Citations sur L'oiseau bleu (10)
MYTYL. - Et autour de la table, qu’est-ce que c’est que tout ça ?...
TYTYL. - C’est des gâteaux, des fruits, des tartes à la crème...
MYTYL. - J’en ai mangé une fois, lorsque j’étais petite...
TYTYL. - Moi aussi ; c’est meilleur que le pain, mais on en a trop peu...
MYTYL. - Ils n’en ont pas trop peu... Il y en a plein la table.. Est-ce qu’ils vont les manger ?...
TYTYL. - Bien sûr ; qu’en feraient-ils ?...
MYTYL. - Pourquoi qu’ils ne les mangent pas tout de suite ?...
TYTYL. - Parce qu’ils n’ont pas faim...
MYTYL (stupéfaite). - Ils n’ont pas faim?... Pourquoi ?...
TYTYL. - C’est qu’ils mangent quand ils veulent...
MYTYL (incrédule). - Tous les jours ?...
Toutes les mères sont riches quand elles aiment leurs enfants… Il n’en est pas de pauvres, il n’en est pas de laides, il n’en est pas de vieilles… Leur amour est toujours la plus belle des Joies… Et quand elles semblent tristes, il suffit d’un baiser qu’elles reçoivent ou qu’elles donnent pour que toutes leurs larmes deviennent des étoiles dans le fond de leurs yeux…
Oui, je sais. Tu cherches l'Oiseau Bleu c'est-à-dire le grand secret des choses et du bonheur.
LE TEMPS. – Mais, voyons, ce n’est pas pour mourir, c’est pour vivre !… (Entraînant le premier enfant.) Viens !…
DEUXIÈME ENFANT (tendant éperdument les bras vers l’enfant qu’on enlève). Un signe !… Un seul signe !… Dis-moi, comment te retrouver !…
PREMIER ENFANT. – Je t’aimerai toujours !…
DEUXIÈME ENFANT. – Je serai la plus triste !… Tu me reconnaîtras !…
La Lumière. – (…) Le Bonheur d’un enfant est toujours revêtu de ce qu’il y a de plus beau sur Terre et dans les cieux. (p. 110, Acte Quatrième, Neuvième tableau, “Le Jardin des Bonheurs”).
Moi d'abord, ton serviteur, le Bonheur-de-bien-se-porter... Je ne suis pas le plus joli, mais le plus sérieux... Voici le Bonheur-de-l'air-pur qui est à peu près transparent... Voici le Bonheur-d'aimer-ses-parents, qui est vêtu de gris et toujours un peu triste parce qu'on ne le regarde jamais... Voici le Bonheur-du-ciel-bleu, qui est naturellement vêtu de bleu et le Bonheur-de-la-forêt qui, non moins naturellement, est habillé de vert, et que tu reverras chaque fois que tu te mettras à la fenêtre...
LA LUMIERE. Tu vois bien que l'Homme est tout seul contre tous, en ce monde... (p.98)
Tu te crois dans le ciel ; mais le ciel est partout où nous nous embrassons… Il n’y a pas deux mères, et tu n’en as pas d’autre… Chaque enfant n’en a qu’une et c’est toujours la même et toujours la plus belle ; mais il faut la connaître et savoir regarder…
GRAND-MAMAN TYL.
– Nous sommes toujours là, à attendre une petite visite de ceux qui vivent... Ils viennent si rarement !... La dernière fois que vous êtes venus, voyons, c’était quand donc ?... C’était à la Toussaint, quand la cloche de l’église a tinté...
TYLTYL.
– À la Toussaint ?... Nous ne sommes pas sortis
ce jour-là, car nous étions fort enrhumés...
GRAND-MAMAN TYL.
– Non, mais vous avez pensé à nous...
TYLTYL.
– Oui...
GRAND-MAMAN TYL.
– Eh bien, chaque fois que vous pensez à nous, nous nous réveillons et nous nous revoyons...
TYLTYL. – Comment, il suffit que...
LA PETITE FILLE (poussant un cri de désespoir). Maman !... Il est parti!...
(Elle éclate en sanglots.)
TYLTYL. Ce n'est rien... Ne pleure pas...Je le rattraperai... (S'avançant sur le devant de la scène et s'adressant au public.) Si quelqu'un le retrouve, voudrait-il nous le rendre?... Nous en avons besoin pour être heureux plus tard...
Rideau.