Dans
L'homme clandestin, le héros est Lew Archer, détective privé fétiche de l'auteur. Lew est un homme calme, ni fumeur, ni alcoolique, il ne porte même pas d'arme. Il vit seul dans un quartier de West Los Angeles et nourrit chaque matin les geais bleus de cacahuètes. Romantique au grand coeur, désintéressé, il accepte d'aider sa voisine, Jean, dont le petit garçon, Ronny, est parti avec son père Stanley, chez la mère de ce dernier, au nord de la Californie, là où un incendie hors de contrôle fait rage. Sans téléphone portable en 1971, première date de parution du roman, Jean très inquiète et Lew, décident de se rendre sur place pour vérifier que tout va bien.
Arrivés sur zone, ils constatent que rien ne va bien. Stanley est retrouvé mort, Ronny est introuvable, évaporé, en compagnie de Susan, une mystérieuse jeune fille, et la grand-mère est victime d'une crise cardiaque. Les policiers n'ont pas le temps d'enquêter, préoccupés par la dangereuse progression du feu qui mobilise toutes les forces disponibles, ravage les forêts, détruit les vergers d'avocatiers et de citronniers, les oliveraies, embrase les eucalyptus, menace les riches maisons, dont l'une des propriétaires a jeté son manteau en vison et ses bijoux au fond de sa piscine pour les sauver des flammes.
L'homme clandestin n'est pas seulement un roman policier dans le goût des années 70, mais bien davantage.
Ross McDonald, en précurseur, dans un style classique et élégant assorti de dialogues élaborés, soigne ses personnages dont il approfondit les personnalités en leur donnant une épaisseur psychologique, prend le temps de décrire pointilleusement la nature californienne, et ici, donne vie et force à un incendie monstrueux, qui occupe le premier plan et dicte l'orientation des recherches et déplacements de Lew, en raison de son évolution imprévisible, des coupures de routes ou évacuations de populations. Bien avant les récents étés, en 1971, la Californie était déjà la proie des flammes, décidément, on n'a rien inventé.