Histoire de la Normandie

Peu de nations,Peu de provinces peuvent dater leur entrée dans l'histoire. C'est un privilège pour la Normandie normande,de faire commencer son aventure en 911,très précisément.
En cette aube du Xème siècle,le chef viking Rolf le Marcheur rencontre le roi de France Charles III le simple. On ne connaît ni le jour,ni même le mois. Une seule certitude :cette entrevue a lieu à la mi-automne ,en cette saison des premiers froids et des feuilles mortes,quand toute la nature prend des couleurs nordiques de l'écureuil farouche et de l'ambre roux.Etrange nostalgie qu'exaltent chaque année la pluie et le vent de novembre.
La vallée de l'Epte voilé de traînées brumeuse. Les prairies se gorgent d'eau,le long de cette rivière qui va devenir à jamais une frontière. Dans le brouillard matinal,on distingue mal les flancs boisés des deux plateaux,écrasés sous les nuages bas et gris. L'Epte désormais va trancher ce pays,le Vexin,avec la netteté d'une l'âme d'acier :à l'est,le Vexin français,et à l'Ouest,le Vexin normand. Dix siècles plus tard,les paysans diront encore :Je vais en France,quand ils passent le pont.

Le naufrage de la blanche-Nef apparait comme le plus grand malheur de l'histoire normande. Ainsi a péri presque toute la filiation légitime du duc-roi Henri premier Beauclerc. Certes, le souverain a engendré de nombreux bâtards. Mais l'époque n'est plus où Robert le Magnifique pouvait imposer son petit Guillaume illégitime à ses barons et à ses voisins. Le XIIème siècle se veut très chrétien. De son mariage légal avec Maud l'Ecossaise, il ne survit, pour reprendre l'héritage du souverain, que cette "emperesse" Mathilde, remariée à un homme de quinze ans plus jeune qu'elle, Geoffroi, comte d'Anjou. Parce qu'il a coutume de porter à son casque une branche de genêt fleuri, on l'appelle "le Plantagenêt", surnom poétique qui restera attaché à la famille...
(extrait du chapitre 9 "Les rois aux léopards")