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Critique de gruz


L'écrivain écossais Graeme Macrae Burnet avait montré toute l'étendue de son talent avec son premier roman traduit en France : L'Accusé du Ross-Shire. Sa capacité à plonger le lecteur dans L'Écosse profonde du XIXème siècle était proprement ahurissante. le voilà qui étonne encore davantage en nous immergeant dans… une petite ville alsacienne, Saint-Louis.

Quelle mouche a donc piqué l'auteur, vous demandez-vous ? L'idée lui est venue d'une visite dans cette commune frontalière de la Suisse, près de Mulhouse. Un endroit de passage, où il a eu l'impression que le train-train était immuable par rapport aux grandes villes alsaciennes (principalement Strasbourg, où se déroulent quelques scènes du livre).

Burnet a transposé son intrigue dans les années 80, pour en rajouter dans cette vision d'habitants figés dans leurs habitudes. C'est bien ce sentiment d'immobilisme qui transpire de chaque chapitre, avec des protagonistes englués dans leurs routines. A l'image de ce personnage de banquier qui ne déroge pas d'un poil de ce qui constitue son quotidien.

Sauf que rien n'est plus trompeur que l'image que renvoie ce type de personnes (qui trompent les autres et se trompent eux-mêmes).

C'est là tout l'intérêt et la force de ce roman noir qui fleure bon l'époque des Maigret. L'écrivain ne cache pas son amour pour Simenon. Mais on est loin d'une banale copie ! Il s'amuse à créer son récit comme une poupée gigogne, un livre dans le livre et un badinage qui fait croire que ce roman a été adapté au cinéma par Claude Chabrol. On y croirait presque et on est tout à fait dans l'ambiance.

On pourrait s'inquiéter de voir un romancier écossais décrire une Alsace qu'il ne connaît pas. Même s'il utilise Saint-Louis comme cadre figé dans le temps ; la ville l'est un peu moins que ça en réalité de nos jours ; on sent qu'il a bien mis les pieds en Alsace, à Mulhouse, à Strasbourg. Il m'a même bluffé à parler d'endroits qui existaient dans les années 80 et qui ont disparu maintenant. Un vrai travail de recherche ET de terrain. Good job, Scottish man.

L'histoire de cette disparition pourrait paraître banale, mais c'est bien la manière dont l'auteur crée l'ambiance et décrit les personnages qui donne du piment à sa recette.

Son écriture empathique et toute en subtilité rend le roman attachant, donne certaines couleurs à la grisaille et un côté singulier à l'ordinaire.

Graeme Macrae Burnet a décidément une étonnante capacité à créer une atmosphère. La disparition d'Adèle Bedeau a ce charme des romans du passé, plus vénéneux qu'il n'y parait de prime abord. Un polar atypique dans ce XXIème siècle où l'excès semble devenir la norme dans beaucoup de romans. Ici, c'est bien la finesse de l'étude de moeurs qui prime.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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