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EAN : 9782372981033
96 pages
Ad Solem (16/01/2019)
4/5   3 notes
Résumé :
Des mots qui sourdent du silence de la contemplation, et qui reconduisent à la vie, non sans épouser dans l'intervalle son cours et les détours qu'elle prend dans nos existences ordinaires. Comment dire la vie silencieuse qui nous habite, sinon dans une écriture où poésie et réflexion se soutiennent dans une unité de style qui caractérise l'écriture de Philippe Mac Leod. Écriture de l'excès perçu dans l'attention aux choses et aux êtres, Variations sur le silence se... >Voir plus
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XVI


Extrait 2

Le silence n'est pas seulement l'envers du monde – sa trame autant que son appui – son socle inattingible, ses invisibles soubassements, sa géologie secrète, son noyau de feu et de glace, ou encore sa lumière aveuglante, sa vertigineuse transparence, son condensé, sa toile comme sa mémoire toujours vivante, son principe, son point d'origine – mais son unique réalité, le réel le plus pur et le plus dense que l'on puisse atteindre – l'être en sa puissance, son nom imprononçable – sa suprême vibration.

C'est sa main, cette nuit – le frisson de sa présence, tout ce grand ciel qui glisse – le frôlement des airs, le vent qui soulève la peau et la fait battre comme une voile, trois oiseaux, trois petites ombres sur l'ombre plus grande, sautillant d'une branche à l'autre, et tout le silence de la terre remontant comme une sève chaude, la nuit sur l'herbe, le baiser de l'infini et l'étoile qui s'allume comme un œil au fond de la chair tranquille, répandue loin avec l'espace étale, l'air invisible qui circule sans bruit.

Nous entendons mais du réel nous n'écoutons rien. Nous écoutons mais nous n'entendons pas. Parce que le cœur n'est pas tourné vers le silence. Parce que la parole ne penche pas vers le cœur. Parce que la bouche n'est pas cette oreille qui lui répond et la rejoint d'un même mouvement. Le regard se brouille d'un fourmillement de bruits décousus et insatiables. La vérité ne s'y trompe pas et n'a pas voulu de mot. Elle les décourage tous. Un petit reste renaîtra de cette exigence nouvelle.
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Il faut tant de silences pour rejoindre le silence. Tant d'abandon pour recueillir une poignée de présence - pas plus grosse qu'un cœur d'oiseau - incommensurable sous le front enfin lisse et tranquille.
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VI


Extrait 1

Gonflée de silence l'eau monte plus haut que la rive. Du vieux mur de pierre le chemin se décolle et ondule avant de sombrer. Les talus boursouflés grimacent en agitant de longs bras d'herbe dans la bulle d'ombre et d'onde.

Et le silence finit par tout recouvrir : la terre, l'heure et le ciel maintenant plus bas que les arbres, qui flottent avec les nuages comme des mâts dévêtus dans l'étendue solitaire et s'étirant d'infini.

Maître de l'espace le silence file un drapé sans couture, d'une maille de lumière, le ciel tendu et l'eau comme la peau d'un tambour, le gong d'une seule note, immensément longue, l'envers indéchiffrable de la tapisserie, les fils d'univers, l'étalement, un battement sourd loin dans le proche du cœur.

Silence comme un sillage, l'inespéré dans le trait de la fuite.
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XVI


Extrait 1

Le silence – rugueux et bosselé comme un mur de vieilles pierres. Le silence – lisse et léger comme la pâleur du rayon nocturne qui vient s'y poser. Le silence – imperceptible comme le grain des voix éteintes.
Le silence n'est pas de la terre – il n'a ni âge ni visage, silence des commencements, silence d'un premier monde devenu le cœur et le noyau de ce monde.
Nous le recevons en héritage, il est notre mémoire la plus ancienne, la fraîcheur d'un matin encore à venir, que nous mûrissons dans la paix des soirs, auprès des fenêtres aux clartés fuyantes.
Il n'habite nulle part qu'en nos cœurs, lové au creux de notre âme, tendu à la fine pointe de l'esprit, vaste dans le regard égal ou ponctuel comme l'étoile et la goutte de rosée où l'univers tout entier se reflète.
Nous en sommes les ignorants dépositaires - les vases fêlés et la moisson engrangée – la partition et la musique inaudible – le rouleau précieux et le scribe aveugle – les lecteurs en même temps que le poème qui s'écrit dans le secret, les lèvres muettes, le grand mystère et la langue tout contre qui se tait.
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VI


Extrait 2

Muette la contemplation nous rapproche du réel en le sauvant d'une indiscrétion. Elle reprend le paysage un point à l'envers, pour renouer le fil perdu et rendre au plus simple motif sa couleur de lointain mystère.

La prière naît d’un rien. On va son pas puis on glisse on ne sait comment. On tombe sans se faire mal, une chute qui nous remet droit.

Quel est ce rien – nous ne le saurons jamais, comme dans les flaques d’un tremblement qui avale le regard, un rien qui s’ouvre, un tout qu’il faut lâcher pour saisir ce rien qui nous échappe et nous entraîne longtemps après.

Silence comme un écho, l’éternité relève ses filets.
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