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Critique de Foxfire


« L'ancre de miséricorde » est un des romans les plus connus de Mac Orlan. Lorsqu'on s'attaque à un livre si réputé on a toujours la crainte d'être déçu. J'avais beaucoup aimé « les clients du Bon Chien Jaune », ce qui ne faisait qu'accroître mes attentes. A l'issue de ma lecture, je ne suis pas déçue le moins du monde, au contraire. J'ai adoré « l'ancre de miséricorde » même si je comprends que certains lecteurs aient pu être désarçonnés et n'aient pas adhéré.

En effet, « l'ancre de miséricorde » est assez singulier. Je le classerais volontiers dans les aventures maritimes et pourtant le roman se déroule quasiment intégralement à terre. Je comprends que ce parti-pris ait pu déranger certains lecteurs, moi j'ai adoré. J'ai vraiment eu le sentiment de lire un roman d'aventures maritimes, une histoire de pirates. Il faut dire que le récit prend place à Brest et ses environs en 1777 et la région est toute entière tournée vers la mer, là tout tourne autour d'elle et de ceux qui en vivent directement ou indirectement. J'ai vraiment été emportée par ma lecture. Et peu importe si le dénouement est prévisible. En fait, je me demande même si ce n'est pas voulu. Bien sûr qu'on comprend très vite le fin mot de l'histoire mais l'intérêt ne se situe pas dans la résolution du mystère qui, d'ailleurs, n'en est un que pour le héros. « L'ancre de miséricorde » est aussi un roman d'apprentissage, on va suivre la façon dont les événements et le mystère qui l'entoure vont faire grandir le petit Morgat, lui faire voir le monde et les Hommes différemment. Cet aspect initiatique est traité de façon particulièrement subtile. « L'ancre de miséricorde » raconte un peu un renoncement, comment un enfant assoiffé d'aventures va remettre en question ses certitudes et apprendre la vraie nature des choses et ainsi devoir renoncer à ses rêves d'aventures. Au cours de ma lecture, j'ai souvent pensé au roman de Conrad « le frère de la côte ». Dans ce dernier, on suivait un ancien marin vieillissant, lassé de sa vie aventureuse et qui ne rêvait plus que de se retirer dans les terres de son enfance. Là aussi, il était question de renoncement. D'ailleurs, le personnage de Burns me faisait penser à Peyrol, le vieux marin du roman de Conrad. Régulièrement au cours du récit, Burns invite le petit Morgat à oublier ses rêves de grand large, lui répétant que l'aventure n'est pas ce qu'il croit. le jeune héros voit en Burns celui qu'il aimerait devenir sans voir que celui-ci est un Homme brisé qui, s'il a bien vécu une vie d'aventures, n'en retire aucune gloire ni satisfaction. Burns est un magnifique personnage, très bien campé, qui m'a profondément émue. Les autres personnages sont eux aussi très bien caractérisés et cette galerie de personnages fait de « l'ancre de miséricorde » un roman plein d'émotions.
Si Mac Orlan joue avant tout sur le côté psychologique et émotionnel, j'ai vraiment senti le souffle de l'aventure au cours de ma lecture. le récit est très dépaysant. L'auteur dépeint de façon très immersive la ville grouillante, ses commerces, ses soldats qui vivent dans l'attente d'une guerre contre l'Angleterre, ses forçats qui travaillent dans l'arsenal, ses tavernes, ses pêcheurs… On est littéralement transporté dans le Brest du 18ème siècle. Et la menace du terrible Petit Radet qui plane sur la région renvoie à tous les grands personnages de pirates et offre au récit son lot de péripéties qui en fait un véritable roman d'aventures.

« L'ancre de miséricorde » est à la fois un formidable roman d'aventures et un récit initiatique poignant. J'ai dévoré le roman en à peine 2 jours, c'était un vrai plaisir de lecture dépaysant et émouvant. C'est le 2ème roman de Mac Orlan que je lis après « les clients du Bon Chien Jaune » et il est certain que j'en lirai d'autres.

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