Dans la vie, il y a deux valeurs humaines parmi d'autres qui font le sel de l'humanité, l'amour et l'amitié.
En 2016, quand un ancien professeur et directeur d'école décide de rouvrir sa malle aux trésors, les souvenirs ressurgissent, 40 ans après ...
Connaissez-vous l'expression du noeud qui vous saisit à la gorge pendant une lecture au fur et à mesure que le mot FIN approche ? Subrepticement, qu'on le veuille ou pas, cette émotion vous gagne comme la montagne dont vous vous apprêtez à en voir le sommet, comme la mer dont vous essayez de dompter les flots, comme la vie qui vous procure des sensations fortes, il est de ces livres qui gagnent à la découverte, pourtant rien ne prédisposait initialement une telle intimité avec le narrateur, un récit épistolaire écrit à la première personne, progressivement je me suis laissé projeté dans le temps, c'était il y a près d'un demi-siècle, quand la nostalgie d'une époque vous rappelle, quand vous étiez jeune et insouciant, autre rivage, autres moments séparant le corps et l'esprit, c'est un plaisir qui vous chavire le coeur, qui vous fait prendre conscience du temps qui passe, il ne reste alors plus qu'à apprécier
Killarney 1976.
Killarney est une petite ville du sud-ouest de l'Irlande dont la capitale est Dublin.
Un pays qui a vécu des heures sombres à travers le temps et l'histoire, très ancré dans ses traditions, culturellement d'une grande richesse avec ses nombreux édifices centenaires, l'auteur nous invite à suivre ses traces alors qu'il était un tout jeune assistant venu faire ses gammes, très rapidement à la question de savoir la part autobiographique et imaginaire, ce ne sont pas seulement des notes prises à cette époque mais les replacer dans un contexte particulier, la situation géopolitique, les différentes révolutions culturelles et sociales, les enjeux économiques ou stratégiques, l'histoire va alors prendre une tournure de plus en plus surprenante, l'alternance entre les deux époques, tout semble se mélanger dans la tête du personnage principal, la chronologie des évènements va lui permettre de reconstituer l'emploi du temps, les faits marquants, les dates importantes et cruciales, les rencontres déterminantes.
Hotel California
La volonté de l'auteur est de raviver des souvenirs d'antan, de les reconstruire dans son esprit, pour laisser planer cette douce musique au parfum mélancolique, la lande environnante de ces fameuses tourbes, le froid piquant et vif en hiver, les soirées de beuverie avec sa bande d'amis indéfectibles à refaire le monde, les nombreuses chevauchées dans un décor sauvage et venteux, l'impression de sentir cette force de l'amitié prendre le pas sur toutes les autres considérations, de repousser chaque jour un peu plus l'échéance et surtout d'apprécier l'instant présent, Carpe Diem, tous les personnages sont vrais en ce sens qu'ils participent tous à l'éclosion d'un groupe, d'une unité qui force l'admiration et adhère à l'empathie, j'ai apprécié ces moments volés dans l'urgence, ces improvisations qui ajoutent une valeur ajoutée tellement unique, dans la joie communicative et bon enfant, dans les péripéties qui menacent de faire éclater et basculer le monde, je garde à l'esprit cette vibration qui résonnait quand le quatuor se reformait, quand le duo se faisait la malle, Tous pour un et un pour tous.
We are the champions
Correspondance par les mots invisibles, à travers les vestiges d'une période révolue, de l'eau a coulé sous les ponts, l'envie est pressante pour se replonger avec nostalgie dans la nuit glaciale de Killarney, au milieu des pintes et du fameur Irish Coffee, dans l'ivresse et l'euphorie, il est des secrets qui vont souder certains des personnages, ouvrir d'autres voies de communication pour faire rebondir le récit, apporter un cachet d'authenticité en le rapprochant de faits avérés et tout en laissant planer un mystère, quand la petite histoire et sa soeur aînée se mêlent, les fils inextricables de la destinée et des regrets n'attendent pas les heures pour se séparer.
Le choc des cultures, quand le récit autobiographique se permet des disgressions, de donner libre court à l'imagination et à toutes les interprétations hypothétiques, bienvenue dans un univers baignant tantôt du côté des forces obscures, tantôt dans les hypothèses les plus incroyables, c'est le pouvoir des mots et des variations du champ des possibles, du plus petit à l'infini, rien ne sera épargné pour le protagoniste français et son acolyte iranien, une entente et amitié va naître et se forger au fil des semaines, briser les tabous, briser la glace,
Killarney 1976 est une très belle histoire de complicité et de confiance.
"Mais ainsi va la vie, c'est cela qui nous construit."
Une écriture limpide pour installer cette atmosphère si irlandaise, dans le folklore des temps anciens, la poésie n'est jamais loin avec des vers ou des extraits pour tomber sous le charme d'un pays qui n'a pas fini de nous emmener loin à l'intérieur des terres comme au bord de la mer, la grâce divine de certains moments-clé dans ce récit qui fleure bon la mélancolie et une forme de miséricorde pour parachever une corde sensible et touchante dans cette relation particulière et précieuse.
Style prenant et très visuel, l'auteur sait distiller intelligemment des indices dans la construction et l'enchevêtrement d'une intrigue qui prendra une place prépondérante, la possibilité de naviguer sur plusieurs tableaux à la fois, la candeur d'un personnage succède la dérision de l'autre et vice-versa, il y a toujours de la place pour cet humour touchant et dans un bon esprit de camaraderie, cette ambiance bienveillante qui ne manque jamais de renforcer les liens, l'occasion d'apprendre le contexte politique et historique de plusieurs civilisations, comme en écho du monde que l'on connaît aujourd'hui, d'avoir des éléments de réponse pour comprendre comment certaines révolutions ont pu émerger, la précipitation des bouleversements et des soulèvements, comme une toile de fond, comme l'arrière-train d'un monde toujours en pleine mutation, rien n'est jamais fortuit ou dû au hasard, à moins que ...
Un premier roman qui m'a fortement impressionné dans sa structure narrative et faisant ressortir une émotion palpable, dans la tourmente qui s'apprête à faire basculer irrémédiablement des vies, il y a des séquences fortes et intemporelles qui font prendre conscience de l'essentiel, de se créer des souvenirs, de laisser une trace de son passage, de vivre et de partager des moments d'harmonie, cette notion de partage est ressenti et apporte une pierre à l'édifice qui a pour nom : amitié.
Je remercie Emma Nobi des Editions Nouvelle Bibliothèque pour cette lecture, comblé et heureux à l'issue de ce voyage hors du temps, je profite également de souhaiter le meilleur à venir et mes meilleurs voeux pour cette toute nouvelle maison d'édition qui a déjà un catalogue riche de titres et également à venir dont certains auteurs sont issus du monde de l'auto-édition.
موفق باشید
A suivre.
Killarney 1976 de
Joël Macron, un premier roman fabuleux, émouvant et plein de surprises !!!