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4,03

sur 306 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Très beau roman, esthétique par la qualité poétique de l'écriture de Bruce Machart, savamment structuré autour de quatre périodes de la vie de ses protagonistes, avec des longueurs que l'on regrette quand on approche du terme de la lecture, une fin qui résume en deux pages tous les mystères, douleurs, frustrations individuelles et familiales déroulés au long de cette épopée qui voyage dans le temps entre 1895, 1898, 1910 et 1924.

Karel, le plus jeune de quatre frères qui ont subi l'autorité plus que dure de leur père, veuf prématurément, la mère morte lors de l'accouchement par sa négligence, voit sa vie marquée par la perte de cette mère que lui reprochent frères et père. Il sera le seul à rester auprès de lui et à endurer le plus longtemps son pouvoir, les autres n'étant guère mieux lotis, pris dans les griffes du même beau-père dont ils ont épousé les trois filles.

Toute l'action se déroule dans l'ambiance des chevaux, ceux de course, magnifiques, voués à devenir bêtes de trait lorsque l'inconscience ou la mauvaise humeur de leur propriétaire leur inflige une castration prématurée. Les récits de ces courses où se jouent l'avenir des quatre sont développés avec des mots qui portent, font espérer, blessent, tuent, sans doute pas des vies, mais anéantissent toute possibilité de libre arbitre pour ceux qui les entendent.

L'humour n'est pas absent et de nombreuses répliques suggèrent, même dans les plus grands malheurs, une dérision des maux de l'existence. Chacun y va de ses petites phrases qui peuvent prêter à un certain sourire malgré la dureté des situations.

C'est un roman d'hommes, du moins tels que le croient ses acteurs, mais c'est aussi un roman de femmes, d'amantes, de mères dont les seins abreuvent l'enfance de ces malheureux guerriers de la vie, sans pour autant les rassasier. La mère absente y tient une place déterminante et apparaît dans différentes scènes marquantes comme la perte définitive de l'unique photographie dont le père et ses fils disposaient.

La nature est omniprésente aussi bien à travers les labours des futurs champs de coton, que les récoltes espérées et obtenues à la sueur des fronts des hommes, engendrant leur soif, trop souvent satisfaite par l'alcool qui atteint leurs sens et les écartent de temps essentiels de la vie, comme pour Karel la naissance de son fils.

La religion a également son importance et, si tous jurent le nom de Dieu, ils le prient et l'implorent à leur manière, sans lui imputer leurs malheurs, conscients qu'ils sont de leurs propres fautes qui les ont causés et anéanti pour eux l'amour qu'il soit filial ou conjugal.

Bruce Machart se donne du temps tout au long de son écriture, il insuffle peu à peu toute la dimension de ses personnages, même pour ceux dont les apparitions non déterminantes revêtent néanmoins une importance.

Et puis, c'est un roman avec une belle fin, une fin et non un dénouement, une fin hommage à toutes ces femmes qui ont offert leurs seins à ces hommes, comme les sources intarissables de vie qu'elles ont dispensées, sans qu'il importe qu'elles soient des mères ou pas.

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Février 1895, Lavaca County, Texas. Klara Skala meurt en mettant au monde son quatrième fils, Karel, laissant son mari, Vaclav, inconsolable et amer. C'est dans le travail acharné, à la dure, que ce dernier élève ses quatre garçons, dépourvus de tendresse et d'affection. Seuls ses chevaux comptent désormais à ses yeux, notamment ses deux magnifiques quarter horse rouans. Deux bêtes qui remportent de nombreuses courses lors de paris organisés entre Skala et un certain Dalton. À la clé, des terres et des exploitations. Seul Karel, cavalier émérite alors jeune adolescent, est autorisé à les monter. Guillermo Villaseñor, un riche propriétaire Mexicain, propose alors un pari à Skala. Une course entre Karel et sa plus jeune fille. Si cette dernière gagne, les trois jeunes femmes seront mariées aux aînés Vaclav. Sinon, de nouvelles terres lui seront offertes. Karel, sous le charme de la jeune femme, ne sait quelle attitude adopter : gagner pour satisfaire son père ou perdre pour éviter de la voir épouser son aîné. Une course aux enjeux aussi importants que décisifs...

