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Critique de le_Bison


Quand t'es dans le désert…

Mae, croupière dans le Nevada, une vieille caravane, pas de chien, juste un fusil. Elle s'aventure la nuit, la poussière tourne autour d'elle, des yeux de coyotes la scrutent. Les lumières se sont éteintes, loin de l'agitation frénétique de ces villes de jeux et de néons. Même la lune a disparu. Et quand le bleuté de la lune s'enfuit sur d'autres horizons, la vie perd de son sens, ne lui laissant que les souvenirs passés, seule dans ce désert.

La serveuse lui dépose son verre de whisky, et d'un air dégoûté, cette tranche de boeuf XXL tellement saignant que son coeur parait battre encore dans cet amas de chair rouge. Une télévision en fond d'écran derrière le comptoir. Les chaines d'infos en continu diffusent toujours les mêmes images. Inlassablement. Eternellement. Des avions qui s'écrasent contre deux tours. Des tours qui s'effondrent. Des victimes effondrées de peur, de rage, de terreur. Mae jouit de ce spectacle, coupée de la réalité du monde, ne voyant défiler depuis des années que des cartes de couleurs noir ténèbre ou rouge sang et des jetons noir et rouge. Indifférente à la vie de ces mortels, si ce n'est que pendant 7 secondes, 7 putains de longues secondes qui passent en boucle et durent des minutes, des heures, elle reconnait Laurel, amante et aimante d'un passé oublié. Et son passé ressurgit de sa mémoire.

Les cauchemars de l'Amérique en toile de fond, le désert du Nevada en décor. Les souvenirs de Mae la ramènent à son enfance, entre indifférence des parents et inceste d'un frère tortionnaire. Une fuite pour s'échapper, le temps d'un été, the summer of love, et les voix douces et aimantes d'un gourou, une guitare folk et l'amour libre, baises sauvages dans la nature l'esprit libre et la haine envers les cochons. California Girls. Un roman inclassable et dérangeant, les chapitres sont aussi courts que la vie d'un corps qui plonge en haut d'une tour, double salto avant, les pages défilent aussi rapidement que deux tours mettent à s'écraser au sol. La poussière du désert est la même qu'à Ground Zero. 0 espoir, 0 soupir, je respire l'air du Nevada, loin du tumulte bruyant et lumineux des casinos, à la lumière des étoiles, sous le regard hurlant d'un coyote sauvage – mais pas autant que Mae – la couleur de la nuit est celle d'une nuit sans lune. Mais une nuit illuminée par la musique de Captain Beefheart et son magic band, les pieds dans le sable.
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