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Critique de 5Arabella


Ecrit en 1513, pendant que Machiavel est en exil intérieur, le livre sera dédicacé et offert à Laurent II de Médicis, sans doute dans l'espoir d'un retour en grâce, et dans les fonctions diplomatiques. L'ouvrage ne paraîtra toutefois pour la première fois qu'en 1532, cinq ans après la mort de l'auteur. Il va très vite être considéré comme une oeuvre essentielle, fondatrice des sciences politiques modernes.

Relativement bref (une centaine de pages) l'ouvrage présente en 26 chapitres l'art de bien gouverner, en s'appuyant sur des exemples tirés de l'histoire romaine et de l'histoire récente de l'Italie. C'est que le but du livre, en fin de compte, tel qu'il est évoqué à la fin de l'ouvrage, est d'inspirer un souverain à sauver l'Italie. le pays, partagé en divers états, est la scène et la victime d'affrontements des puissances européennes : le roi de France, d'Espagne, l'empereur d'Allemagne viennent prétendre à la souveraineté de telle ou telle partie de son territoire. Machiavel a pu observer de près les forces en jeu lorsqu'il était au service de Florence dans les services diplomatiques, sa réflexion se veut pragmatique et se base sur l'observation des pratiques réelles de son temps.

L'ouvrage sépare clairement la politique de la morale. Il s'agit d'une véritable rupture conceptuelle avec les valeurs chevaleresques adossées au christianisme. le contrôle de la monarchie ne se fondait pas jusque là sur des institutions assurant un partage du pouvoir mais sur des principes moraux supposés limiter le pouvoir dévolu à un seul homme, principes fondés en grande partie sur la religion. Machiavel estime que cet ordre qui fondait la politique sur la morale chrétienne, s'est défait sous ses yeux avec la chute de Florence, dominée par une « barbare tyrannie ». Il s'agit donc de poser un ordre sur de nouvelles bases.

Machiavel délaisse donc l'idéal pour s'en tenir aux nécessités du réel. Mais il ne s'agit pour autant de cautionner tous les comportements immoraux. La raison d'être du politique, est d'assurer la stabilité d'une organisation collective, seule à même de permettre le bien commun. Les hommes étant ce qu'ils sont, c'est à dire privilégiant leur propre intérêt égoïste à court terme, la société étant traversée par des tensions issues d'intérêts antagonistes, il est nécessaire d'avoir une autorité qui transcende tous ces intérêts particuliers pour assurer le fonctionnement efficient de l'état et sa sauvegarde. le pouvoir peut s'exercer de différentes façons, par la force (Machiavel écrit dans un pays subissant des guerres sans fin), par la ruse, mais aussi par la loi.

Un autre aspect important du livre me semble l'opposition entre la Virtu, et la Fortuna. La Virtu est la qualité principale du prince, qui plus que la vertu, est la capacité à répondre aux défis des temps dans lequel il lui est donné de vivre, ses capacités d'adaptation pourrait-on dire, de faire les bons choix et de définir la stratégie la plus adéquate pour les mener à bien. La Fortuna, c'est ce que l'homme ne maîtrise pas, ce qu'il subit. Mais l'homme a les capacités de résister, de par sa Virtu vaincre la Fortuna, de marquer sa place dans l'histoire par ses qualités, de dépasser la fatalité et le hasard.

A lire et à relire.
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