Un Texas rugueux, des hommes durs et violents qui se déchirent, des odeurs de labour et de crottin, des relents de whiskey, de sueur, de sang et de sexe, des vies laborieuses sous un soleil cuisant. Aux allures de western, ce premier roman de Bruce Machart nous entraine au coeur d'une saga familiale aussi hypnotique que saisissante. Élevés sous les coups de fouet, les bottes ancrées dans la glèbe, les quatre fils Skala grandiront sans affection de la part de leur père. C'est à travers les yeux de Karel, au cours des années 1895, 1910 et 1924, trois années charnières, que l'on suit le destin de cet enfant mal-aimé, tenu responsable de la mort de sa maman, devenu un adolescent embarqué dans un pari fou puis un homme marié et père de famille. Bruce Machart dépeint avec force et rugosité cette fratrie aujourd'hui éclatée, les rivalités entre les hommes, les sentiments troubles qui les habitent, la vie laborieuse. Ce roman âpre, sauvage, d'une puissance et d'une intensité rares, fait montre d'une grande maîtrise et d'un souffle narratif vertigineux et dense.
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Le sillage de l'oubli de Bruce Machart est un livre qui m'est tombé dessus le jour de Noël…
Je ne crois plus au Père Noël mais là j'ai été soufflée !

Quelques semaines après sa lecture (je voulais qu'elle décante), je m'adonne à un petit remue-méninges pour un roman qui m'a remué les tripes et découvrir ce qu'il m'en restait :
cri, sang, labeur, sueur,
soumission, rébellion, chevaux, courses
odeurs, poussière,
haine, père
amour,mère,
femmes, frères …

Texas, années 1870, sur les pas de Karel, le tout dernier de la famille Skala (une famille d'immigrés tchèques qui trime dur sur les terres à coton).
L'avenir de ce fils, arraché à la matrice originelle dans un bain de sang, débute dans un cri.
A l'adolescence, il est pris en tenaille entre la folie de son père et les extravagances d'un étranger, nouveau venu en ces terres, Gillermo Villasenor.
Karel devra réunir toute son énergie et concentrer sa force vitale pour tracer son chemin...

Géant, fort et puissant.
J'ai adoré.
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Depuis la mort de la seule femme qu'il a aimé Vaclav Skala n'a plus qu'une obsession : son domaine et qu'une seule faiblesse : ses deux magnifiques chevaux. Avec eux, Karel, le plus jeune de ses fils, est chargé de gagner les courses qui étendent les terres de ce père rendu brutal et impitoyable par le chagrin. Des terres labourées par les frères attelés à la charrue en lieu et place des chevaux. Pourtant cet odieux ordre des choses qui semble immuable prend fin à l'arrivée dans ce coin du Texas d'un riche Espagnol et de ses filles.

