXes, mise en lumière par le contexte historique (domination coloniale, accession à l'indépendance) .
Point de départ, 1916, l'allégorie de Banania, complétée l'année suivante par le célèbre slogan ‘'Y'a bon''. La négritude, la migritude (littérature issue d'un parcours de migration), de nombreuses références de l'Afrique noire et des Caraïbes jalonnent ce texte pour étayer les différents points qui seront abordés dans ses futures leçons.
J'apprécie beaucoup la littérature francophone africaine, je n'ai maintenant plus qu'une envie, lire la suite de ses cours au Collège de France, je sens que je vais me régaler.
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Une intéressante introduction à la littérature africaine. Alain Mabanckou est un très bon orateur. Il retisse le lien entre l'histoire de l'Afrique, sa littérature, et sa reconnaissance par rapport aux anciens colonisateurs. Héritier des auteurs de la négritude, il enseigne aux occidentaux la richesse de la littérature Africaine (et pas seulement de la littérature noire).
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Alain Mabanckou, avec le génie qui est le sien, nous offre une formidable entrée en matière de son cours sur la littérature noire-africaine, tout en parlant également de la littérature coloniale, légèrement antérieure.

Point positif supplémentaire : il n'élude absolument aucune dimension de ce pan de littérature, en parlant notamment de l'Afrique fantasmée par certains européens, de la négritude ou encore de la littérature vengeresse de certains auteurs africains envers les colons, qu'ils estiment responsables de la pauvreté de l'Afrique.

Bref, un petit livre très bien écrit qui donne envie d'en connaître davantage sur les littératures noires et d'écouter attentivement le cours de M. Mabanckou.
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