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Critique de brumaire


D'après la 4e de couverture la vie aventureuse de Fitzroy McLean aurait inspiré Ian Fleming pour son héro James Bond. C'est étonnant car Ian Fleming avait a sa disposition son frère Peter dont la vie est aussi aventureuse que celle de l'auteur de Dangereusement à l'Est. Tous les deux ont d'ailleurs des points communs dont celui d'avoir fait la guerre dans des unités "spéciales" : SAS pour McLean et le SOE pour Fleming.
Dangereusement à l'Est se présente comme le récit de dix années cruciales, 1935-1945, pendant lesquelles Fitzroy McLean a exercé ses talents d'abord comme jeune attaché d'ambassade à Moscou, puis la guerre venant, comme engagé volontaire dans le Special Air Service , une unité adepte des coups tordus sur les arrières de l'ennemi.
A partir de 1943 , parachuté en Yougoslavie , il sera l' attaché militaire de la coalition alliée auprès de Tito .

Dire que McLean a eu une vie aventureuse est un pléonasme. Pour ce jeune homme de bonne famille écossaise la vie EST aventure. Attaché d'ambassade à Moscou à la fin des années 1930, il n'a cure des diktats de la bureaucratie bolchévique. Il n'hésite pas à tromper la surveillance des agents du NKVD attachés à sa personne lors de ses voyages mouvementés en Asie Centrale, territoire alors interdit aux occidentaux. Sa relation des procès de Moscou (1937-38) est un morceau d'anthologie. Notamment le procès inique intenté à Boukharine, le plus proche collaborateur de Lénine accusé de trotskisme, de déviationnisme, et de tant d'autres maux....
Ces cent cinquante premières pages du livre justifient pleinement le titre du livre. La suite , tout en étant d'un grand intérêt , surtout pour les afficionados de la seconde guerre mondiale, est moins "extraordinaire" tant les parcours individuels exceptionnels sont nombreux quand les circonstances sont elles-mêmes exceptionnelles.
Elu député aux Communes (Torries of course ! ), il s'engage (il pouvait ne pas le faire étant justement député...) dans le SAS, une unité de choc qui opère sur les arrières de l'Africa Korps en Lybie. Cela nous vaut encore des comptes-rendus épiques souvent mâtinés d'esprit "pied-nickelés" ! en effet le Haut-Commandement anglais ne doutait jamais de son efficience mais sur le terrain le résultat était souvent....aléatoire ! beaucoup de scènes dans le désert m'ont rappelé le film "Un taxi pour Tobrouk", l'excellent film de Denys de la Patellière (qui vient de repasser récemment sur une chaîne de la TNT).
Montgomery ayant repris l'ascendant sur Rommel, on n'a plus besoin des services de McLean. Qu'à cela ne tienne ; ses nombreuses relations dans le milieu militaire lui trouvent de nouveaux terrains de jeux : l'Iran pendant quelque temps puis, le plus beau titre de gloire de notre distingué british, la Yougoslavie où il est parachuté dans des conditions difficiles.
D'un point de vue historique c'est certainement la partie du livre la plus intéressante. En 1943 le vent tourne pour les Allemands ; ils reculent sur tous les fronts même si leur pugnacité donne du fil à retordre aux alliés. En Yougoslavie les partisans de Tito sont les plus combatifs pour tailler des croupières à la Wermacht. Mais à pays "compliqué" situation "difficile". Les Alliés sont dans le flou concernant la situation exacte des combattants anti-nazis. Il vont alors proposer à Fitzroy McLean d'être leur "couteau suisse" dans les Balkans. En terme net et précis : à qui parachuter vivres et armes afin qu'elles profitent aux plus combatifs ? aux partisans communistes de Tito ? aux combattants nationalistes Tchetniks ? aux fidèles du Roi réfugié à Londres ? L'auteur nous donne avec maestria une leçon pertinente sur l'histoire de la Yougoslavie toute de crimes et de coups d'états. Rien de ce pays ne lui semble étranger ; il apprend en quelques mois le serbo-croate et se trouve aussi à l'aise à vider des verres de slibovitz en compagnie de Tito qu'a enseigner l'art de placer des charges de plastic sous les ponts. McLean nouveau Fregoli de la politique alliée qui tente alors d'accaparer Tito afin de le river à l'Occident .
Tout cela conté dans un style alerte et ironique sans que l'auteur ne se départisse de son flegme britannique . Les combats chez Fitzroy McLean ressemblent beaucoup à des matchs de rugby : on s'y fait mal, il y a des vainqueurs, des vaincus, mais "that's life"....! heureusement qu'au détour d'une page il nous rappelle incidemment les épouvantables massacres qu'ont opéré les SS, mais la Wermacht aussi, sur les populations civiles serbes et bosniaques.
Avant de conclure une petite remarque . Ce livre est d'une utilisation mal aisée au lit. Je veux dire que pour les adeptes de la lecture vespérale (dont je suis) la lecture de Dangereusement à l'Est est un véritable supplice : livre pesant et d'un format trop grand , brochage très serré qui ne facilite pas "l'ouverture" du livre, typographie fatigante ( trop de signes par page).....Une Babelienne dans sa critique l'avait déjà signalé.

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