Remettre, toujours remettre... Et les contretemps !... Je connais la chanson. Nous ne pourrons plus faire un projet qui tienne debout tant qu’il y aura un téléphone dans la maison et des gens installés devant leur poste de T.V. Parbleu ! ils sont tranquilles, eux, incrustés dans de bons fauteuils et échangeant des commentaires en famille entre les séquences du programme. D’autres regardent l’écran de leur lit, couchés côte à côte et se tenant la main. Et moi, explosa-t-elle, je suis une marionnette dont on agite les ficelles, au gré et à la fantaisie d’un directeur d’émission... Je n’ai aucune vie intime, je ne sais jamais quand mon mari va rentrer et, lorsque par hasard il veut bien me consacrer une soirée, pan !
Attendre... toujours attendre... Même pas un coup de fil. Pas de message non plus.
La morne ronde des heures, des heures qui s’éternisent, dont s’étirent les quarts d’heure... les minutes... comme si le temps stagnait, devenait poisseux et endormi, tel une bête visqueuse qui a de la peine à se mouvoir.
Le travail d’un reporter de radio ou de T.V. n’a rien à voir avec celui d’un journaliste qui prend des notes sur des tablettes et va les téléphoner ensuite à son journal. Notre boulot est plus dynamique, plus effervescent... et quand on est mordu comme toi par le métier, on y échappe difficilement.
Je connais des cas où il y a eu de véritables problèmes entre les époux. Mais la plupart du temps, la première surprise passée, les choses s’arrangent d’elles-mêmes. On s’habitue à ces nouveaux traits, à cette figure transformée. C’est l’affaire de quelques jours, après le premier choc.
Pensez à ce que représente ce marché... Cuba est riche... le sucre... le café... le rhum... Quelles fortunes il y a ici !... L’île compte six millions d’habitants. Ah ! ils ne sont pas tous lettrés. Mais nous avons à Cuba quatre universités, vingt-trois facultés. Ça ne vous dit rien ? La France ne devrait pas négliger un tel foyer de civilisation. D’autant que nos voisins lui font une concurrence redoutable. Nous côtoyons les États-Unis, n’est-ce pas !... Si nous ne nous défendions pas, nous parlerions tous anglais...