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Critique de Capridegh


Décidément, je me retrouve en total contradiction avec la plupart des avis ici quant à mes dernières lectures... En effet, j'avais détesté Les gens heureux lisent et boivent du café que j'avais comparé à une New Romance d'aujourd'hui, les scènes érotiques en moins, la semblable pauvreté de l'écriture et de l'intrigue garantie. Et me voilà à adorer le putain d'énorme livre du bonheur qui va tout déchirer alors que beaucoup de chroniqueurs n'ont clairement pas aimé leur lecture... Pourtant, pourtant !! le putain d'énorme livre du bonheur qui va tout déchirer est une putain de bonne lecture qui déchire tout !

Alors oui, certes, Ottila, personnage principal, est un peu particulière, aussi atypique que le format du livre (sur lequel je reviendrai plus bas) : franche voire crue, attachante voire collante et égocentrique voire narcissique (dernier trait de caractère qui a peut-être été la seule ombre au tableau parfois). Et alcoolique, qui plus est. Mais elle se soigne ! Et c'est là tout le point de départ du roman, de son histoire, de son auto-biographie. Malgré son titre à rallonge à la mode, malgré sa couverture guillerette, le putain d'énorme livre est loin d'être un putain de feel good book ; et c'est tant mieux ! Parce que moi, les feel good books, j'en peux plus... Il n'y a plus que ça sur les tables dans les librairies, tous les romans finissant par se ressembler plus ou moins, et comme la New Romance à l'époque, comme les vampires jadis, la mode bat son plein en attendant d'être remplacée par un futur prochain courant littéraire envahissant. Je me risquais à acheter le putain d'énorme livre parmi les feel good books et je ne sais véritablement pas ce qui m'a encouragé à tenter l'aventure. J'avais dû le sentir, que ce roman allait me plaire énormément !

Avec le putain d'énorme livre du bonheur qui va tout déchirer, nous avons la configuration de base du livre qui fait du bien : une poignée de personnages pas trop complexes, une écriture spontanée pratique, un petit peu de romance, une meilleure copine et un ton relativement léger. Mais finalement, Ottila, au fil des pages, verra la vie peser toujours un peu plus sur ses épaules : elle travaille auprès de personnes malades du cancer, elle se bat contre l'alcoolisme qui bousille sa vie, elle a perdu son père et sa mère a l'air relativement fragile. Et c'est déjà à la toute fin de la première partie que le roman devient bien plus grave que ses toutes premières pages, alors que l'héroïne s'interroge énormément sur sa soeur folle à lier qui se trouve dans une situation toujours des plus délicates et somme toute désespérée. L'annonce tombe comme un couperet, le putain d'énorme livre prend une toute autre allure et gagne en profondeur ; la légèreté nous glisse entre les doigts, Ottila devient plus intéressante et plus complexe, le putain d'énorme livre n'a plus rien, finalement, du feel good book léger et sans prétention qu'on prédisait. (Ca peut effectivement destabiliser certains lecteurs pas prêts à ce revirement de situation.)

Grace est la meilleure amie de l'héroïne et la relation que les deux filles entretiennent ne manque pas d'évoluer au cours du roman, l'addiction à l'alcool pesant lourd dans la balance. Grace est une fille culottée et débridée qui peut ne pas plaire à tous les lecteurs. La scène ultra choquante dont certains d'entre eux ont parlé dans leurs critiques (d'ailleurs, les spoils, c'est vraiment pas chic !!) et que relate le personnage dans le roman n'est pas apparu dans mon édition poche du livre ! Milady, censurez-vous vos publications ?! Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup aimé voir les personnages de l'auteure évoluer autant page après page. Anneliese Mackintosh les connait comme le dos de sa main et sait alors faire d'eux quelque chose de censé et d'intelligent. le roman donne cette impression rassurante de servir à quelque chose.

Le livre en lui-même est peu ordinaire dans sa construction. Bien décidée à prendre sa vie en main, Ottila se procure, sans trop croire en lui sans doute, un exemplaire du Petit livre du bonheur mais comme une revanche sur sa vie, comme pour signifier à quel point elle la prend en main, elle va déchirer des pages du livre de développement personnel pour y ajouter des mails et des lettres (car elle adore entretenir une relation épistolaire avec quelques uns des personnages qui l'entourent), des tickets de caisse, des enregistrements d'entretiens avec sa psy, etc. La narration est inhabituelle mais efficace, les dates des mails envoyés et reçus nous aiguillant quant au temps qui passe. Et l'aventure d'Otilla durera alors plusieurs mois durant lesquels des décisions doivent être prises, l'héroïne faisant preuve d'une ténacité et d'un sens de l'humour qui rendent la lecture captivante au point d'engloutir le roman pour finalement, à contre coeur, dire au revoir à des personnages qu'on a appris à aimer à travers les épreuves de leur vie.

J'accorde ★ ★ ★ ★ ★ à le putain d'énorme livre du bonheur qui va tout déchirer. Ottila est une sacrée nana, un peu délurée mais pas moins remplie d'humanité et qui fait face à des problèmes qu'on pourrait malheureusement rencontrer dans la vraie vie. le putain d'énorme livre n'a de feel good que la positivité et l'optimisme qui finit par se dégager du roman malgré tout car il est bien plus puissant et porteur d'un message bien plus fort que la plupart des livres à la mode que l'on peut croiser en librairie aujourd'hui. Bravo Anneliese Mackintosh d'avoir créé un personnage aussi attachant et aussi évolutif. le putain d'énorme livre du bonheur est aussi réussi que les chroniqueurs divisés. C'est surtout, à n'en pas douter, une de mes lectures les plus passionnantes de cette année !
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