Une vraie réussite pour le fils de fermier Bruce Machard qui met en scène une région et un milieu qu'il possède bien, et signe un premier roman d'une force exceptionnelle. De ses personnages et ses paysages inoubliables émanent la puissance romanesque des plus grands auteurs.
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1895, au Texas. Klara Skala meurt en mettant au monde son quatrième fils, Karel. Inconsolable veuf, Vaclav Skala enferme sa peine dans le travail et fait de ses fils des bêtes de somme. « À compter de ce jour, les gens du coin diraient que la mort de Klara avait transformé cet homme d'un naturel gentil en une personne amère et dure, mais en vérité, Vaclav le savait, l'absence de sa femme avait seulement fait ressurgir celui qu'il était avant de la connaître, celui que seule cette compagnie féminine avait su adoucir. » (p. 17) La seule marque d'attention que Vaclav accorde à son dernier-né, c'est de lui laisser monter ses chevaux de course. Devenu adolescent, Karel court pour son père : les enjeux sont toujours des terres et l'appétit de Vaclav le pousse à en vouloir toujours plus.
Jusqu'au jour où Gillermo Villasenor traverse la frontière mexicaine et offre ses trois filles en mariage aux aînés de la famille Skala. Cela doit encore se conclure par une course : que Karel gagne et le domaine de son père s'étendra. Qu'il perde et ses frères auront de jeunes et belles épouses. Mais Karel ne sait s'il doit gagner la course pour satisfaire son père ou la gagner pour ne pas que la belle Graciela n'épouse son frère aîné. Et puisque les désirs ne sont pas toujours satisfaits ou qu'ils ne le sont que partiellement, le seul recours possible est l'imagination. « Karel allait désormais adopter cette façon de déformer la réalité pour instiller un peu de merveilleux dans le quotidien, en particulier dans les histoires qu'il raconterait à sa progéniture. » (p. 68) le cou rendu difforme par des années sous le double joug paternel, Karel tord la réalité à son goût, l'adapte à sa vue et à sa vision du monde.
Une quinzaine d'années plus tard, Sophie, l'épouse de Karel, est sur le point d'accoucher et c'est toute une vie de souvenirs, réels ou fantasmés qui fait surface et s'empare du jeune fils d'émigrés tchèques. Karel est aujourd'hui un homme séparé de ses frères par une querelle qui sourd et perce quand le ciel gronde. Et quand les jumeaux Knedlik entreprennent de le rouler et de rouler les autres frères Skala, il est temps de savoir ce qui définit une famille et ce qu'il est bon de laisser au passé.
Un personnage est omniprésent dans ce roman alors qu'il n'apparaît qu'au début, Klara Skala, la mère de Karel. Conscient de l'avoir entraînée dans la tombe en poussant son premier cri, Karel manque de sa mère, même à l'âge adulte. Il ne cesse de la rêver et de l'imaginer, superbe cavalière blonde. À cette image surgie du néant se superpose celle de Graciela : cavalière émérite et belle à se damner, elle hante les rêves du jeune Karel et reste son fruit défendu. Cette obsession de la femme inaccessible est nourrie de ressentiment et de frustration. « Quelle sorte de femme, se demande-t-il, se donnerait à un homme pour ensuite le renvoyer et épouser son frère le jour suivant après une bonne nuit de sommeil ? Quel genre de femme met un garçon au monde pour l'y abandonner sans la chaleur de sa poitrine, sans le doux tourbillon de ses jupes ni la caresse apaisante de ses mains et de ses lèvres, et surtout sans les mots qui pourraient dissiper les peurs qui le réveillent au milieu de la nuit et le laissent seul, les yeux écarquillés dans l'obscurité ? » (p. 249) Chez les Skala, on ne met pas de mots sur les sentiments mais, comme est immuable la chasse du hibou grand duc, jamais Karel ne cessera de chercher la tendresse originelle.
Le récit se compose d'allers et retours entre les années 1895, 1910 et 1924, soit celle de la naissance de Karel, celle de la mort de son père et celle de la naissance de troisième enfant. Ces trois éléments fondateurs s'enchevêtrent dans le présent. L'intrigue se tisse lentement et inexorablement : la navette du temps ne revient en arrière que pour mieux dessiner le motif à venir.
Pour un premier roman, Bruce Machart entre d'un bond dans la cour des grands. Son texte a l'âpreté et la rugosité des romans de Steinbeck et la superbe des romans de Faulkner. Ouvrir le sillage de l'oubli, c'est fouler le sol sec et poussiéreux d'un comté texan oublié du monde, c'est remonter le temps pour rejoindre l'époque où la vie se jouait à pile ou face sur le comptoir d'un débit de boisson. Si vous voulez savoir qui, de l'enfant ou du cheval, a le plus de valeur, lisez ce roman. Si vous pensez que les liens du sang parlent plus fort que les liens du coeur, lisez ce roman. Si vous êtes prêt à tout parier sur la course d'un cheval, lisez ce roman. Mais ne regardez pas de quel côté tombe la pièce : vous risquez d'être déçu dans les deux cas. Mais par le roman de Bruce Machart, non, vous ne serez pas déçu.
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Tout débute en 1895 au Texas dans une petite famille de pionniers tchèques. La mère, Klara Skala, meurt en couches à la naissance de son quatrième fils, laissant derrière elle un mari dévasté par la douleur et une famille déchirée. Incapable d'accepter la mort de son épouse, Vaclav Skala déporte toute sa rage et sa souffrance sur ses quatre enfants et particulièrement sur le petit dernier, Karel. La vie des garçons ne tarde pas à devenir un enfer où les coups et les insultes pleuvent sans cesse et où leur père leur accorde moins d'égards qu'aux chevaux de course qu'il élève. Parlons-en d'ailleurs de ces chevaux… Deux bêtes magnifiques et vigoureuses qui remportent toutes les compétitions du pays, accroissant de façon prodigieuse les terres de Vaclav dont le chagrin semble s'être mué en une avidité insatiable et sauvage. de ses quatre fils, seul le jeune Karel montre de réelles capacités de cavalier et, dès douze ans, il chevauche pour son père et gagne course sur course, malgré sa nuque horriblement déformée par les violences paternelles.

