Il lui avait pris la main. Elle ne la retira pas. La nuit était douce et elle se sentait amollie. Jusqu’à présent, elle avait été seulement flattée par la cour que lui faisait ce séduisant garçon, dont tout le monde, au terrain, vantait les bonnes fortunes. Elle était fière que, sur un signe d’elle, au moindre de ses caprices, il abandonnât ses conquêtes ; mais le sentiment qu’elle éprouvait à son endroit se bornait là.
Aujourd’hui, peut-être parce que le mot de « fiançailles » touchait en elle quelque fibre inconnue, elle épiait son cœur avec inquiétude. Elle attendait plus encore un trouble, une fièvre, un état particulier qui ferait de cette soirée autre chose qu’une banale soirée mondaine, comme tant d’autres.
Faut pas m’en faire accroire. Tous ces jeunes, tous ces freluquets qui se prennent pour quelqu’un parce qu’ils ont un macaron brodé sur leur casquette… Mince de truc ! je ferais aussi bien qu’eux, moi, sur un coucou ! Heureusement, le papa Andrieux a du fric… et il peut remplacer tous ceux que ces sauvages ratatinent. A commencer par sa fille…
Quelle idée d’aller embrasser la dactylo du secrétariat alors que toutes les portes sont ouvertes et que tout le monde circule.