Quinze ans après l'accident dramatique qui a réduit en miettes la famille Skala, survient alors un événement inattendu, à savoir l'arrivée dans la région d'un riche éleveur de chevaux mexicain, Gillermo Villasenor, et de ses trois superbes filles. Afin d'assurer l'avenir de sa progéniture, Villasenor propose un pari à Vaclav Skala : si sa plus jeune fille, Graciela, parvient à battre Karel à la course, les trois jeunes femmes seront mariées aux trois fils ainés de Vaclav, sinon les terres de celui-ci gagneront encore en envergure. Qu'il perde ou qu'il gagne, l'avenir ne s'annonce guère rose pour Karel, déchiré entre le désir de satisfaire son père et la peur de spoiler ses frères qui voient dans la possible défaite de leur cadet une chance inespérée d'échapper au joug familial. Torturé par le présent et sans espoir pour le futur, Karel se réfugie dans ses rêves – des rêves où la belle Graciela, ses longs cheveux noirs et ses lèvres roses ont une place de choix…

Premier roman de l'écrivain texan Bruce Machart, « le Sillage de l'oubli » stupéfie d'emblée par sa puissance et sa crudité, véritable gifle littéraire. Tenant davantage du drame familial que du western pur et dur, il nous entraîne dans l'Ouest des petites gens, celui des fermiers et des miséreux, de ceux qui souffrent et triment journellement sous le soleil impitoyable de la Frontière. A l'image du pays, les habitants en sont durs, revêches, brutaux, souvent cruels et leur férocité nous rebute, autant que leur détresse attire notre pitié. Autant dire qu'amour, tendresse et compassion n'y ont guère leur place ou si peu.

Menée de façon inhabituelle mais tout à fait maîtrisée, l'histoire alterne sans cesse entre passé et présent, nous dévoilant ainsi petit à petit la tragique destinée de la famille Skalta. C'est la vie du jeune Karel qui sert de fil directeur au récit et c'est à lui que s'identifie le lecteur, tant il est difficile de rester indifférent à ce personnage tourmenté et touchant, rongé par une culpabilité écrasante et jamais apaisée depuis la mort de sa mère. L'ensemble donne un fort beau et sombre roman, riche en passions et en désirs contrariés, au rythme plutôt contemplatif malgré plusieurs séquences d'une extrême violence – preuve absolue que le western est un genre aux multiples facettes qu'il serait scandaleux de mépriser par snobisme intellectuel... Je le conseille, bien entendu, très chaleureusement !
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Une naissance et un décès post-partum : un drame du quotidien dans le Texas de la fin du XIXe siècle, qui va durablement conditionner la vie de Vaclav Skala, fermier devenu veuf trop tôt, et de ses quatre garçons, Thom, Eduard, Stan et Kartel, le nourrisson. Vaclav se referme alors autour de ses deux passions : les chevaux de course et la possession de toujours plus de terre. Il élève ses fils à la dure, selon des règles de vie binaires dictées par le labeur fermier, que seul le whiskey du soir vient quelque peu apaiser.

L'arrivée d'un propriétaire espagnol rival et de ses trois filles, proposant à Vaclav un pari mêlant espérance de gain de terres et mariages des garçons et des filles, va faire basculer le destin de Kartel et de sa fratrie dans le drame et la noirceur la plus extrême.

Dans le sillage de l'oubli, Bruce Machart traduit par Marc Amfreville nous entraîne à Lavaca County, ce bout de Texas devenu communauté d'émigrés d'Europe de l'est, dans une atmosphère sombre et lourde. Un monde où les hommes s'affrontent sans états d'âme, quels que soient les liens du sang ; un monde où le rapport de forces est permanent ; un monde où les conditions de la naissance peuvent conditionner la vie ; un monde où l'on ne peut oublier les blessures ou les affronts du passé. Jusqu'à ce que…

Plus que le fond de l'histoire somme toute assez classique, j'ai aimé les variations que Bruce Machart a souhaité lui donner : sur la place de la nature, belle mais dure et hostile ; sur le choix d'une fin apaisée à l'inverse des codes attendus du noir ; sur la place des femmes (mères, amantes, nourrices), déterminantes dans les quelques pages où elles apparaissent.

Et puis cette écriture, quelle splendeur ! Un livre qui nécessite de prendre son temps à la lecture (ce qui n'est pas mon fort…), pour apprécier la tension des scènes de courses de chevaux ou d'incendie, ou la beauté des escapades solitaires à cheval sous la pluie violente du Texas…
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Le challenge "Un an avec Gallmeister" m'a poussée à sortir ce livre qui m'attendait depuis bien trop longtemps sur mes étagères, et quel bon moment de lecture !

1895 au Texas, Vaclav Skala se retrouve seul pour élever ses 4 garçons, sa femme vient de mourir après avoir mis au monde le petit Karel. Avec la perte de cette femme qu'il a profondément aimée, l'homme se renferme et relègue au fin fond de lui-même toute bonté.
Les chevaux et l'obtention de nouvelles terres deviennent son seul but, les fils grandissent sans aucune affection en travaillant dur son le joug d'un père rude et inflexible.
Un pari de trop avec Guillermo Villaseñor, un riche mexicain, sa fille Graciela fascinante opposée à Karel lors d'une course à haut risque et la famille éclate...

Une saga familiale tragique raconté du point de vue de Karel écrasé par le poids du passé et de la culpabilité, où les figures féminines sont entêtantes et souvent inaccessibles, où les hommes se font face avec violence. Les rapports sont âpres, la fratrie est en compétition et tous les coups sont permis. Chacun cherche à échapper à une vie laborieuse qui les a marqués dans leur chair. C'est cru, c'est cruel, c'est profond. Les personnages sont complexes sans manichéisme aucun, ils se battent avec leur propre destin et contre les autres, mais lorsque les jumeaux engagés par Karel vont commettre l'irréparable, les liens du sang seront-ils les plus forts ?

La nature omniprésente décrite dans toute sa beauté est un contrepoint à la fureur des hommes.

Un roman puissant, une plume superbe pleine de contrastes, une histoire d'hommes brutale et d'un réalisme saisissant !
Lien : https://chezbookinette.blogs..
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Tous les avis que j'ai lus m'avaient convaincus de découvrir ce nouvel auteur américain publié chez Gallmeister. Comme souvent chez cet éditeur, on pense « nature writing » mais il s'agit plutôt ici d'un drame, ou disons d'une épopée dramatique sur plusieurs époques dans une région aride et reculé du Texas. La famille Skala est au centre de cette fresque qui entremêle trois époques : 1895, 1910 et 1924, de la naissance de Karel Skala à l'arrivée au monde de son propre fils. La vie est rude pour le petit Karel dont la mère est morte en couches. Trois grands frères et un père qui se préoccupe plus du bien-être de ses chevaux, que de celui de ses enfants, une nourrice pour ses premiers mois, voilà tout ce qu'il connaît. Puis vient la passion des chevaux et de la course, ce qui le rapprochera un peu de son père. Celui-ci va jusqu'à parier sur les courses de chevaux montés par Karel, mais un pari contre un autre gros propriétaire terrien désintègrera littéralement la famille.
C'est un univers viril, fort et âpre qui est décrit dans ce roman, et la violence n'est pas absente de ce monde d'hommes qui n'ont jamais appris à exprimer leurs sentiments. L'envie, la tristesse, la jalousie, le remords les consument. Les conflits de famille et de voisinage ne trouvent de solution que dans l'affrontement brutal. Pourtant la nature, les chevaux fins et racés, les animaux sauvages entrevus, l'horizon immense, les chemins interminables, adoucissent et apaisent les moments les plus dramatiques. Les femmes réussissent à survivre dans ce milieu viril et rude et, grâce à l'arme qui leur est particulière, à savoir le langage, à se faire une place relativement respectée.
On a du mal à croire qu'il s'agit d'un premier roman, tant la construction et surtout le style sont brillants. J'ai bien relevé une ou deux phrases inutilement alambiquées, mais on pardonne volontiers ce défaut mineur quand le reste est aussi éblouissant. A lire tout de même lorsqu'on dispose d'un peu de temps et de disponibilité d'esprit, ce n'est pas un roman qui se dévoile du premier coup. Encore une qualité bien appréciable !
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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Impossible de bouger et de parler en refermant la dernière page pour ne pas sortir de la bulle dans laquelle ce livre m'a plongé.
Le Texas, un pays d' hommes rudes, violents , toujours une bouteille de bière ou de Whiskey à portée et une carabine chargée sous les yeux et où les femmes se plient à la volonté des hommes .
Un pays où un père préfère atteler ses fils à la charrue pour épargner ses étalons qui lui permettront de gagner des terres dans des courses où tous les coups sont possibles.
Le récit est divisé en trois époques qui s'entrecroisent de façon adroite et apportent à la compréhension des événements des petites touches subtiles:
1895, l'année de naissance du personnage principal qui raconte l'histoire, Karel Skala, 1910: l'année de la mort du père et 1924 l'année de la naissance du fils de Karel,
La mère ,Klara ,est morte à la naissance de Karel , cette absence devient vite une obsession,une quête impossible, un phantasme , une recherche à travers les autres femmes , et pour le père,la disparition de Klara efface toute once de tendresse, d'humanité.
La famille se déchire, et le chemin vers la rédemption est toute la charpente de l'histoire.
Bruce Maynard pour un premier roman fait preuve d'une maitrise étonnante, la construction du récit est particulièrement réussie, pas de temps mort, les moments intenses alternent avec des passages plus lyriques , le martellement des sabots des chevaux au galop avec le vol silencieux du Grand duc.
Un magnifique roman.
Lien : http://lejournaldelouloune.o..
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